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Lucio fait partie de ces propriétaires d’équipes qui vécurent auparavant dans les années 80 et 90 de belles aventures en tant que pilotes, comme Jorge « Aspar » Martinez, Fausto Gresini, Sito Pons, Luca Boscoscuro, sans oublier bien sûr Valentino Rossi et son fameux Sky Racing Team VR46. Cecchinello a disputé 149 Grands Prix, tous en 125 cm3, entre 1993 et 2003, auréolés de 7 victoires, 12 podiums et 3 pole positions. Son meilleur résultat a été la quatrième place en Championnat du Monde 125 en 2001.

L’année 1996 ouvrait une nouvelle perspective dans la carrière de Lucio qui prenait la décision de créer son propre team (LCR – Lucio Cecchinello Racing) et d’y avoir à la fois le statut de pilote et de team manager. Après avoir fait courir Casey Stoner, Alex de Angelis, David Checa, Roberto Locatelli, Mattia Pasini, Randy de Puniet, Carlos Checa, Eugene Laverty et Toni Elias, il accueille cette année Cal Crutchlow et Takaaki Nakagami.

A-t-il été difficile de remplir le double rôle de pilote et de gestionnaire ?

« J’y ai été un peu contraint. J’ai commencé à courir très tard parce que mes parents ne le voulaient pas, je suis arrivé en Championnat du Monde à 23 ans, sur des motos peu compétitives », a expliqué le manager basé à Monaco à Serena Zunino de Motosprint.

« Quand j’ai gagné le Championnat d’Europe en 1995 (devant Valentino Rossi, NDLR), j’ai eu la chance de revenir en Championnat du Monde avec des motos privées et avec une nouvelle aventure de mon cru, en espérant obtenir de bonnes pièces. Et c’est ce qui s’est passé. »

Comment se sont déroulés les débuts ?

« Nous avons commencé à trois : moi et deux mécaniciens avec un van. Et je le referais, car cela me donnait la chance d’apprendre un nouveau métier et de rester dans l’environnement que j’aimais. Il est également vrai que le manager a retiré au pilote beaucoup d’énergie psychophysique et de concentration. »

Qu’ont dit vos parents ?

« Au départ, ils étaient absolument contre, craignant les conséquences d’éventuels accidents. À l’époque, ils avaient la perception du motocyclisme des années 60 et 70, qui était très dangereux. Ils ne m’ont apporté aucune aide et les désaccords ne manquaient pas. Lorsque les premiers résultats ont commencé à arriver, ils se sont calmés. En fait, le titre européen les a rendus fiers. »

Avec quel pilote avez-vous partagé votre vision de la course ?

« Noboru Ueda. Nous avons toujours eu une bonne relation. Il était dévoué au travail et comprenait l’importance d’être très coopératif avec les sponsors. Lorsque nous courions ensemble et qu’il y avait une pause, nous ne sommes jamais partis en vacances. Je me souviens qu’une année, le 15 août, nous étions au bureau pour travailler, mais nous nous sommes amusés. Nous avons passé des heures à étudier la télémétrie, à discuter de la façon dont nous pourrions modifier le châssis. Je me souviendrai des trois saisons avec lui pour le reste de ma vie, elles m’ont tellement aidé à devenir compétitif. Contrairement à Stoner, j’avais peu de talent. Mais j’avais un énorme désir de travailler. »

Y a-t-il un autre pilote avec lequel vous auriez aimé travailler ?

« J’aurais aimé travailler avec Nicky (Hayden). Je l’ai toujours considéré comme un pilote rapide. Son niveau de talent n’était pas aussi bon que celui de Stoner, mais il avait un grand désir d’y arriver. A ma manière, je me suis reconnu en lui. Quand il n’a pas renouvelé avec Ducati fin 2013, avant qu’il ne rejoigne l’équipe de Martinez, nous nous sommes parlé. J’étais déjà lié contractuellement à Stefan Bradl cette année-là, mais pendant quelques semaines, j’ai rêvé d’avoir deux pilotes. »

Vous avez gagné trois GP avec Cal Crutchlow*, un pilote avec lequel la relation a duré plus de cinq ans.

*Brno et Phillip Island 2016, Argentine 2018.

« D’un point de vue personnel, Cal est exceptionnel avec les personnes qui sont dans son entourage. Il est attentionné, il est gentil, il est poli, il est serviable, il plaisante, c’est une personne très gentille. Mais si vous n’entrez pas dans son cercle, il garde ses distances, il semble froid, indisponible, peu affable, il peut même paraître vantard. Il met un certain temps à s’habituer à vous. Il a une très bonne relation avec toute l’équipe. »

« D’un autre côté, c’est aussi un enfant pestiféré, il vous « tire les vers du nez » parce qu’il aime le faire, et ensuite parce que tout ce qu’il peut éviter de faire, il ne le fait pas, comme peut-être la séance publique d’autographes. Je parle à l’extérieur, bien sûr, de ce qu’est son travail. »

« Dans les stands, il fait un excellent travail pour le HRC, nous sommes très satisfaits de la façon dont il développe la moto et dont il effectue les tests. Ce n’est pas un hasard si le HRC lui a offert la possibilité de renouveler son contrat avec la moto officielle pendant toutes ces années. »

Honda se bat pour le titre depuis des années seulement avec Marc Márquez, que faut-il pour que les autres pilotes digèrent la RC213V ?

« On parle beaucoup de la difficulté à piloter la Honda, mais cela arrive parce que les comparaisons sont faites avec d’autres motos, notamment la Yamaha et plus récemment la Suzuki. Ce sont deux écoles de pensée différentes. Yamaha et Suzuki ont un moteur à quatre cylindres en ligne, autour duquel on peut construire un châssis et gérer, d’une certaine manière, tout l’effet gyroscopique des masses en rotation. »

« D’autre part, dans le moteur en V que possèdent Honda, Ducati, KTM et Aprilia, on ne peut pas construire le même châssis et donc on n’a pas le même effet au niveau dynamique. Les fabricants qui utilisent des moteurs en V préfèrent la puissance maximale, au détriment de ce qui peut être le confort de conduite de la moto. Honda a fait beaucoup de travail au fil des ans, en particulier sur la partie moteur, maintenant nous devons travailler davantage sur le châssis, et… nous avons quelques idées ! »

Photos © LCR et Motogp.com / Dorna

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