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Ce samedi 5 mars 2022, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis le Circuit de Lusail à Doha, à l’issue de la deuxième journée du Grand Prix du Qatar 2022.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français qui a connu une métamorphose aujourd’hui et ne doit qu’à un drapeau jaune le fait de partir loin sur la grille demain.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).


Johann Zarco : « Dommage, mais une bonne journée car je ne m’attendais pas à avoir une bonne amélioration comme celle-là sur la moto, et un bon feeling pour contrôler beaucoup de choses ! J’étais donc heureux de ça : j’ai fait le boulot ! On a vraiment trouvé ce qu’il manquait, et on l’a bien fait, ce qui est le côté très positif de la journée. Après, il manque toujours quelque chose dans l’attaque du chrono, même en FP3 : je ne suis pas très satisfait dans les conditions chaudes. Après la FP4, j’avais confiance de pouvoir faire une bonne amélioration et je l’ai tout d’abord faite avec le 53.7, puis avec le 53.4, mais j’ai vraiment pris un grand risque pour faire seulement un tour. Mais comme je n’étais pas encore sûr de ce que je pouvais gagner avec le pneu tendre neuf, je ne voulais pas être dérangé par les autres et c’est pourquoi j’ai vraiment utilisé ce dernier moment, afin d’être certain que personne n’attendrait, ce qui aurait pu déranger la concentration. Au final, le chrono a été bon. En FP4, j’avais un bon rythme puis le chrono a également été là. C’est pourquoi la journée a été positive, et c’est dommage de partir loin à cause de ce qui s’est passé. Mais je pense que quoi qu’il en soit c’est un bon exercice pour demain, afin de travailler sur ce que je veux améliorer. Donc on va prendre ça avec calme, essayer de pouvoir dépasser, puis contrôler la course avec le rythme et voir, si j’ai le rythme, si je peux remonter sur les gars de devant pour pouvoir me battre. Mais si je dois progresser, c’est typiquement la place qui m’incitera à faire cette progression (rires). Je dirais que je prends ça avec calme, que je retiens le bon travail effectué, mais que côté performance pure la position est triste. »

Est-ce que cette position sur la grille va vous inciter à changer votre choix de pneus ?
« Non. La position sur la grille ne changera pas le choix de pneus. Je dois encore discuter avec les techniciens mais d’après ce qu’on a pu voir en FP4, nous pouvons avoir confiance dans le pneu tendre. Je pense que cela peut être une bonne option et une bonne option pour beaucoup d’autres pilotes aussi. Question stratégie de course, je pense que la situation au Qatar est que personne ne pourra aller très vite et essayer de s’échapper car ce serait un gros risque de brûler complètement le pneu. Cela peut me donner une chance d’avoir le temps de remonter sur la tête, si mon feeling est bon. »

L’année dernière, vous n’êtes jamais parti plus loin que la 10e place. Vous souvenez-vous de ce qu’il faut faire en partant loin derrière ?
« C’est bien de me rappeler que je commence la saison de façon bien pire que l’année dernière (rires) ! Non, cela ne change rien au mental. Je veux vraiment améliorer cette approche concernant certaines situations entre les essais et la course, et c’est le genre de position qui peut me pousser à travailler une approche différente. Ne pas me stresser si je pars loin voudrait dire que je suis dans : non ! J’ai vraiment pu avoir le feeling aujourd’hui, et je devais simplement mettre tous ensemble pour passer en Q2 et avoir ensuite une bonne qualification. Cela fait partie du jeu mais je sais que cela ne change pas grand-chose. C’est un challenge que je suis prêt à relever. »

Avec une grille aussi serrée que cette année, cela peut arriver à n’importe quel autre. Cela fait-il aussi partie des choses à intégrer pour rester calme cette saison ?
« Clairement, oui ! Il est très difficile de contrôler chaque weekend de course car tout le monde a le potentiel d’être très rapide. Même cette Q2, elle a été fantastique ! Le chrono de Pecco était super mais il est neuvième ! Ce sera le côté difficile de la saison mais il semble que cela va aller de plus en plus dans cette direction. C’est bien pour le spectacle mais très intense pour les sportifs. »

Les autres pilotes Ducati se plaignent d’un manque de stabilité dans les virages rapides à gauche, en particulier au #11. Pensez-vous que Ducati a un peu sacrifié la stabilité pour permettre à la moto de bien tourner ?
« Ils essaient de travailler sur les deux choses. Avec le vent, il y a certains endroits où on se sent bien et d’autres moins. Pour moi, le virage 11 n’est pas un gros problème et parfois on perd peut-être plus la stabilité de la moto sur les bosses. C’est pourquoi il peut y avoir un feeling différent. Mais non, Ducati essaie d’avoir une meilleure maniabilité mais on ne perd pas trop en stabilité. La moto fonctionne bien, le feeling est bon. »

Peut-on parler de sentiments mitigés ce soir, entre ton bon chrono en Q1 et ta mauvaise position sur la grille ?
« Oui, parce que c’est un beau travail. Le côté positif, c’est d’avoir progressé plus que ce que je le pensais. Je ne m’attendais pas à avoir d’aussi bonnes sensations, parce que c’était vraiment agréable d’avoir cette gestion, ce contrôle de la moto et de pouvoir performer quand c’était nécessaire. Ensuite, les circonstances ont fait que je pars treizième, mais c’est presque un challenge pour m’obliger à avoir une approche différente un peu sur la perf pure, et donc me concentrer plus de faire un bon travail pour devenir de plus en plus fort tout au long de la saison. Et tout au long de la course, pouvoir mieux gérer des courses. Donc c’est presque une manière forte et une manière dure de bosser ça. Il faut le prendre pour que ça reste positif, et comme on l’a dit juste avant, le fait que tout le monde soit rapide, même Fabio, c’est rare de ne pas le voir en Q2 directement. Pareil, si mon tour se terminait, c’est lui qui était recalé en Q1 et ne passait par en Q2. Ça peut arriver à beaucoup de pilotes et ce sera ça qui sera difficile cette année, d’où la capacité à savoir prendre du recul et ne pas se stresser si la perf n’est pas là, parce que ça ne veut pas dire que le travail n’est pas bon. »

Jack Miller a dit qu’il pensait que Suzuki avait gagné 30 chevaux cet hiver…
« En chevaux, c’est dur à dire mais 30 ça fait quand même beaucoup (rires). Il serait passé de 270 300 chevaux ? Je ne sais pas. Ils ont peut-être enlevé un segment au piston (rires), je ne sais pas. Il a fait du Miller, quoi : il annonce 30 chevaux mais lui il conduit des tracteurs, donc ça ne lui fait pas peur les chevaux. Mais oui, c’est assez surprenant, et là, en troisième et quatrième, ils s’accélèrent très fort. Ils arrivent à passer la puissance : ils n’ont peut-être pas toute la puissance que l’on a en sixième, mais comme ils arrivent à partir fort sur les petits rapports, ils conservent cette vitesse. »

Jorge Martin commence fort ce weekend : le vois-tu capable de rester longtemps en haut cette saison ?
« Je pense, oui, parce que d’avoir déjà cette capacité de sortir des chronos de folie, parce que là il était bien, bien, bien, et il a fait un secteur quatre incroyable. Donc il a cette fougue et quand on arrive à se placer sur la première ligne quasiment tout le temps, puisque là ça lui fait deux pole d’affilée, Valencia et cette course là, ça aide beaucoup en course. Et c’est pour ça qu’avoir ensuite son feeling en course et sa gestion des pneus, il a déjà su le faire : il a mené en Autriche il a fait une très belle course à Valencia. Il a la niaque pour le faire mais est-ce qu’il y a toute la tête ? Ça semble, oui, mais pour l’instant je pense que c’est plus une preuve de niaque, parce qu’en fait c’est ça qu’il faut, et c’est pour ça qu’à 20 ans ça gaze. »

C’est toi qui as la meilleure moyenne sur les cinq meilleurs chronos de la FP4 : que peux-tu viser sur la course ?
« C’est là où, en ayant un départ correct et ensuite en restant zen… parce que là, l’avantage ici au Qatar, c’est possible que personne ne s’échappe. Du coup, ça peut me laisser le temps de remonter. Si j’arrive à faire ça, ça sera une image d’une course que j’aurais rarement fait, et si je peux faire ça, peut-être que ça peut m’apporter beaucoup pour le reste de l’année. Vu le rythme, oui, si le rythme est le même, j’ai des chances de revenir dans le top cinq pour la course de demain. On verra les conditions. »

Tu es le seul pilote Ducati à être résolument optimiste avec la nouvelle moto. C’est ton coaching mental personnel qui te fait parler comme ça ?
« Non, parce que là je vois que simplement par des réglages, pour moi ce n’est quasiment pas la même moto du vendredi au samedi. Je suis donc persuadé que quand on trouve les bonnes petites choses, la moto se comporte très bien. Donc simplement les nouveaux changements peuvent apporter plus de potentiel, avec peut-être plus de difficultés à régler, mais c’est dur à dire parce que ça va tellement vite que c’est compliqué. Et je respecte peut-être trop le travail à la fois des mécanos et des ingénieurs pour dire que ce qu’ils font ne marche pas. Mais ça, c’est parce que je vois ce qu’ils font, et je reste impressionné de toute ces évolutions sur lesquelles ils travaillent. Voilà, comme je me remets beaucoup en question moi, je ne peux pas dire simplement « non, la nouvelle moto ne marche pas ». J’essaie toujours de mieux faire moi, mais là aujourd’hui c’est une belle preuve de ce que je pouvais ressentir : avec des petits réglages, je ne suis plus le même homme ! »

Classement de la Qualification du Grand Prix MotoGP du Qatar sur le circuit de Losail/Lusail : 

Crédit classements : MotoGP.com

 

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