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Japonais

Le Japon est l’un des grands pays du sport moto. Au-delà de l’histoire de ses constructeurs, l’archipel nous a fourni des pilotes de grand talent, d’Hideo Kanaya à Tadayuki Okada en passant par Shinya Nakano. Mais depuis quelques années, l’absence des Japonais se fait sentir. Le vivier reste toujours plus important que dans l’Hexagone, d’accord, mais il y a tout de même de quoi s’inquiéter. Un tour d’horizon s’impose.

Pour rappel, cette chronique ne reflète que la pensée de son auteur. Il s’agit d’un avis subjectif qui n’engage pas l’opinion de l’ensemble de la rédaction Dans cet article, je vais évoquer tous les Japonais actuellement présents en Grands Prix et leurs chances de subsister au plus haut niveau.

 

Takaaki Nakagami

 

Sorte de leader de cette génération, la carrière de Takaaki Nakagami tient malheureusement plus à sa nationalité qu’à son talent. Après un passage correct en Moto2, tout au plus, Taka’ a franchi le pas en MotoGP grâce à son sponsor, Idemitsu. L’entreprise nippone finança une deuxième machine chez LCR Honda, qui, auparavant, n’en possédait qu’une seule. Encore aujourd’hui, Nakagami arbore le rouge et le blanc.

 

 

Takaaki est proche de la fin de carrière. je ne le vois plus progresser, du tout, et n’incarne pas le moins du monde la fougue japonaise. À 32 ans, il a accumulé les saisons décevantes depuis sa percée en 2020 marquée par une pole position. Réservé et désormais très critique de Honda, je l’imagine bientôt destitué de sa place dorée.

 

Ai Ogura

 

Japonais

Ai Ogura n’est plus à son vrai niveau, mais peut encore revenir cette saison. Photo : MT Helmets MSi

 

Voici le deuxième Japonais en vogue ces derniers temps. Il s’en est passé depuis qu’il jouait le titre Moto2 en 2022 face à Augusto Fernandez. Suite à une bourde générationnelle dans cette quête pour la couronne en Malaisie, il s’est blessé, et met du temps à revenir au plus haut niveau. On voyait en lui le remplaçant de Takaaki Nakagami en MotoGP, mais son chemin s’éloigne progressivement de Honda. Désormais, il a quitté le fameux « Honda Team Asia », installé en Moto2 et Moto3 pour mettre en valeur des talents asiatiques mais surtout japonais.

Il évolue au sein de la toute nouvelle équipe Moto2 MT Helmets MSi, et se plaît sur la Boscoscuro. À déjà 23 ans (donc plus tout jeune), il figure à la sixième place du général après une belle quatrième position au Qatar. L’espoir renaît, mais une fois de plus, son coéquipier le devançait. Il n’a plus triomphé depuis le Grand Prix du Japon 2022 ; hormis chez LCR pour un retour avec Honda, il aura du mal, à mon humble avis, à se faire une place chez les grands.

 

Ayumu Sasaki

 

Le vice-champion Moto3 2023 est le seul autre Japonais en catégorie intermédiaire. Je n’ai jamais été fan de ce pilote. Assez brouillon hormis en qualifications, il ne m’a absolument pas convaincu la saison passée, son année référence. Jouant l’épicier malgré lui, il n’arrivait pas à s’affranchir d’une concurrence pourtant à portée de sa machine, et a passé l’intégralité de l’année à se faire dépasser dans les derniers instants. Ironiquement, son seul succès est venu lors de la dernière manche, alors que son rival Jaume Masia était déjà titré.

À la surprise générale, il est passé en Moto2 alors qu’il ne comptait qu’une seule véritable saison intéressante en Moto3. Le voilà désormais au sein de la structure Yamaha VR46 Master Camp, un team monté de concert par Yamaha et la marque VR46 pour promouvoir les jeunes talents et en particulier les Japonais. Ayumu Sasaki compte deux abandons en deux courses jusqu’à maintenant. Il faut d’ores et déjà se ressaisir car à 23 ans, lui aussi, Sasaki bénéficiera d’une fenêtre de tir encore plus restreinte s’il veut prétendre à de meilleures équipes. Personnellement, je n’y crois pas trop. Mais j’espère qu’il me fera mentir.

 

Japonais

Sasaki lors des essais hivernaux à Jerez. Photo : Yamaha VR46 Master Camp

 

Taiyo Furusato

 

Voici un Japonais que j’aime beaucoup. Furusato ne paye pas de mine, mais au sein du team Honda Asia en Moto3, il est loin d’être ridicule. Il a déjà 18 ans, certes, mais ne fait que progresser depuis ses débuts en 2022. Il est passé de deux points marqués cette année-là à 63 en 2023. Pour cette saison 2024, il est déjà monté sur le podium au Qatar à la suite d’une très belle performance face à des monstres, mais a subi les affres de la course au Portugal.

Furusato, bon sous la pluie, est le spécialiste pour rater ses essais, se retrouver en Q1, et finalement se qualifier en Q2. Il a du caractère, est bon en bataille, et mène largement ses compatriotes au classement général. Sans aucun doute, il est à surveiller même s’il n’a pas la magnitude d’un Daniel Holgado ou d’un David Alonso.

 

Taiyo Furusato, n°72, est à surveiller de près. Photo : Honda Team Asia

 

Tatsuki Suzuki

 

Oui, on a l’impression qu’il est là depuis 15 ans et pourtant, son début d’exercice 2024 n’est pas ridicule. Son âge (26 ans) et son évolution de carrière montrent clairement qu’il est sur le déclin. Triple vainqueur en Grands Prix, Tatsuki a connu une expérience calamiteuse avec Honda Leopard Racing en 2023 malgré une victoire sous la pluie en Argentine. Par deux fois, il dut abandonner son poste pour blessure. Remplacé par Adrian Fernandez, il n’eut d’autres choix que de prendre la place vacante laissée par Sasaki chez Husqvarna Intact GP.

Alors qu’on le pensait terminé, il s’empara de la septième position au Qatar avec le meilleur tour en course, et la 13e place au Portugal. Rien d’exceptionnel en soi, mais toujours mieux que l’an passé. Il a du talent, mais à mon avis, la limite d’âge dans la petite classe fixée à 27 ans va mettre fin à sa carrière internationale, car le passage en Moto2 pour les vétérans du Moto3 n’est jamais très convaincant.

 

Tatsuki Suzuki dans ses œuvres. Photo : Intact GP

 

Ryusei Yamanaka

 

Plus qu’un. Vous vous rendez compte : il n’y a que six Japonais en Grands Prix. Ils étaient 17 il y a 20 ans. Et Yamanaka n’est pas celui qui devrait sauver cette génération, sauf miracle. Attention : il est loin d’être mauvais, et capable de fulgurances. Je ne parle pas de son soleil réalisé à Valence il y a quelques années. Mais bien de sa capacité à se projeter devant, à rester dans le bon groupe.

Son problème est simple. À 22 ans, il a déjà écumé les meilleures formations, celles qui gagnent tout le temps, sans succès. Chez Estrella Galicia 0,0 (Alzamora), il n’a rien fait. Chez Aspar, non plus. Au final, en quatre saisons complètes, il ne compte toujours aucune victoire, aucun podium, et aucune pole. De plus, lui qui ne tombe que très rarement (aucune chute en 2023) compte déjà deux résultats blancs en 2024, en autant de courses. Il y a fort à parier que KTM MT Helmets MSi, chez qui il était déjà en 2022, ne voit pas ceci d’un très bon œil. Je pense donc que c’est un peu court pour prétendre à mieux, ne serait-ce qu’à un bon guidon en Moto2.

Pour conclure, je dirai que le Japon n’est pas dans une très bonne posture, et que je ne vois aucun substitut sérieux à Takaaki Nakagami, ce qui veut dire beaucoup.

Qu’en pensez-vous ? Dites-le moi en commentaires !

 

MT Helmets MSi, la dernière chance pour Ryusei Yamanaka ? Photo : MT Helmets MSi

 

Photo de couverture : LCR Honda

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