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Jorge MotoGP Martín

Quel rebondissement. Le Grand Prix du Qatar est assurément l’un des plus gros « twists » de ces dernières années, et pas dans le bon sens du terme. Jorge Martín, qui semblait devenu favori au titre MotoGP pour beaucoup, s’est écroulé durant la course à cause d’un mauvais pneu. Pecco Bagnaia, lui, en a profité pour marquer les points de la deuxième place, ce qui scelle, en partie, cette saison 2023. Détaillons les enseignements de cette manche en deux points distincts.

 

« Tout ça pour ça »

 

C’est la première pensée qui m’est venue à l’esprit. L’une des saisons les plus serrées du MotoGP moderne se décide sur une gomme défectueuse. Alors que la DORNA tentait désespérément de nous vendre une bataille pour le titre haletante, à coups de photos à côté du trophée sur le toit d’un building, voilà comment ça se joue. Cela n’aide pas le spectacle, c’est une certitude, déjà que les deux prétendants ne semblaient pas vraiment préoccupés par l’obtention du Graal. Les deux s’entendent toujours bien. Pecco Bagnaia reste impassible en toute circonstance, même après une chute, et Jorge Martín l’a encore congratulé après s’être pris sept secondes dans la vue à Sepang. Soit.

 

Jorge MotoGP Martín

Le Martinator en déroute, après une très belle victoire lors du Sprint le samedi. Il y a de quoi être vert. Photo : Michelin Motorsport

 

Même si je n’étais pas aussi excité à l’idée d’une finale à Valence qu’en 2013 ou 2015, deux énormes saisons marquées par de vraies rivalités et une tension latente, j’en attendais quand même plus. Car on ne va pas se mentir ; il faudrait un miracle pour que Jorge Martín renverse la situation lors de la dernière manche. Avec 21 points à rattraper, il faudrait donc que Pecco Bagnaia chute sur au moins l’une des deux courses, alors que le « Martinator » doit tout gagner. Nous allons suivre cette finale avec la plus grande attention mais dire que le suspense en est absent est un doux euphémisme. Ceci dit, l’histoire nous a déjà montré que c’était possible. Personne ne s’attendait à voir un Nicky Hayden titré fin 2006, et pourtant. Mais autant ne s’attendre à rien pour être surpris dans le bon sens, car l’histoire, aussi belle soit-elle, ne nous doit rien.

 

Jorge Martín n’a pas tout dit

 

Maintenant, revenons sur le Grand Prix du Qatar. Sans surprise, les commentaires complotistes n’ont pas tardé à fleurir sur internet. Est-ce si étrange que le « Martinator » peine à ce moment là précisément ? À vrai dire, ces remarques auraient émergé peu importe l’issue favorable à Bagnaia, hormis un finish sur la ligne à Valence. Mais pourtant, il n’y a rien à signaler. Jorge n’a pas été le seul à galérer avec ses pneus ; Franco Morbidelli connut le même sort, exactement comme Raúl Fernández.

 

 

Le titre de cet article ne visait pas qu’à faire un mauvais jeu de mots ; son interview d’après-course m’a grandement inspiré. Aux micros de Canal +, il se livra avec amertume sur sa contre-performance. Bien sûr, je sais que c’est difficile pour les athlètes de s’exprimer juste après la désillusion d’une vie, mais tout de même, cela n’enlève rien à ses propos. Et pour moi, il a tort.

Déjà, il a insinué être « le seul à glisser en ligne droite » à l’extinction des feux, ce qui n’est pas vrai. D’autres, à l’arrière, ne sont pas bien partis, et d’ailleurs, Jorge Martín galérait avec ses essais de départ depuis le début du week-end. Beaucoup, comme Marc Márquez et Maverick Viñales, pour n’en citer que quelques uns, avaient exprimé leur mécontentement concernant la dangerosité de la piste à cet endroit précis dès le vendredi. Le pneu a joué contre Jorge, c’est évident. Mais sur une ligne de départ glissante au possible, il faut aussi souligner l’excellent envol de Pecco Bagnaia, l’un des meilleurs de la saison avec celui du « Martinator » lors du Sprint en Indonésie.

 

Jorge MotoGP Martín

Étrangement, le fait que Marc Marquez n’ait pas attaqué pose beaucoup moins de problèmes qu’en 2015… Photo : Michelin Motorsport

 

Puis, il poursuivit : « Je pense que le championnat s’est joué ici, à cause d’un mauvais pneu » confia-t-il, amèrement. Et là, je pense qu’il est dans le faux. Déjà, il n’est pas encore joué. Il reproduit l’erreur sémantique de Fabio Quartararo avant la finale à Valence l’an dernier, acceptant déjà d’être battu. Mais difficile de lui jeter la pierre, il est toujours périlleux de s’exprimer, à chaud, dans une langue qui n’est pas la sienne. Ensuite, sur le fond ; je peux affirmer que le championnat ne s’est pas joué ici, et j’ai l’impression qu’à travers cette affirmation, il se dédouane de ses précédentes erreurs.

Nous y reviendrons plus en détail après la fin de saison, mais la couronne s’est davantage jouée en Indonésie, quand Martín a gâché 25 points en chutant depuis la tête. Ou en Australie, quand il était en mesure de gagner – je continue de le penser – si ce n’était pour un pari audacieux concernant le pneu arrière. De manière générale, il est toujours fallacieux d’attribuer la perte d’un titre à un événement sur lequel un pilote n’a pas le contrôle. À défaut d’être vrai, c’est toujours plus facile. Là, il ne pouvait rien faire de plus. En revanche, ailleurs, il le pouvait ; c’est sans doute là que ça s’est décidé.

Qu’avez-vous pensé de ce Grand Prix du Qatar ? Fut-il à la hauteur d’une saison de ce calibre ? Dites-le nous en commentaires !

 

Même de la deuxième place, voilà le grand vainqueur de cette course. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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