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Il était spécial. Ses batailles avec Shinya Nakano font partie de l’histoire, mais Olivier Jacque reste encore trop souvent oublié à l’heure de parler des pilotes nous ayant fait vibrer. Retour sur les plus belles lettres qu’il écrivit. 

Il est difficile de décrire un pilote de ce type. Disons que certains pilotes moto gagnent des courses avec la manière : “OJ” courut toute sa vie avec la manière, peu importe le résultat. D’abord pour son titre 250cc en 2000 : Il se joue à la dernière course de la saison, à Philip Island. Rappelez-vous : Jacque est derrière son coéquipier Shinya Nakano après une course acharnée. Les deux pilotes Tech3 emmènent leurs Yamaha YZR250 à la limite, et dans le dernier tour, la tension est au maximum.

 Le japonais ressort en tête du dernier virage à gauche, mais Jacque privilégie la sortie : à l’aspiration, tête dans la bulle, il vient chercher son titre sur la ligne, pour un centième de seconde ! La France au firmament. Cette couronne historique est restée dans toutes les mémoires, et ainsi s’entérina la légende « Jacque Attack ».

Arrivé en catégorie reine, toujours chez Yamaha Tech3, il s’acclimate assez vite à la catégorie. Toujours à l’attaque, il chute beaucoup, mais trouve le moyen de faire une belle cinquième place en grande Bretagne. En 2002, il court sur une YZR500 deux temps alors que les cadors étaient passés au 990cc 4-temps. Après un début de saison en dent de scie, arrive le Grand Prix d’Allemagne au Sachsenring. Jacque est très à l’aise, et choque en prenant la pole position devant tous les ténors de la catégorie !

Jacque était cet éternel outsider, celui que personne n’attendait. Le dimanche, il se transcende. Il joue dans la cour des grands en bataillant avec les meilleurs pilotes du monde, mais alors qu’il menait la course, devant les Rossi, Ukawa, Biaggi et autres Checa, Alex Barros alors deuxième tente un dépassement impossible à l’intérieur au premier virage, perd l’avant et embarque Jacque. Même si il est tombé, il nous a rendu fier ce jour là. Un frenchie, avec une moto qui rendait 10 km/h dans la petite ligne droite des stands, avait tenu tête aux plus grands, dans un team français. OJ avait perdu la course, mais gagné le respect de tout le monde.

Vient la saison 2003, avec une belle performance sur le circuit Bugatti, « à la maison » et quelques autres quatrièmes et cinquièmes places glanées ici et là. Mais le manque de régularité le poussera à la porte du MotoGP, sans guidon pour 2004. Il effectue deux courses pour Moriwaki, des essais sans grands résultats et puis s’en va. Mais l’on parle d’OJ ! Ça ne peut pas finir comme ça ! Alex Hoffman peine depuis trois ans avec sa Kawasaki ZX-RR, ne glanant aucun résultat. Blessé, il faut un remplaçant. Kawasaki, qui connaît le potentiel du français, appelle Jacque pour deux grands prix en Chine et en France.

Sans trop connaître la monture, en découvrant les pneus Bridgestone ainsi que le circuit de Shangaï, « Jacque Attack » réalise la course de sa vie sous un déluge impressionnant. Il termine deuxième derrière Valentino Rossi non sans avoir passé Gibernau et consort, pilotant sur des machines bien supérieures. Toujours modeste et humble, il reconnaît que « The Doctor » était le plus fort. Jacque représentait le panache, l’envie, le culot. À la française. C’était ça, un héros que les statistiques ne décrivent pas, mais un pilote que l’on portait tous très haut dans nos cœurs.

Aujourd’hui, qui peut dire qu’il n’aimait pas Olivier Jacque. Toujours à 100%, qui ne lâchait jamais rien, capable d’exploits comme de courses moyennes. Jacque nous a tous dessiné un sourire sur le visage au moins une fois, un rire excité, en se disant : « il ne va quand même pas faire ça ? ». Et ça, ça vaut tous les trophées du monde.