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Hervé Poncharal, merci de nous recevoir virtuellement à votre domicile où vous êtes confiné pour répondre à nos questions. La première concerne l’aide apportée par l’IRTA, dont vous êtes le président, aux teams Moto2 et Moto3 (voir ici). Mais quid des MotoGP ?

Hervé Poncharal : « effectivement, à ce jour, les équipes Moto2 et Moto3 ont reçu une enveloppe financière de l’IRTA (International Racing Teams Association). L’IRTA a été créé en 1986 et disposait d’une petite trésorerie qui s’était accumulée au fil des années, donc en accord avec Mike Trimby, on a décidé de diviser cette somme par 30 pour les 15 team Moto3 et les 15 teams Moto2. On a pu le faire rapidement puisque cet argent était disponible même si nous sommes dans une situation à laquelle nous n’avions jamais été confrontés depuis 1986, la création de l’IRTA. Avec Mike, on a pensé que c’était bien de pouvoir remettre cet argent, qui appartient à tout le monde, en circulation, en enveloppes absolument équivalentes pour les teams Moto2 et Moto3. Ils ont donc effectivement déjà reçu une petite aide financière qui va leur permettre de faire face aux dépenses obligatoires pour garder leur société à flot et en vie. Ça ne suffira certainement pas pour aller jusqu’à la fin de l’année, mais on essaie d’éteindre le feu avec les moyens qu’on a et d’avancer au jour le jour, en attendant de voir comment la situation globale évolue. »

« Les teams MotoGP, c’est une problématique beaucoup plus importante parce que, évidemment, les sommes en jeu ne sont pas les mêmes puisque les budgets et les masses salariales y sont beaucoup plus importants. Il suffit de penser aux frais déjà engagés pour les essais hivernaux à Valence, à Jerez, à Sepang et au Qatar pour s’en rendre compte, et on se retrouve à une période de l’année où notre trésorerie est au point le plus bas. Ce sont des sommes importantes, et là, nous sommes en discussion avec la Dorna pour pouvoir trouver une solution et avoir une enveloppe qui nous permettrait de faire face au moins à la masse salariale, même si on est en train d’essayer de trouver des solutions avec nos salariés pour les garder. Après, c’est compliqué parce qu’il y a des locations d’ateliers, de bureaux, des leasings sur les camions et toutes ces choses qui continuent à devoir être payées, mais ce sont à ces frais là que l’on essaie de faire face. Certaines équipes ont des trésoreries un petit peu meilleures que d’autres mais en tout cas je pense que personne n’est capable d’aller sans aide extérieure jusqu’à août ou septembre. Donc c’est vital pour les équipes et je pense que la Dorna et Bridgepoint (ndlr : le fond de pension à qui appartient Dorna Sports) ont très bien compris que la force de la grille, c’était bien évidemment les structures qui la composaient. Pour certaines, ce sont des sociétés qui sont là depuis très longtemps, comme par exemple Tech3 depuis plus de 30 ans. Beaucoup d’autres équipes sont peut-être moins âgées mais en tout cas ont plus que deux décennies derrière elles, et on ne remplace pas de telles équipes comme ça du jour au lendemain, par des nouveaux venus qui partent de zéro, à moins d’être Petronas avec des moyens quasiment illimités. Mais des équipes comme ça, il n’y en a pas des millions. »

« Donc les équipes Moto2 et Moto3 ont eu un support financier pour les aider à faire face au futur proche, et on est en discussion avec la Dorna pour les équipes MotoGP, qui n’ont rien reçu aujourd’hui. »
« Ce qu’il faut qu’on arrive à trouver avec tous les autres patrons d’équipe, c’est une somme qui couvre les besoins pour tout le monde et qui soit la même pour tout le monde, parce qu’il n’est pas question qu’il y ait de différentiel. On est donc en train de voir la capacité qu’à la Dorna de faire face à cette enveloppe d’un minimum garanti qu’on essaie de faire le plus bas possible, mais qui permettra de faire face aux coûts déjà engagés et qui sont de toute façon dus. Et si ils ne sont pas capables d’y faire face, nos sociétés vont tout simplement disparaître et fermer. Pour le moment, on anticipe un accord d’ici une petite semaine et un premier versement, si accord global il y a, qui devrait intervenir autour du 10 avril. »

Ces négociations dont vous nous parlez concerne-t-elle uniquement les teams indépendants ou également les teams d’usine ?

« Uniquement les teams indépendants ! Les teams d’usine ont des problématiques complètement différentes, et on ne peut pas comparer Tech3, LCR ou Pramac avec Honda Motor ou Yamaha Motor. Ce dont je vous parle concerne donc uniquement les teams indépendants mais il y a évidemment des discussions en parallèle avec les six usines engagées, menés par Carmelo Ezpeleta, car les équipes indépendantes doivent faire face à la location de leur moto et que les échéances sont déjà tombées. Donc il faut trouver une solution pour savoir si on les honore ou si on ne les honore pas, et si les contrats qui lient les équipes indépendantes à leur constructeur sont toujours valides. Est-ce qu’on peut repousser tout ça ? C’est évident que les constructeurs ont engagé des frais en faisant de la recherche-développement durant tout l’hiver et en construisant les motos avec leur stock de pièces détachées. Donc eux aussi ont eu beaucoup de dépenses, depuis le dernier Grand Prix jusqu’à aujourd’hui. »
« Il y a donc des discussions entre chaque équipe technique, chaque team indépendant et son constructeur, et bien évidemment entre tous les constructeurs, réunis dans la MSMA, et la Dorna. »

 

 

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