pub

C’est depuis le centre de rééducation de Hyères, près de Toulon, que Gilles Stafler, le patron de l’équipe Webike SRC Kawasaki France Trickstar, a suivi les 43e 24H Motos du Mans à la suite d’un infarctus. Sa situation médicale s’améliore nettement actuellement, bien aidée par la superbe deuxième place obtenue par Jérémy Guarnoni, David Checa et Erwan Nigon dans la Sarthe, qui a assuré l’actuelle cinquième place provisoire du team, à 7 points du deuxième.

Le Suzuki Endurance Racing Team, 3e des 24 Heures Motos avec Étienne Masson, Gregg Black et Xavier Siméon, est leader du Championnat du Monde avec 127 points devant  le F.C.C. TSR Honda France (avec Josh Hook, Freddy Foray et Mike di Meglio) et ses 87 points. Viennent ensuite en troisième position Marvin Fritz, Niccolò Canepa et Karel Hanika pour le YART Yamaha avec 82, le BMW Motorrad World Endurance Team (Kenny Foray, Ilya Mykhalchyk et Markus Reiterberger) également avec 82, puis à la cinquième place l’équipe Webike SRC Kawasaki France Trickstar a fait une très belle opération au Mans. La 2e place de Jérémy Guarnoni, Erwan Nigon et David Checa lui a assuré la cinquième place provisoire avec 80 points.

Vous êtes actuellement nombreux à nous demander des nouvelles de Gilles, qui a accepté très sympathiquement de faire le point pour vous avant la finale du Championnat du Monde qui aura lieu le 26 septembre (Attention ! C’est un samedi).

Comment se sont déroulées pour toi les 24 Heures ?

« Ça a été très compliqué pour moi. J’ai essayé de suivre le live timing (chronométrage en direct) pendant la semaine. J’ai vu qu’il y avait beaucoup de difficultés, comme par exemple adapter la moto aux Michelin comme ça, en très peu de temps. »

« J’ai constaté que l’équipe avait un peu de mal. Donc, arrivé à un moment, pour ne rien cacher, arrivé aux essais de nuit, j’ai fermé le live timing. Je n’ai pas continué à le regarder. »

« Quand j’avais vu la moto en septième position sur la grille de départ, j’avais un peu les boules. Donc j’ai pris la décision de ne pas regarder la course. »

« Ça a été compliqué. Ça n’a pas été facile, mais j’en avais parlé avec les médecins. Ces médecins m’ont dit “c’est encore du stress que vous allez vous rajouter. Ce n’est vraiment pas ce qu’il faut en ce moment”. »

« J’ai tenu le coup : pas un message. J’ai demandé à me femme de dire que je n’étais pas joignable. Je n’ai volontairement rien suivi, jusqu’à une demi-heure de la fin.

« Dimanche matin, j’ai envoyé un message à ma femme pour lui dire que je ne regarderais que les trois dernières minutes. En zappant, j’ai regardé L’Équipe TV à partir de 11h30, et quand j’ai vu que le team était deuxième, je me suis dit qu’il fallait que je regarde jusqu’au bout. »

« Donc j’ai regardé la dernière demi-heure. »

« J’ai envoyé un message car je savais par informations reçues de journalistes amis, que le SERT remontait, mais je savais aussi que la Suzuki allait ravitailler. J’ai envoyé un message à ma femme, et quand j’ai vu que Jérémy continuait à attaquer à un quart d’heure de la fin, j’ai demandé qu’on lui indique « COOL » sur le panneau, chose qu’il a faite. »

« J’ai regardé ensuite jusqu’à l’arrivée. Je dirais qu’en partant sur la grille depuis la septième position, c’était inespéré pour moi que l’équipe fasse deuxième. Je suis extrêmement satisfait du résultat. »

Justement, réussir à terminer deuxième en utilisant des Michelin pour la première fois, avec une météo qui n’a pas été très facile, a surpris beaucoup de gens ? Est-ce que ça a été aussi ton cas ?

« Oui. Ça a été très compliqué pour nous. En plus, j’ai vu qu’il y avait pas mal d’équipes Michelin qui avaient chuté pendant la semaine. Nous, on a eu la chance de ne pas avoir une seule chute de toute la semaine, ni pendant toute la course. C’est quand même extrêmement rare. »

« On n’est pas loin d’avoir bien cerné l’adaptation. On n’est pas loin. Il faut absolument qu’on continue de travailler sur la moto, pour vraiment bien comprendre comment fonctionnent les Michelin. Je pense que ce sera une arme redoutable. »

Sur le plan médical, en tenant compte du secret et de la confidentialité médicaux, quel est ton bilan après ces 24 Heures ?

« Mon bilan est plutôt hyper satisfaisant parce ce vendredi j’ai passé toute une bardée d’examens. Entre l’analyse de sang qui est top, l’électro-cardiogramme qui est top, mon test d’effort qui a même surpris le médecin, qui m’a dit “dans la foulée on va faire une échographie cardiaque”, parce qu’en fait mon gros problème que j’avais était l’éjection du sang. »

« J’étais très bas en éjection. Je suis arrivé en centre de rééducation avec le chiffre de 30. On a commencé à constituer mon dossier d’invalidité, à dire qu’on allait me mettre un défibrillateur cardiaque sous la peau… »

« Si je ne récupérais pas assez… ça je leur ai dit “Ce n’est même pas en rêve”, donc c’est vrai que j’ai énormément bossé pendant trois semaines, deux heures de sport le matin et deux heures l’après-midi. »

« Je suis complètement sorti de la zone rouge. J’en suis à 41 sur 60… sachant que là… »

Que veut dire 41 sur 60 ?

« En fait, c’est la fraction d’éjection. Je n’arrivais pas à renvoyer le sang dans les artères suffisamment bien. Donc si je restais à 35, par exemple, je passais sur le billard et on me mettait un défibrillateur sous la peau. »

« Pour moi, il n’en était pas question. Je ne voulais pas du tout de ça. Il est vrai que j’ai beaucoup bossé sportivement, deux heures de sport le matin et deux heures l’après-midi, en forçant vraiment beaucoup. Et en étant bien évidemment branché en permanence pour ne pas que je fasse une bêtise. »

« Quand le médecin m’a dit “vous êtes à 41 sur 60 jeudi matin, et je suis vraiment surpris personnellement de votre récupération”. Ma question immédiate a été “Docteur, que puis-je faire ?”. Il m’a répondu “Maintenant vous pouvez tout faire”. »

« Donc la bonne nouvelle, c’est que je serai aux 12H d’Estoril. »

Ça a dû te faire plaisir, quand ils t’ont annoncé ça ?

« Oui, parce que je n’en ai pas sué pour rien. »

« C’était dans la tête. Il fallait que je bosse. Après, le corps humain décide.

Ça fait bien plaisir !

« Ça fait bien plaisir à tout le monde ! Chez Kawasaki, ils m’avaient envoyé un mail ce samedi matin, très inquiets. »

Comment se présente l’avenir, à court, puis à plus long terme ?

« Non seulement je serai à Estoril, mais je serai là également en 2021. »

Photos © Kawasaki, Webike SRC Kawasaki France Trickstar