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Arrivant en Championnat du Monde Superbike à partir de la sixième épreuve – sur un total de treize – Loris et son équipe Ten Kate ont mis les bouchées doubles pour parvenir de manière impressionnante à terminer dans le top 10 final, sur 18 pilotes permanents.

Dès la deuxième manche à Misano, Loris finissait en quatrième position, ce qui était encore le cas par la suite à Donington et Magny-Cours. La fin de saison s’annonçait bien, mais une chute sur high side en Argentine lors de la Superpole, suivie d’une autre lors de la Course 1, compliquaient les choses sur le plan physique pour le solide Savoyard.

Loris, comment peut-on parvenir à obtenir de bons résultats quand on commence en plein milieu de saison, sans que ni  toi ni Ten Kate ne connaissiez vraiment la Yamaha Superbike ?

« On va dire que ça n’a pas été simple ! On avait tellement d’envie et de motivation qu’on espérait tout de suite jouer devant, mais c’est en faisant ce genre de saison qu’on se rend compte que les essais hivernaux sont importants. »

« Malgré tout, ce qu’on a fait en si peu de temps prouve la qualité de ce team qui s’est très vite adapté à des motos qu’il ne connaissait pas. On a réussi après deux weekends à comprendre le fonctionnement de cette moto. Donc ça n’a pas été simple, mais au moins on l’a fait, et je trouve qu’on s’est bien débrouillés. »

Quand vous êtes arrivés à la course de Jerez, les deux équipes Yamaha en place (Crescent – officielle – et GRT – satellite) vous ont-elles accueillis à bras ouverts et aidés, ou vous ont-elles simplement considérés comme un adversaire de plus ?

« Ces teams sont supervisés par Yamaha qui impose certaines choses. Yamaha a fait beaucoup d’efforts et nous avons ainsi pu bénéficier des données enregistrées des deux autres équipes, afin que nous puissions être compétitifs tout de suite. »

« Utiliser les données des autres pilotes Yamaha nous a beaucoup aidés. Ce sont essentiellement Éric de Seynes* et Andrea Dosoli** qui ont fait en sorte que ce projet puisse avoir lieu. Je les remercie grandement car rien n’aurait pu se faire si une seule personne avait mis le holà ou n’avait pas donné son accord. »

« C’était un projet un peu fou et il fallait que tout le monde se donne à fond. Au final, c’est en grande partie grâce à Yamaha que ça s’est fait ».

*Président de Yamaha Motor Europe

**Yamaha Motor Europe Road Racing Manager

Lors de la dernière manche à Losail, tu t’es bien battu avec Michael van der Mark, qui disposait d’une moto d’usine. Penses-tu que vos deux machines avaient des performances à peu près équivalentes ?

« Oui, à peu près. Je ne pense pas qu’il y ait une grosse différence sur les motos. Elles sont très similaires, même si maintenant Ten Kate a commencé à travailler de son côté. »

« On a vu au Qatar que je manquais de vitesse de pointe, mais toutes les Yamaha en manquaient, et en fait si on compare aux Ducati, tous les autres en manquaient. »

«En fait en deuxième manche, on a bien progressé. Je manquais surtout de grip à la sortie du dernier virage, ce qui me compliquait la vie pour accélérer. »

« On manque un peu d’aérodynamisme parce qu’on n’a pas eu du tout le temps de travailler dans ce domaine, où il y a je pense quelque chose à gagner. La seule petite différence qu’il y a peut-être avec l’équipe officielle est au niveau de l’électronique où j’estime qu’ils peuvent faire un peu plus de choses que nous au moment du départ. C’est surtout concernant le départ, avec la puissance maxi et les maps* qu’ils sont un peu mieux que nous, mais il y a peu de différences entre les motos. »

*La cartographie

Etait-ce un avantage pour toi d’être seul pilote cette année dans l’équipe, ou préfères-tu avoir un coéquipier comme ce sera le cas l’année prochaine ?

« Cette année, c’était bien d’être tout seul parce que ça demandait déjà tellement d’énergie pour lancer le projet et faire une moto qu’il aurait été compliqué d’avoir deux pilotes. »

« Par contre ce sera bien l’an prochain d’avoir un coéquipier. C’est toujours important, même pour le team qui s’est rendu compte lors de la chute en Argentine qu’on déplace énormément de matériel, et que si un pilote se blesse, tout le monde rentre après le weekend sans avoir rien fait. Donc il est important d’avoir un coéquipier. »

« Pour un pilote, c’est important également pour travailler parfois ensemble. Ça se joue maintenant tellement à rien qu’on voit que les détails font la différence. Pouvoir travailler avec quelqu’un en faisant encore plus de comparaisons, ça peut être important. »

« Et pour Ten Kate, qui est la grande équipe du Superbike, ça fait plaisir de la voir de nouveau présente avec deux pilotes en Superbike, Supersport et Supersport 300. C’est bon aussi pour l’image du Championnat. »

Tu as pu disputer le Bol d’Or avec l’équipe YART de Mandy Kainz. Malheureusement ça s’est terminé sur une grosse chute avec Erwan Nigon sur l’huile perdue par la Honda TSR, entraînant l’abandon de trois motos officielles et favorisant la victoire de Suzuki. Penses-tu participer à d’autres courses d’endurance, si le calendrier le permet ?

« J’ai envie d’en faire car l’endurance est une discipline que j’aime. Ce sont des courses que j’apprécie beaucoup, mais mon programme vitesse a priorité. Il faut que mon team Ten Kate soit d’accord, que tous les gens concernés soient d’accord.

« Moi je suis convaincu de pouvoir faire les deux disciplines quand le calendrier le permet. Pour le moment, les calendriers ne sont pas sortis, donc ce sera au cas où un team aurait besoin de moi, au cas où le YART aurait besoin de moi sur une épreuve et que je serais disponible, ce serait avec plaisir car c’est une discipline que j’aime bien. »

« Et moi j’aime faire des courses. Si je pouvais en faire tous les weekends, je serais au ciel ! »

Comment vois-tu 2020 et quels sont tes espoirs ?

« 2020 a commencé en 2019 pour nous, parce que l’idée du projet était de débuter cette année pour savoir de quoi on aurait besoin pour la saison prochaine. Nous allons commencer les essais hivernaux bientôt à Jerez à la fin de ce mois.

« L’objectif l’année prochaine sera de jouer les podiums régulièrement, d’être dans le top 5 et de faire une très bonne saison. On a identifié nos points faibles cette année et on va travailler dessus cet hiver.

« On aurait pu faire un ou deux podiums cette année avec de meilleurs départs. On va travailler là-dessus et sur beaucoup de petites choses qu’on comprend progressivement sur cette moto. Pour le moment on n’a fait que deux jours d’essais et depuis Portimao on n’a rien pu essayer sur la moto en raison des weekends un peu compliqués avec la météo qui changeait. Donc ça va faire du bien d’avoir une saison hivernale complète où on va pouvoir travailler calmement. Je sais que le team a un paquet d’idées à essayer et que je vais avoir beaucoup de tours à faire à Jerez. Mais j’ai hâte d’y être ! »

 

Ci-dessus : Loris demandant un autographe à Randy de Puniet, à l’époque où celui-ci roulait en 250. Ici en 2003 chez LRC (Lucio Cecchinello).

Photos © Yamaha Racing, Ten Kate, archives de la famille Baz

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