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Après deux journées d’essais mercredi et jeudi derniers sur le circuit Angel Nieto de Jerez doté d’un nouveau revêtement, les concurrents des Championnats du Monde Superbike et Supersport se sont dirigés plein Ouest vers l’Autodrome de l’Algarve à Portiãao au Portugal. Une météo favorable les attendait pour ce dimanche et ce lundi, avec du soleil et une température variant entre 9° et 17°, sans risque de pluie.

Le premier à prendre la piste à 10h (heure portugaise, soit 11h heure française en raison du décalage horaire) était Michael Ruben Rinaldi, désireux de rouler au maximum sur sa Ducati engagée par le team Barni Racing. En Supersport, c’était Isaac Viñales qui s’élançait en premier, coéquipier de l’Autrichien Thomas Gradinger et du Belge Loris Cresson au sein du Kallio Racing, l’équipe Championne du Monde en titre avec Sandro Cortese, désormais en Superbike.

Eugene Laverty sortait en troisième des stands sur sa Ducati V4. Il fallait le surveiller de près, car il détient toujours le meilleur temps réalisé en Superbike sur le circuit de Portimão en 1’40.705, établi sur une Aprilia RSV4 RF l’an dernier. L’Irlandais souhaitait toutefois apaiser les ardeurs de sa nouvelle Panigale V4 de l’équipe Go Eleven : « Il y a du travail à faire pour calmer l’arrière de la Ducati. Il pompait visiblement quand je remettais les gaz à Jerez, expliquait Laverty. C’est actuellement pire à Portimão donc il faut faire un pas en avant, ce sera très important. Je me sens malgré tout confiant depuis le début des tests sur la V4 ». Alors que l’équipe d’usine Ducati continue d’utiliser la suspension Öhlins et que Barni fait confiance à Showa pour la première fois cette année, Go Eleven est la seule équipe du Championnat du Monde Superbike à utiliser Bitubo. « À Jerez, nous avons comparé plusieurs fois les éléments d’Öhlins et de Bitubo », a expliqué le directeur de l’équipe, Denis Sacchetti. « Nous avons réalisé le meilleur temps et eu les meilleures sensations avec Bitubo, nous avons donc décidé de le garder. C’est difficile à croire, mais c’est vrai ».

Au sujet de la Ducati, un point de vue intéressant est celui de Claudio Domenicali, le Directeur exécutif de l’entreprise : « La V4R est assez similaire aux machines de MotoGP, mais avant tout en termes d’inspiration. Si vous regardez le moteur, vous avez le même rapport alésage-course et la même cylindrée, donc 1000 cm3. Mais le moteur Panigale se distingue par une conception complètement différente. La V4R est une moto que vous pouvez acheter pour un prix relativement raisonnable. Pour ce montant, vous auriez autrement une voiture de milieu de gamme, mais là vous obtenez une moto de 221 ch. C’est la même technologie et le même concept qu’en MotoGP. Nous avons un logiciel haute performance sur cette moto avec un contrôle de traction de première classe, il vient directement de la MotoGP. Mais le logiciel ne coûte rien une fois que vous l’avez développé. L’électronique de la V4 Panigale standard n’est pas si sophistiquée. Le Championnat du Monde Superbike bénéficie donc du MotoGP ».

Le nouvel officiel Ducati Alvaro Bautista est en train de se rendre compte qu’aller chercher Johnny Rea ne va pas être facile : « Il est clair qu’il a beaucoup d’expérience avec la moto, l’équipe et les pneus. Pour moi la V4R est tout à fait nouvelle. À ce jour, nous sommes trop loin du meilleur pilote, mais nous sommes sur la bonne voie. Notre objectif est de nous préparer du mieux possible pour l’Australie. Ensuite, nous verrons où nous en sommes. Je cours pour gagner, toujours. C’est mon objectif. Mais je suis aussi réaliste et je sais que nous ne sommes pas encore prêts pour la victoire. Mais nous y travaillons. Ducati a beaucoup d’expérience et de bonnes motos. Le potentiel de la V4R est très élevé, mais la moto est encore très jeune ».

Du côté de Kawasaki, Toprak Razgatlioglu prenait la tête en fin de matinée sur sa ZX-10RR du Turkish Puccetti Racing en 1’43.710. Leon Haslam était cinquième et Johnny Rea ne roulait pas. Il n’y avait au total que 22 motos en piste, représentant les deux catégories.

Face aux trois autres pilotes de Yamaha R1 très expérimentés, le Champion du Monde Supersport en titre Sandro Cortese débutait en Superbike. Pour le moment, il apprenait. « Pour être honnête, je ne regarde pas les données des trois autres pilotes car mon style de conduite est très différent, » expliquait l’Allemand. « Je sais ce que je dois faire pour m’améliorer. La comparaison avec les autres pilotes est différente, car je freine, vire et accélère différemment des autres, mais dans l’ensemble, j’essaierai d’examiner leurs données à l’avenir. Je peux améliorer dans beaucoup de domaines. Au cours de l’hiver, j’ai passé mon temps à m’entraîner sur une R1, une pit-bike et même un karting ! », a-t-il déclaré. « J’ai passé deux semaines en Espagne avec Jonas Folger et Jesko Raffin, et je roulais tous les jours. Cela m’a aidé à pouvoir simplement sauter sur cette moto et me sentir à l’aise ».

Toujours chez Yamaha, mais au sein du Pata Yamaha WorldSBK Team, Alex Lowes utilise désormais Niccolo Canepa en tant que coach. Le Britannique a expliqué que « c’était très utile maintenant parce que les Yamaha sont près de l’avant. Avec la moto dans le groupe des leaders, les progrès qu’on peut faire au niveau du pilotage sont maintenant plus importants ». Canepa roule cette année en Coupe du Monde Moto-E (électrique) pour l’équipe LCR de Lucio Cecchinello, avec comme coéquipier Randy de Puniet. En endurance, il court pour le YART avec Broc Parkes et Martin Fritz. Avec trois Championnats du Monde à son programme (endurance, SBK, Moto-E), Canepa va être bien occupé.

Pour Andrea Dosoli, chargé des SBK et des SSP en tant que Yamaha Motor Europe Road Racing Manager, « notre relation avec Crescent Racing comme équipe de référence du WorldSBK se poursuit pour la saison 2019, avec Michael van der Mark et Alex Lowes. Je crois vraiment que la continuité est essentielle au succès en sport mécanique. Si nous pouvons continuer à travailler de la même manière qu’en 2018 et nous efforcer d’atteindre la cohérence qui manquait peut-être l’an dernier, je suis convaincu que nous pourrons faire un pas de plus dans la bonne direction. La saison 2019 sera stratégique pour nous. L’arrivée de GRT Yamaha en WorldSBK signifie que nous avons maintenant quatre pilotes sur la grille, ce qui nous donne une bonne occasion d’accélérer le développement de la moto ».

A l’heure du déjeuner, Alex Lowes s’emparait du meilleur temps en 1’43.333 devant les deux Kawasaki de Leon Haslam (1’43.613) et Toprak Razgatlioglu (1’43.710) tandis que Chaz Davies, toujours convalescent, se classait quatrième en 1’43.984, devant tous les autres en 1’44 et plus.

Le rythme s’accélérait ensuite et environ à la mi-journée Toprak Razgatlioglu prenait la tête en 1’42.687 devant les deux autres Kawasaki de Leon Haslam et Johnny Rea. Les trois ZX-10RR devançaient la Yamaha d’Alex Lowes et la BMW de Tom Sykes.

La présentation officielle du BMW Motorrad WorldSBK Team est annoncée ce lundi à 10h00 sur https://twitter.com/AIAPortimao

Résultats de la première demi-journée d’essais :

Chronos de référence en Superbike :

Record des essais : 1’40.705 par Eugene Laverty (Aprilia RSV4 RF) en 2018

Record du tour : 1’42.385 par Marco Melandri (Ducati Panigale R) en 2018

En Supersport, Jules Danilo, qui n’avait pas participé aux essais de Jerez, prenait la piste de bonne heure sur sa CBR du team de Simon Buckmaster CIA Landlord Insurance Honda, où Jules Cluzel officia il y deux ans. Ce même Jules dominait la catégorie Supersport en fin de matinée avec un chrono de 1’46.741.

Cluzel profitait de ces tests pour terminer la rééducation de son pied gauche, et enfin travailler pendant l’hiver sur sa R6, ce qu’il n’avait pas pu faire l’an dernier. « En 2018, j’ai manqué de roulage. Je n’ai pas fait un seul kilomètre en séance d’essai (hors week-ends de course) et je ne me sentais donc pas à 100% sur cette moto. J’ai gagné 5 courses, mais je n’étais pas à l’aise et je sais qu’on peut faire mieux. Donc en faisant une deuxième année sur la R6 et en effectuant des séances d’essai, ça va être une autre histoire ».

A l’heure du déjeuner, le drapeau français flottait sur la marmite avec Jules Cluzel en 1’46.741 précédant Lucas Mahias en 1’46.823 et Corentin Perolari en 1’47.794. Lucas Mahias n’était pas déçu par la ZX-6R que Kenan Sofuoglu couvrit autrefois de gloire : « Le point fort de la Kawasaki pour moi ce sont vraiment les freinages, elle a une stabilité incroyable sur les gros freinages droits. Le train avant me parait aussi vraiment bien. Je n’ai pas encore réussi à le cerner entièrement, mais j’ai vu qu’il avait de nets avantages comparé à celui de la R6. »

A la mi-journée, Raffaele de Rosa réalisait le tour le plus rapide en 1’46.240 sur sa MV Agusta, devant les deux Yamaha du GMT94 de Cluzel et Perolari qui précédaient la Kawasaki de Mahias.

Chronos de référence en Supersport :

Record des essais : 1’44.554 par Jules Cluzel (MV Agusta F3 675) en 2015

Record du tour : 1’45.180 par Michele Pirro (Honda Ten Kate CBR600RR) en 2010

Vidéo : Sandro Cortese en caméra embarquée à Jerez la semaine dernière

Photos © Puccetti Kawasaki, Kawasaki Racing