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Il est rarissime que l’on puisse faire une comparaison des chronos entre MotoGP et Superbike, sur le même circuit le même jour. Ça a été heureusement le cas à l’occasion de ces deux jours de test prévus initialement pour les Superbikes, mais auxquelles s’est mêlée la Honda RC213V de Stefan Bradl. La piste venait d’être refaite et la température était assez agréable, avec un après-midi ensoleillé jusqu’à environ 18°. Bradl réalisait son meilleur temps en 1’39.152 et Rea en 1’39.160, en pneus course. En compagnie des Kawasaki, les Yamaha et les Ducati se montraient également à leur avantage, avec en fin de séance des écarts relativement faibles.

Une des principales questions que se posaient les concurrents en arrivant à Jerez était l’état de la piste. Le tracé avait été resurfacé en 2001, 2009 et 2017, mais il fallut refaire la couche superficielle entre le 8 et le 15 janvier. Malgré un léger suintement d’huile pendant la matinée du premier jour, les pilotes ont été ensuite satisfaits de l’adhérence et les chronos ont été rapides. Sandro Cortese s’est plaint de bosses dans les virages 8 et 9, tandis que d’autres appréciaient peu les raccords de revêtements. Chaz Davies et Leandro Mercado chutaient séparément le premier jour, tout comme Sandro Cortese le deuxième. Tom Sykes sortait beaucoup plus fort, sa moto passant par-dessus le rail du virage 13, en évitant Jordi Torres, heureusement sans se blesser.

Stefan Bradl et l’équipe de test Honda MotoGP étaient venus tenir compagnie aux Superbikes pendant ces deux jours, afin de préparer les tests de Sepang qui vont débuter le vendredi 1er février, mais aussi de découvrir le nouveau revêtement, ce qui sera utile au Team Honda Repsol avec Marc Marquez et Jorge Lorenzo pour son Grand Prix national le 5 mai prochain.

Du côté de Kawasaki, Johnny Rea conservait sa position de favori pour obtenir un cinquième titre mondial consécutif. Le nouveau moteur de la ZX-10RR semblait lui donner entière satisfaction, tout comme à son coéquipier Leon Haslam. Les deux Britanniques semblaient pouvoir compter sur la solide complémentarité du poulain de Kenan Sofuoglu, le Turc Toprak Razgatlioglu (Kawasaki Puccetti Racing). Deux autres pilotes misaient sur des Kawa privées : Tati Mercado (Orelac Racing VerdNatura) et Jordi Torres (Team Pedercini Racing). Rea impressionnait en réalisant 1’39.160 en pneus course, soit 1.5 plus vite que son propre record du tour établi en 2017. Son coéquipier Leon Haslam se classait 4e à 0.350 et Toprak Razgatlioglu 6e à 0.790.

Yamaha était le seul constructeur représenté par quatre motos officielles, avec Alex Lowes et Michael van der Mark (Pata Yamaha WorldSBK Team) rejoints par Marco Melandri et Sandro Cortese (GRT Yamaha WorldSBK). Alex Lowes était un très bon 3e à 0.220, tandis que Cortese, van der Mark et Melandri réalisait dans cet ordre un tir groupé de la 7e à la 9e place. Afin de renforcer sa présence au sein du paddock WorldSBK, Motul, sponsor principal du Championnat du Monde Superbike, apporte désormais également son soutien au team Pata Yamaha Official WorldSBK pour 2019.

Sur leurs nouvelles Ducati Panigale V4 R, Chaz Davies et Alvaro Bautista (Aruba.it Racing – Ducati) essayaient une multitude de réglages pour obtenir un « set up » (une configuration) de base utilisable si possible dès les prochains tests qui débuteront à Portimao au Portugal ce dimanche. Bautista se classait 5e à 0.468 du leader. Légèrement blessé le mercredi lors d’une chute, Chaz Davies ne prenait la piste l’après-midi que vers 16h30 pour effectuer seulement quelques tours. « La chute n’a eu aucune conséquence, mais a ensuite bloqué les muscles de mon dos, expliquait le Gallois. Si vous ne faites pas attention, le problème peut facilement s’aggraver. Quand les choses vont vraiment mal, vous ne pouvez pas bouger et rien ne fonctionne. Jeudi matin, j’ai été scanné car je sais que j’ai un morceau d’os qui se promène dans la région douloureuse. Ceci est dû à ma chute de Misano en 2017. Je veux savoir si cela cause des problèmes, m’assurer que l’os ne bouge pas ». Michael Rinaldi (Barni Racing Team) et Eugene Laverty (Team Go Eleven) mettaient à niveau leurs V4 privées. « Je suis impressionné par la base de la moto. Vous remarquez la linéarité de la puissance délivrée par le moteur et la facilité de changement de rapports de la transmission » déclarait Laverty. « Ducati a accompli un travail fantastique ».

Sur le plan acoustique, beaucoup de tifosi regrettaient le son magique du bicylindre de la Panigale V2, remplacé par celui d’un « 4 cylindres de plus ». Gigi Dall’Igna a déclaré que le choix de Ducati de passer au moteur V4 était motivé par des raisons purement de course et qu’il ne s’attendait à aucun problème avec cette configuration. Le Directeur de Ducati Corse a ajouté que « des raisons purement sportives étaient à l’origine du passage au moteur V4 de Ducati par rapport au V-twin ».

Dall’Igna estime que l’abandon du traditionnel V-twin est devenu vital pour améliorer ses résultats en course afin de mettre fin à la domination de Kawasaki avec ses quatre titres mondiaux pilotes et constructeurs. « C’est la meilleure moto possible pour la catégorie Superbike », a déclaré Dall’Igna. « Honnêtement, avec ces règlements, je suis heureux de ce changement. Le moteur Ducati, je pense, reste le moteur Ducati, à cause de la distribution desmodromique et de certaines choses. Je suis un ingénieur de course, je ne parle donc que pour la course et non pour la production. Je suis assez content de cette solution. Pour le moment, les tests de développement que nous avons effectués ne m’ont posé aucun problème réel et je suis convaincu que cette configuration n’en posera aucun. »

Du côté du BMW Motorrad WorldSBK Team, Tom Sykes commentait « J’ai un plan clair de ce que je veux réaliser et, bien évidemment, nous travaillons sur ce tout nouveau projet en vue de notre arrivée en Australie aussi fort que possible. Nous avons en fait beaucoup accompli lors du dernier test, nous allons donc travailler sur le même plan ». Pour son nouveau coéquipier Markus Reiterberger, « La BMW S1000RR est une toute nouvelle moto que vous ne pouvez pas comparer avec l’ancienne machine de série. Elle a plus de puissance, plus d’options électroniques, un nouveau châssis, etc. Nous commençons tous les deux avec Tom à partir de zéro. Ma collaboration à long terme avec BMW est peut-être un avantage, mais c’est tout. Il y a toujours beaucoup à faire après le lancement d’une nouvelle moto, autant pour BMW que pour tout autre constructeur. Il est trop tôt pour prédire combien de travail il nous reste à faire. Les prochains tests révéleront où nous en sommes actuellement. La moto est loin d’être prête, mais je suis convaincu que nous pouvons atteindre un haut niveau assez rapidement. »

Sykes réalisait le mercredi (sans transpondeur) 1’40.8 et Reiterberger 1’42.4. Le jeudi, avec cette fois les transpondeurs installés, Sykes était crédité du 15e temps (en 1’41.206) et Reiterberger du 16e à plus de deux secondes de son compatriote Bradl.

Résultats de la deuxième journée d’essais en Superbike :

Chronos de référence :

Record des essais officiels : 1’38.960 par Marco Melandri (Ducati) en 2017

Record des essais officieux : 1’38.713 par Jonathan Rea (Kawasaki) en novembre 2018

Record du tour : 1’40.640 par Jonathan Rea (Kawasaki) en 2017

En Supersport, la R6 était solidement représentée avec Corentin Perolari et Jules Cluzel pour le GMT94, ainsi que Federico Caricasulo et Randy Krummenacher pour le Bardahl Evan Bros Racing Team. Selon la volonté d’Éric de Seynes, Président, Chief Executive Officer de Yamaha Motor Europe, Yamaha soutient actuellement deux équipes en Superbike comme en Supersport. « Ce choix remonte à l’essence même de notre engagement en Championnat du Monde Superbike. Pour moi, ce championnat représente une formidable opportunité sportive pour les pilotes et les teams qui n’ont pas les moyens financiers de s’attaquer à la pyramide du MotoGP. Pour un constructeur ce championnat permet de démontrer les vraies qualités sportives et de performances de ses modèles ».

Federico Caricasulo était crédité du meilleur temps de la catégorie en 1’42.529, tandis que sur la ZX-6R qu’il continuait de découvrir, Lucas Mahias (Kawasaki Puccetti Racing) se classait deuxième à 0.2, devant Raffaele De Rosa (MV Agusta Reparto Corse). Trois marques différentes occupaient ce podium symbolique, avec un peu plus loin Randy Krummenacher, Jules Cluzel et Corentin Perolari dont les R6 progresseront espérons-le lors des prochains tests qui auront lieu dimanche et lundi prochain à Portimao.

Résultats de la deuxième journée d’essais en Supersport :

Chronos de référence :

Record des essais : 1’42.969 par Kenan Sofuoglu (Kawasaki Puccetti Racing) en 2016

Record du tour : 1’43.922 par Federico Caricasulo (GRT Yamaha Official WorldSSP Team) en 2017

Ci-dessous : après une petite chute de Cortese

Listes provisoires des pilotes des championnats du monde 2019 Superbike, Supersport et Supersport 300

Photos © worldsbk.com, Circuit de Jerez, Honda, Yamaha, Ducati, Kawasaki et BMW