Cette conférence de presse du Grand Prix d’Italie MotoGP 2025 a réuni au Mugello Marc Marquez , Alex Marquez et Fabio Di Giannantonio pour leur débriefing, après un nouveau week-end parfait du #93 qui a remporté la pole position, le Sprint et le GP.
Marc Marquez a remporté sa 93e victoire toutes catégories confondues, et sa 67e en MotoGP (une de moins que Giacomo Agostini, qui est le deuxième pilote le plus titré en MotoGP). Il a remporté son cinquième doublé (victoires en Sprint et en GP) de la saison, égalant ainsi le record du plus grand nombre de doublés en une seule saison établi par Francesco Bagnaia l’année dernière. Il est désormais en tête du championnat du monde avec 270 points, 40 devant son frère Alex et 110 devant Bagnaia.
Comme à notre habitude, nous reportons ici en intégralité les paroles de ce dernier, sans la moindre mise en forme, même si cela est traduit de l’anglais.
🎤 Mesdames et messieurs, bienvenue à la conférence de presse de
la course du dimanche, à l’issue du Grand Prix d’Italie Brembo ici
au Mugello.
Félicitations à nos trois premiers du jour
!
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Le pilote du team Ducati Lenovo, Marc Márquez, signe la 93e victoire de sa carrière pour le numéro 93, après un début de course très intense face à Pecco Bagnaia.
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En deuxième position du Grand Prix, le pilote Alex Márquez du team BK8 Gresini Racing.
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Et enfin, pour compléter le podium aujourd’hui, quel endroit pour le faire que lors de son Grand Prix national, Fabio Di Giannantonio, pilote du team Pertamina Enduro VR46 Racing Team.
Félicitations à vous trois, messieurs !
🎤 Marc, on commence avec vous. Votre parcours victorieux en Grand Prix a commencé ici même, au Mugello, il y a quinze ans, en 2010. Aujourd’hui, vous décrochez votre 93e victoire… pour le numéro 93. Et quel endroit pour le faire : Mugello, lors de votre première apparition ici avec l’équipe officielle Ducati ! À quel point cette journée a-t-elle été spéciale pour vous, Marc ?
Marc Márquez : « Oui, je suis super
heureux et fier de gagner avec une moto italienne, une équipe
italienne, Ducati Factory, sur un circuit italien, ici au
Mugello.
Pendant tout le week-end, j’ai senti que c’était quelque chose de
très spécial pour toute l’équipe, et je me sens vraiment faire
partie de cette équipe.
J’avais donc cette concentration supplémentaire pour me battre au
moins pour le podium, ce qui était l’objectif principal. Mais
ensuite, pendant la course, j’ai vu que la victoire était
possible.
Et oui, après un départ normal, on a livré un super combat avec
Pecco et Alex, puis la deuxième partie de la course a été un peu
plus calme. »
🎤 Marc, parlons de ces premiers tours, car ils étaient tout sauf calmes avec cette bataille face à Pecco et Alex. On a vu du contact très tôt en course. À quel point ces affrontements ont-ils été difficiles ?
« Oui, j’essayais de gérer les
pneus, parce que tout le monde chez Ducati sait que, pendant les
cinq premiers tours, avec le pneu arrière soft, si vous poussez
trop au début, vous allez le payer à la fin. Et en fait, dans cette
bagarre, on a vraiment beaucoup sollicité les pneus.
Quand Pecco m’a dépassé, j’ai vu qu’il poussait vraiment fort,
alors j’ai essayé de gérer de manière à rester très proche dans les
derniers tours pour tenter de gagner. En même temps, il était
important d’être devant pour préserver le pneu avant, éviter qu’il
surchauffe. C’était très difficile à gérer.
Mais ensuite, quand Alex nous a dépassés, j’ai vu que le rythme de
course avait changé, c’était un autre tempo. Alors j’ai essayé de
trouver le meilleur moyen de le suivre, puis de l’attaquer, et
simplement de mener la course. »
🎤 Pendant de nombreuses années, vous étiez bien sûr l’ennemi de Ducati, quand vous étiez chez Honda. À quel point ce moment a-t-il été spécial aujourd’hui, dans le virage 12, devant les Ducatisti, en plantant ce drapeau dans le gravier, un clin d’œil à Jorge Lorenzo ? J’imagine que c’est un moment que vous n’auriez jamais imaginé vivre un jour dans votre carrière, Marc ?
« Oui, c’était sympa. Et c’est
vrai que j’ai souvent dû me battre ici contre Ducati, je me
souviens de 2019 contre Petrucci et Dovizioso. Mais aujourd’hui,
c’était un peu plus facile grâce à cette puissance en ligne droite
: le moteur Ducati fonctionne vraiment très bien.
Et oui, j’ai fait ce geste sans trop réfléchir sur le moment, mais
ensuite, ça ressemblait un peu au style Lorenzo ! Parce que c’est
un territoire Ducati, un virage Ducati. Alors on a célébré avec ce
drapeau Ducati, parce que c’est une année très importante, pour une
marque très importante. Et franchement, en 2025, je me sens super
bien. »
🎤 En début de saison, vous aviez beaucoup de mal avec le pneu arrière qui poussait sur l’avant, ce qui provoquait des chutes. Est-ce que ce problème a été corrigé avec la GP25, ou est-ce que vous avez simplement appris à contourner le problème ?
« C’est vrai que l’équipe
essaie de m’aider, de m’accompagner pour mieux comprendre les
premiers tours des Sprint et des Grands Prix, quand les pneus sont
neufs. Mais au final, c’est le pilote qui fait la plus grande
différence. Donc j’ai essayé d’adapter un peu mon style de
pilotage, d’être plus concentré, plus précis dans l’entrée des
virages, surtout sur la toute dernière phase, celle où je tombe
habituellement avec les pneus neufs.
On a fait un pas en avant à ce niveau-là, même si je me sens
toujours mieux quand les pneus sont déjà un peu usés. Mais le plus
important maintenant, c’est que je suis à un niveau très proche
d’Alex et de Pecco, qui sont les deux pilotes les plus forts chez
Ducati. »
🎤 Vous avez remporté beaucoup de victoires, mais vous avez aussi traversé des moments difficiles dans votre carrière. Pouvez-vous comprendre ou avoir de la compassion pour ce que traverse actuellement Pecco, qui semble un peu en difficulté ?
« Oui, vous savez, en ce moment Pecco traverse une période compliquée, et c’est vrai qu’il essaie tout, il donne tout. Comme on l’a vu aujourd’hui, il a beaucoup attaqué en début de course, peut-être même un peu trop, car je le suivais et je voyais qu’il sollicitait énormément les pneus. Parfois, c’est la seule chose à faire, car quand on lutte avec la moto, on se fatigue davantage et les chronos deviennent plus lents. Mais on a aussi vu ce week-end que Pecco était rapide tout au long des séances. Aujourd’hui, il a eu des problèmes en fin de course, peut-être avec le pneu arrière soft, il faudra vérifier les données, mais je pense que l’usure du pneu était élevée pour tout le monde. »
🎤 Pourquoi n’avez-vous pas utilisé la nouvelle aérodynamique ?
« C’est vrai qu’avec la nouvel
aéro, on doit encore mieux comprendre l’équilibre général de la
moto. Et puis, mes deux principaux rivaux pour le championnat, Alex
et Pecco, roulent avec l’ancienne configuration. Donc avec les
mêmes “armes”, je me sens mieux.
Je vais continuer à tester la nouvelle version sur les prochaines
courses, à Assen et ailleurs, mais il faut d’abord qu’on trouve le
bon équilibre. Mais s’il n’y a qu’un petit avantage, je préfère
rester avec le même matériel qu’Alex et Pecco. »
🎤 Le choix du pneu arrière était-il incertain ou était-il clair pour vous que vous pouviez courir avec le soft ?
« Non, c’était clair. Hier, après la Sprint, c’était très évident que le soft serait le bon choix. »
🎤 Concernant votre week-end fantastique au Qatar, vous aviez dit que ce n’était pas un tournant parce que c’était le début de saison, mais c’était une victoire importante car le Qatar n’est pas un de vos circuits favoris. Ici, c’est pareil. Comment évaluez-vous ce week-end ? Cette victoire est-elle plus importante que les autres parce que Pecco et Alex étaient favoris ?
« Oui, j’évalue ce week-end comme celui du Qatar, une victoire inattendue. C’est le genre de circuit où normalement il faut se défendre, mais j’ai pu attaquer et prendre encore plus de points face à Alex, qui est mon principal adversaire en ce moment, parce qu’il est très constant, très rapide, et qu’il excelle surtout dans les virages rapides à droite. »
🎤 Marc, vous disiez tout à l’heure que Pecco avait été assez agressif dans les premiers tours, peut-être un peu trop. Pensez-vous que ce n’était pas la bonne stratégie pour débuter la course ?
« Non, je pense que pour lui,
c’était la meilleure stratégie. Je m’attendais déjà à un Pecco très
agressif, car j’ai revu un peu ses dernières victoires ici, et il a
toujours mené de la première à la dernière minute. Il se sent très
à l’aise quand il est devant, donc je savais qu’il allait essayer.
Aujourd’hui, il lui a peut-être juste manqué un peu de vitesse,
mais il a très bien géré les premiers tours, c’était la bonne
stratégie. Et au final, c’est la course.
Mais quand Alex nous a dépassés, il était plus rapide que tout le
monde à ce moment-là de la course. »
🎤 On dirait qu’avec ce qu’on a vu aujourd’hui de Máximo Quiles en Moto3, vous avez trouvé une pépite…
(rires) « Oui, Máximo est arrivé dans le championnat avec une très bonne énergie, un bon état d’esprit, et c’est ce qu’il y a de plus important chez un jeune talent. Il est bien entouré par sa famille, et nous sommes très heureux, car beaucoup de gens disent : “C’est le jeune talent de Marc”, mais en réalité, c’est un projet que l’on partage. C’est nous deux, avec le soutien de Vertical Group, on forme une équipe. Et oui, ce gamin, ce jeune adolescent si on veut, a quelque chose de spécial. Mais maintenant, il doit profiter, faire les erreurs que font les jeunes pilotes, il doit apprécier tous ces moments dans le championnat du monde. Et surtout, ce qui est le plus important, c’est qu’il reste conscient de tout ce qu’il y a autour, notamment les réseaux sociaux et les commentaires. Garder les pieds sur terre, c’est fondamental pour un jeune pilote. »
🎤 Je voulais vous poser une question sur les sifflets de la foule lors du podium : qu’en pensez-vous ? Qu’avez-vous ressenti quand, hier, Davide Tardozzi s’est adressé au public pour dire “arrêtez, c’est un pilote en rouge” ?
« Oui, oui… Franchement, c’est
l’une des années où je me sens le mieux accueilli, et au final,
c’est quelque chose qu’on ne peut pas contrôler, je ne peux pas le
contrôler. Mais j’ai beaucoup apprécié le geste de Davide Tardozzi,
qui a essayé de me défendre, enfin, dans ce cas, de me défendre
mais aussi les pilotes Ducati. Ça peut être moi, Pecco, Bastianini,
ou Miller dans le passé. C’est vraiment un excellent team manager,
et il m’a défendu hier. Il a aussi soutenu aussi les fans qui
encourageaient Pecco, et ça, c’est bien. C’est toujours agréable
pour les autres pilotes quand le héros local, ici Pecco, est
acclamé.
Concernant les sifflets ? Au final, c’est quelque chose qu’on ne
peut pas contrôler. Mais aujourd’hui, par exemple, quand Alex est
monté sur le podium, certains l’ont aussi sifflé… alors qu’il n’a
que le même nom de famille ! (rires) Il n’a rien fait de mal. »
🎤 Marc, pensez-vous qu’Alex est un véritable adversaire pour le titre, ou un fidèle écuyer façon Sancho Panza ?
« Écoutez, quand on est pilote
d’usine, on a la pression de devoir se battre pour le championnat,
surtout si on est chez Ducati, car c’est la meilleure moto du
plateau. Alex roule avec la moto de l’année dernière, tandis que
dans l’équipe d’usine on essaie d’introduire de nouvelles pièces
pour accentuer l’avantage. Mais malgré ça, Alex est super
rapide.
Je dois dire que ce n’est que la neuvième course du championnat,
mais je suis dans l’un des meilleurs moments de ma carrière… et
Alex est là, donc ça veut dire que c’est un des adversaires les
plus coriaces.
C’est mon frère, oui, mais c’est aussi l’un des plus durs
adversaires que j’ai eu dans ma carrière : il est très constant,
très rapide, et a un très bon équilibre sur tous les circuits.
Alors en ce moment, je profite pleinement de ce beau moment… pour
ma famille. »
🎤 Il y a quinze ans, vous remportiez votre toute première
victoire en Grand Prix ici, et aujourd’hui, quinze ans plus tard,
vous en êtes à 93 : à quel point est-ce spécial ?
Et vous évoquiez Máximo Quiles : le fait qu’il ait suivi exactement
le même parcours que vous, première pole au Mans, premier podium à
Silverstone, première victoire ici, c’est encore plus spécial, non
?
(rires) « Oui, ce sont des statistiques ! Comme vous dites, ma première victoire ici il y a quinze ans… et ma 93e victoire ici, au Mugello. Et Máximo, c’est pareil : première pole au Mans comme moi, premier podium en Angleterre, à l’époque Donington pour moi, aujourd’hui Silverstone pour lui, et maintenant sa première victoire ici en Italie. Au final, ce sont juste des statistiques, et parfois je ne crois pas vraiment à autre chose qu’au hasard… mais parfois, on dirait que quelqu’un organise tout ça. »
🎤 Est-ce qu’il peut copier toutes vos statistiques ?
(rires) « Ne lui mettez pas la pression ! Ne mettez pas la pression à un jeune talent. Au final, il aura sa propre carrière, et nous, on fera tout pour le soutenir du mieux possible. »
🎤 Marc, j’imagine que vous avez rêvé de cette première victoire en cuir rouge à Mugello. Alors, le goût, l’ambiance… Est-ce que c’était mieux ou moins bien que ce que vous aviez imaginé ?
« C’est exactement ce à quoi je
m’attendais : toute l’équipe avec un grand sourire, tout le monde
qui profite. Aujourd’hui, c’était aussi très sympa pendant la
parade, on est restés là, devants la tribune Ducati. C’était
exactement ce que j’avais imaginé.
Et oui, on vient d’Aragón, qui était un de mes circuits à domicile
pour les pilotes espagnols, mais ici, c’est vraiment le circuit
maison des équipes et des motos italiennes. Donc c’était un
week-end encore plus chargé que d’habitude… mais c’était super.
»
🎤 Si vous deviez décrire votre sensation avec la moto en un seul mot ?
« Douce. » (“Sweet”)
Résultats du Grand Prix d’Italie MotoGP 2025 :
Crédit classement : MotoGP.com
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