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Que devient le Moto3 ? C’est une question qui commence à se poser avec de plus en plus de sérieux dans le paddock. Les équipes ont du mal à joindre les deux bouts et une usine comme KTM a déjà tiré la sonnette d’alarme sur le niveau général des pilotes. Un des vétérans de ce tumultueux peloton donne raison à ces préoccupations en constatant que la discipline n’évolue pas dans le bon sens. Il s’agit d’Andrea Migno, qui ne mâche pas ses mots…

Que vaut un Champion du Monde de Moto3 aujourd’hui ? A la lecture de l’analyse du pilote SkyVR46 Andrea Migno, il y a de quoi s’inquiéter aujourd’hui sur la signification d’un titre dans la catégorie d’entrée des Grands Prix. L’Italien y est depuis 2015, et il a donc vu évoluer le peloton. L’analyse qu’il en a aujourd’hui est très critique.

Dans un entretien à GPOne, Migno avoue tout de go : « honnêtement, j’en ai un peu marre parce que ça a changé, c’est devenu une classe très spéciale. Je ne pense pas que plus vous restez en Moto3 et mieux vous êtes ».  Ce postulat posé, il développe : « les courses sont devenues étranges et souvent pas très amusantes. Il peut arriver qu’un pilote rapide ne puisse pas obtenir les mêmes résultats que des adversaires moins talentueux mais ayant d’autres caractéristiques, comme être plus léger ou plus sale en pilotant ».

« Maintenant, ce sont toutes des courses de groupe. Jusqu’en 2017, il y avait un petit groupe de 8 ou 10 pilotes et c’était amusant, ceux qui étaient plus rapides pouvaient se séparer, faire la différence, comme dans les classes principales. Maintenant ce n’est plus comme ça, tous les pilotes sont attaqués et c’est encore plus dangereux, courir comme ça c’est une purge. C’est une classe dont je voudrais me débarrasser mais je la regarde toujours avec beaucoup d’amour » assure Migno.

Être « sale »avec les adversaires et léger sur la moto sont la clé du succès

Comment en est-on arrivé là ? Migno avance l’explication d’un plateau fourni seulement par deux constructeurs, alors qu’auparavant, la concurrence était plus étoffée. « Ces dernières années, avec des motos sont très similaires les unes aux autres, et finalement c’est un kilo plus ou moins de poids qui fait la différence ». Une situation qui perdurera. Alors l’Italien propose de faire évoluer certaines règles : « on pourrait adopter la formule de la Superpole comme en MotoE, avec un tour sec par pilote, il y aurait du temps pour le faire et cela deviendrait plus spectaculaire. Ce serait une qualification qui respecterait les valeurs sur le terrain ».

Il termine : « le Moto3 est devenu l’une des catégories les plus dangereuses de ces dernières années, certaines courses sont vraiment absurdes. Par exemple, en Australie, vous pouviez rouler une seconde et demie plus lentement que les meilleurs et gagner la course. L’année dernière, j’étais passé 1er sur la ligne d’arrivée et après deux tours j’étais 14e. Pour pouvoir faire la différence, les choses deviennent dangereuses, on commence à donner des coups de carénage. Je ne veux pas nommer de noms mais il y a des pilotes très sales. Par le passé, je me suis rendu à la Direction de course pour me plaindre, même s’ils m’ont pénalisé plus tard ».

On remarquera par ailleurs que les jeunes pilotes qui se révèlent en MotoGP ne sont plus forcément ceux qui ont conquis titres et victoires dans les catégories intermédiaires. La question du Moto3 se pose aussi avec le Moto2.

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