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C’était sur le Circuit du Mugello, où avait lieu ce week-end la première manche du Championnat d’Italie CIV, que se retrouvaient pour leur entretien hebdomadaire l’ancien chef d’équipe et actuel manager de pilotes Carlo Pernat, en compagnie de Paolo Scalera et Matteo Aglio de GPOne.com. Ils étaient rejoint par un invité surprise : Lorenzo Savadori, vainqueur ce samedi en SBK avec le team Aprilia Nuova M2 Racing, après la chute sans gravité du pilote officiel Ducati Michele Pirro.

Parmi les sujets de discussion, on attendait toujours les signatures de Valentino Rossi chez Petronas SRT et d’Andrea Dovizioso chez Ducati pour 2021. Concernant ce dernier, « J’ai géré des pilotes et des entreprises. Quand vous voulez un pilote, vous le prenez, vous lui donnez confiance, vous parlez bien de lui. Ducati dans toutes les négociations a toujours été dur, exigeant. Presque comme si c’était un plaisir pour le pilote… Je suis parti quand Ducati a choisi entre Iannone et Dovizioso », a déclaré Pernat à Paolo Scalera et Matteo Aglio de GPOne.com.

« Si vous vous souvenez bien, Iannone, qui avait été choisi initialement, a refusé pour une raison d’argent. Il leur a fallu six mois pour renouveler avec Dovizioso. L’argent est-il le problème ? Pour moi, l’accident qu’il a eu ne change rien. Je pense qu’Andrea va bien. Bien sûr, il aurait été préférable de ne pas tomber, mais je pense que cela ne change rien. C’est toujours une question de confiance. »

« Si le pilote ne se sent pas en confiance, il veut juste de l’argent. Qu’est-ce que Dovizioso a fait de mal à Ducati ? Il est arrivé trois fois deuxième du Championnat. Les ingénieurs sont peut-être convaincus qu’ils ont la meilleure moto de toutes, mais ils ont fait l’erreur de renvoyer Lorenzo. Je ne pense pas que Márquez aurait gagné avec Lorenzo chez Ducati en 2019, alors je vais mettre un point d’interrogation. »

Selon Pernat, chez Ducati, ils ont de très bonnes compétences dans le choix des pilotes, alors qu’ils ont toujours eu des problèmes pour les confirmer.

« Chez Ducati, ils semblent savoir bien choisir les pilotes alors qu’ils ont du mal à les garder. En général, c’est l’inverse. Alors qu’ils ont attrapé beaucoup de pilotes incroyables, comme Stoner, Bayliss, Capirossi, Lorenzo. Imaginez quel genre d’équipe ils auraient chez Ducati en 2019 avec Lorenzo et Dovizioso. »

Pernat indique Viñales comme la surprise potentielle de la saison.

« Je mettrais de l’argent sur Viñales cette année, parce que je pense que c’est sérieux maintenant, hors du joug psychologique de Valentino Rossi. Il se sent comme le leader de Yamaha, motivé et maintenant à 100% à mon avis. La rivalité avec Quartararo est très différente. Fabio doit encore apprendre à contrer dans les derniers tours. Quand il apprendra ça aussi, il sera un pilote complet. »

A propos du choix de Pol Espargaró par la HRC, « Carletto » a une idée très précise :

« Je pense que Honda a compris qu’ils ne peuvent pas fabriquer une moto juste pour Márquez, juste pour un seul pilote. En effet, si Marc est blessé, que se passe-t-il ? Le contrat d’Álex était une sorte d’escroquerie à mon avis. Honda a constaté que Pol a fait un excellent travail de développement avec KTM. Pol est fort, je suis convaincu que nous parlons d’une opération intéressante pour Honda. »

Une partie de son discours est également réservée à l’histoire du test de Quartararo sur une Yamaha R1 aux spécifications de SBK.

« Si nous faisons comme en Formule 1, nous sommes ruinés. Ce sont des choses dignes de leur championnat. Quartararo avait même mis les photos de sa moto sur les réseaux sociaux, il n’était donc pas de mauvaise foi. Quelqu’un a mouchardé, un idiot qui pense que des choses comme ça peuvent aider. »

Qu’en est-il de l’hypothèse de l’arrivée de Valentino Rossi en MotoGP avec son équipe dans le futur ?

« Valentino, à mon avis, a 99% de chance de créer son équipe. Avant, j’étais absolument convaincu qu’il le ferait avec Yamaha, alors qu’aujourd’hui j’en suis moins convaincu à cause des nouvelles réglementations qui concernent les équipes satellites à partir de 2022, qui disent que chaque constructeur peut et doit déployer quatre motos.

« Qu’en est-il de Petronas ? Il pourrait aussi aller ailleurs. Chez Suzuki, avec Brivio il a une amitié claire. Et Valentino a le cœur chez Aprilia, il est né là-bas. Je ne serais pas surpris qu’à l’avenir, que ce soit en tant que directeur d’équipe, ou en tant qu’entraîneur, ou autre chose, je vois plus qu’une collaboration avec Aprilia qu’avec Suzuki. La nouvelle moto est bien née, avec de petits péchés de jeunesse, mais c’est normal. Je pense que pour Aprilia, la solution pour bien avancer serait de déconnecter complètement le département course d’Aprilia du reste de l’entreprise. S’il ne se détache pas du groupe, je pense qu’il aura des problèmes. En 1995, Aprilia était en crise, mais le fait que le département des courses ait été séparé nous a permis de bien avancer, même si Aprilia ne payait pas certains fournisseurs. Et grâce à nos victoires sur la piste, nous avons également réussi à remettre l’entreprise sur pied. Je lance un véritable appel à Colaninno (PDG du Piaggio group, NDLR) : il doit séparer le département des courses du reste du groupe. Avec les hommes qu’il a aujourd’hui, il obtiendra des résultats. »

Pernat est également tout à fait sûr qu’aucune annonce concernant Rossi ne sera faite à Jerez.

« Je ne pense pas que Valentino fera des annonces, je pense qu’il attendra. Ce coronavirus a arrêté tout le monde, même Valentino. Il doit comprendre ce qui se passe, je pense qu’il a besoin de quelques courses pour décider. Combien de fois ont-ils dit qu’ils signeraient bientôt, et puis c’était toujours tout raté ! Je pense que même chez Yamaha, ils pourraient vouloir attendre un peu. »

 

Paolo Scalera, Carlo Pernat et Matteo Aglio

 

Photos © Ducati, Pramac, KTM, Petronas