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Après une demi-saison très animée et souvent pourvoyeuse de surprises et d’étonnements, quatre semaines séparent le GP d’Allemagne de celui de la République tchèque. Jacky Hutteau, ancien pilote de Grand Prix lui-même et toujours très actif dans le paddock du Championnat du Monde, nous livre ici son point de vue.

Jacky, quel a été pour toi l’évènement le plus important de cette première demi-saison ?

« La domination de Marc Márquez est trop évidente pour constituer vraiment un évènement. On peut parler éventuellement des difficultés de Lorenzo, mais ce qui m’a marqué le plus c’est l’explosion de Quartararo. C’est cet exploit que l’on mettra évidemment en priorité ».

Comment expliques-tu cette explosion si soudaine et si efficace de Fabio Quartararo ?

« Il s’est adapté instantanément à la catégorie MotoGP, sur cette Yamaha dont on sait que c’est la moins difficile des motos à piloter. Il le prend avec une aisance phénoménale, il a « la banane », il se sent bien, il s’amuse beaucoup ».

« Il maîtrise cette moto comme peu de personnes, parce qu’en réalité il est quand même devant son coéquipier Franco Morbidelli. Donc voilà, l’ensemble fait qu’effectivement c’est la grande surprise, parce qu’on se demandait si ce n’était pas trop tôt pour lui de quitter la Moto2 sans avoir remporté un titre, ce qu’espérait évidemment son équipe Speed Up de Luca Boscoscuro. Ils me disent sans arrêt qu’ils auraient bien aimé continuer avec lui cette année pour remporter le titre ».

« Fabio est parti en MotoGP, et à la surprise générale il éclate toutes les statistiques ».

Pourquoi la Yamaha est-elle aussi favorable à tous les jeunes pilotes qui arrivent en MotoGP comme Fabio, mais aussi Folger, Zarco…

« … et Syahrin,

« … et Viñales.

« Oui, Maverick Viñales également. Visiblement, c’est une moto plus homogène et plus exploitable par les pilotes qu’on vient de citer ».

« Si on s’en réfère à ce qu’on voit et ce qu’on lit, les Honda, les Ducati et les KTM sont des motos dotées de caractères beaucoup plus forts, alors que la Yamaha est une moto plus docile. C’est une moto plus exploitable, mais il ne faut pas rêver et très peu de gens sont capables d’amener cette moto à ce rythme-là ! (rire). Peu de pilotes sont capables d’en tirer le maximum ».

« A titre anecdotique, on a vu la déconfiture de Johann en passant de la Yam à la KTM. J’en discutais avec Syahrin – qui n’est certainement pas du niveau de Johann ni des meilleurs pilotes, malgré que ce soit un garçon sympathique – et il était d’accord que passer de la Yamaha à la KTM rendait la tâche beaucoup plus ardue. Mais ceci reste entre parenthèse. »

D’après toi, qu’est-ce qui rend le pilotage de la KTM aussi ardu, peut-être un peu moins pour Pol Espargaró, mais en tous les cas pour les trois autres ?

« La comparaison un peu naïve que je ferais est que Pol est un cowboy de rodéo alors que les trois autres sont des gens beaucoup plus softs. On a en parlé plusieurs fois avec Johann qui se morfond de cette situation ».

« Pol, tout comme son frère, est capable de se surpasser et de chevaucher des motos qui sont très délicates et très difficiles, mais eux ont cette faculté d’arriver à les maîtriser. Il y a des spécialistes du rodéo, et Pol en est un ».

Entre la Yamaha et la KTM, on trouve la Honda qui semble moins brutale mais il y a pourtant actuellement pas mal de difficultés au niveau de Jorge Lorenzo.

« C’est clair. Cal Crutchlow s’en plaint visiblement par rapport à celle de l’année dernière. On l’avait vu auparavant avec des gens talentueux comme Morbidelli qui ont eu d’énormes difficultés avec cette Honda qui a progressé et changé. Les gens de chez Honda sont très clairs : La moto est faite pour Márquez. Márquez est capable de n’importe quoi. Il peut emmener cette moto dans ses derniers retranchements, alors que les autres comme Crutchlow – qui est un pilote relativement brutal et puissant – n’ont pas la même maîtrise, la même facilité ».

On voyait Ducati parmi les favoris en début d’année, mais ils semblent avoir plus de mal à mi-saison ?

« Oui, c’est curieux. Dovizioso effectivement imaginait qu’il pourrait être le prétendant au titre et le concurrent direct de Marquez, mais il marque le pas. Est-ce que ça vient réellement de la moto ? Est-ce que ça vient du fait que son coéquipier Danilo Petrucci est aussi rapide que lui, parfois même plus et est obligé de le dépasser ? ».

« Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais à chaque fois que Petrucci passe devant, Dovizioso attaque aussitôt immédiatement pour reprendre l’avantage. Donc le rythme baisse un petit peu. Puis Petrucci reprend l’avantage ».

« En fait, je me demande si la guêpe, le frelon Lorenzo n’avait pas amené Dovizioso à faire des choses exceptionnelles, quand il s’est bagarré avec Márquez. Alors que cette année Dovi est rentré dans le rang. Dovizioso a souvent été comme ça. L’année dernière, ça a été la surprise, puis il revient un peu maintenant à ce qu’il a été précédemment. C’est une sensation assez nette et bien visible ».

A suivre : La partie 2 ce vendredi à 7h00

Photos © Michelin et Petronas