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Pit Beirer est le directeur sportif d’un constructeur KTM qui, avec la marque Red Bull de même nationalité que lui, est fière de ses valeurs et campé sur ses fortes certitudes. Un cocktail détonnant qui est concentré dans cette RC16 aux choix techniques uniques sur la grille de départ du MotoGP. Aucun autre blason n’a en effet parié sur un cadre tubulaire et des suspensions WP. En échange, les Autrichiens demandent motivation et loyauté des pilotes. Chez KTM, on croit en la famille ou pas, et dans ce cas, on n’y reste pas…

Pit Beirer a précisé encore un peu plus la façon dont on conçoit la compétition chez KTM. Et ça commence avec une approche directe et franche : « le collectif est plus fort que l’individu ». Tout un programme, mais aussi de quoi assurer des fondations solides lorsque l’édifice tremble. Ainsi, à la veille du Grand Prix d’Italie, les troupes de Mattighofen ne se présentent pas comme les plus redoutables de l’effectif MotoGP. On les craint moins que l’an passé, une saison marquée notamment par trois succès, dont deux conquis par les partenaires français Tech3.

Une implication qui se ressent à tous les étages de la politique sportive, à commencer par la matière la plus instable : les pilotes. Il n’est en effet pas simple de fidéliser des champions qui doivent aller vers là où le succès à plus de chance de leur sourire, ce qui amène forcément à des épisodes où la reconnaissance et la loyauté sont mises à mal par les intérêts.

Un chapitre de Pit Beirer aborde, là aussi, en toute transparence. Sur Motosprint, il dit ainsi : « pour réaliser le rêve du titre MotoGP, nous avons choisi une voie différente, construisant nos champions à domicile depuis la Rookies Cup. En retour, nous demandons la confiance. Zarco et Martin ne nous l’ont pas donné, Oliveira et Binder l’ont fait ».

« Nous voulons « créer » des pilotes chez nous. Mais ce n’est pas facile, surtout en MotoGP » poursuit-il. « Si nous « cultivons » un pilote en le faisant grandir à travers Rookies Cup, Moto3 et Moto2, nous finissons par connaître ses forces et ses faiblesses en profondeur et nous pouvons comprendre s’il convient à l’entreprise. L’année dernière, nous avons perdu Pol Espargaró et Jorge Martin lui-même, sous contrat. À ce moment-là, nous nous sommes dit d’arrêter de penser aux grands pilotes « de l’extérieur », et nous nous sommes concentrés sur Miguel Oliveira et Brad Binder ».

Pit Beirer : « Zarco est un grand pilote et nous avons de grands moyens »

Une œuvre tout de même difficile à réaliser, car il ne s’agit nullement d’imposer et d’enchainer un pilote avec un contrat en béton. Il faut que ce dernier soit convaincu qu’il est à la bonne place au bon moment, ce qui, au vu de la versatilité de la compétition, n’est jamais vraiment identifiable avec certitude…  « Un contrat n’a aucune valeur si un pilote n’est pas à l’aise » insiste pourtant Beirer qui cite à nouveau des exemples pour illustrer son point de vue : « avec Johann Zarco, par exemple, ça n’a pas marché. Nous nous sommes séparés, il a de nouveau montré sa valeur, parce que c’est un grand pilote, et nous avons gagné, parce que nous avons de grands moyens. Mais ensemble, nous n’avons pas été efficaces ».

« Parfois, vous devez vous rendre compte de cela et une séparation peut être la bonne solution ». Mais il n’y pas que le Français comme cas concret … « La même chose s’est produite avec Martin : s’il ne croyait vraiment pas en nous, il n’aurait pas dû se sentir obligé de rester, nous ne prenons pas de temps pour ceux qui ne croient pas en nous. Nous le faisons pour ceux qui croient en nous, comme Miguel et Brad. Nous avons eu le courage, l’année dernière pendant le confinement, de créer ce genre de formation pour 2021, mais ensuite ils sont devenus forts et ils ont gagné. Il est alors plus facile de dire que ce sont de bons pilotes ». Pit Beirer sait aussi faire passer des messages… Dans le box Pramac Ducati, il y a désormais matière à discuter.

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