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Pol Espargaró MotoGP

Pol Espargaró, pilote emblématique de la décennie 2010, ne sera plus titulaire en MotoGP lors de la saison 2024. GasGas Tech3 et Pierer Mobility lui ont préféré le jeune crack Pedro Acosta. Un choix logique, qui respecte le sens de l’histoire. D’après ce que l’on sait, « Pollycio » sera sans doute amené à réaliser des wild-cards pour le groupe, sachant qu’il se sent pleinement investi au sein de la famille KTM. Cependant, nous ne le verrons sans doute plus aux avant-postes, ni même, avec un guidon à l’année, voyant ce qui arrive du Moto2. Alors, profitons de l’hiver pour revenir sur sa carrière. Sans retracer son histoire, mais plutôt, en se penchant sur ses accomplissements et les chapitres de sa vie. Vous êtes prêts ? C’est parti !

 

« Calibre Marc Márquez » (2006-2011)

 

J’ai essayé de séquencer sa carrière pré-MotoGP en deux ères distinctes, avant d’analyser, rétrospectivement, son impact laissé dans chaque équipe au plus haut niveau. Commençons donc par le début. Lorsqu’il arrive en mondial en 2006, le petit frère d’Aleix est un crack. Beaucoup ont oublié ceci, mais lui et Marc Márquez s’entraînaient ensemble, et avaient un niveau similaire. Il s’agissait de deux purs produits de la formation catalane, cette génération dorée du milieu des années 2000 qui brillait si jeune. Lors d’une wild-card au Grand Prix de Catalogne 2006, catégorie 125cc, il devient le plus jeune pilote à marquer un point de toute l’histoire, à quinze ans et huit jours.

Ainsi commence le parcours d’un potentiel futur grand. Après une première saison complète sur Aprilia en 2007, il signe avec Derbi, toujours en 125cc. C’est la révélation. À une époque où les Espagnols pullulent, il est l’un des meilleurs. Viennent les premières victoires en 2009, mais aussi, les premières blessures. Puis, l’année de l’explosion, 2010, toujours en 125cc. Au terme de l’une des meilleures saisons de l’histoire de la petite catégorie, il échoue à la troisième place du général derrière Marc Márquez et Nicolás Terol.

 

Pol Espargaró MotoGP

Marc Marquez, Pol Espargaro et Nicolas Terol, les trois protagonistes de cette année 2010. Photo : Motoracereports

 

Ce classement peut sembler anecdotique, mais avec 281 points, il tournait à plus de 16 unités par course. À titre de comparaison, Jaume Masiá prit la couronne en Moto3 cette saison avec seulement 13 points par course en moyenne. Cela vous place le bonhomme. Jusqu’ici, il n’était pas à prendre à la légère, et tenait donc la dragée haute aux meilleurs prospects du monde. Là était peut-être sa première erreur de parcours ; le passage en Moto2 sans aller accrocher ce titre mondial en 125cc. En 2011, il aurait largement pu prétendre à aller chercher ce sacre face à un Terol pas plus fort qu’en 2010 et un Johann Zarco fébrile.

Ce passage en Moto2 était assez dur, notamment en raison du châssis FTR de l’équipe HP Tuenti Speed Up peu performant. Cette 13e place ne doit pas tromper. Il a connu une belle progression sur la deuxième partie de saison, avec deux podiums. Le bilan de ce premier chapitre est simple : malgré les quelques ralentissements, Pol Espargaró restait à la hauteur de sa réputation acquise plus jeune.

 

Bataille(s) de titans (2012-2013)

 

Force est de constater que dans ses campagnes, « Pollycio » n’a jamais vraiment eu de chance. Je parle ici de l’adversité qu’il devait contre-carrer. J’ai volontairement séparé cette première saison en Moto2 des deux autres pour une bonne et simple raison ; en 2012 puis 2013, il était l’un des meilleurs pilotes du monde. Ce changement se traduit par une signature avec l’empereur des Espagnols en Grand Prix, j’ai nommé, Sito Pons, détenteur de deux Kalex sur le plateau. Avec une machine affûtée au possible, il réalise un exercice 2012 assez sensationnel, avec peu d’erreurs et une très bonne vitesse sur un tour, son grand point fort en carrière.

Le problème avait un nom : Marc Márquez. En mission dans une équipe taillée pour lui et autant supportée qu’une formation d’usine en MotoGP, le titre ne pouvait pas lui échapper. Pol fait un beau vice-champion pour autant, et part favori pour 2013. Sera-t-il enfin tranquille ?

 

Pol Espargaró MotoGP

L’équipe Suter-Repsol-Catalunya Caixa dédiée à un seul pilote. Au fait, c’est Marc Marquez. Pons, aussi fort soit-il, ne peut pas y faire grand chose. Photo : Box Repsol

 

Et bien non ! Car un autre talent précoce, Scott Redding, fait son apparition sur la Kalex du MarcVDS Racing Team. Le Britannique était moins fort, c’est sûr, mais apportait une telle fraîcheur, un tel impact, une telle grinta qu’il paraissait faire jeu égal. Les deux nous offrirent de somptueuses batailles, notamment celle d’Assen. Ici, les mécanos de l’Anglais lui montraient un panneau lui indiquant de respirer tellement la joute était de haute intensité. À titre personnel, il s’agit, encore à l’heure actuelle, de l’une de mes saisons préférées.

Comme beaucoup, j’aurais voulu voir Redding l’emporter, surtout après sa célébration « salamandre » dans le bac à Silverstone. Mais comme beaucoup, je savais que l’irrégularité, et globalement, le moins bon niveau du Britannique allait jouer contre lui. Alors qu’il bénéficiait d’une avance de plus de 30 points, Redding a pas mal gâché en deuxième partie de saison, et ne pouvait plus rien faire contre le talent intrinsèque de Pol Espargaró. Le voici champion du monde Moto2, en guerrier, prêt à affronter le plus haut niveau.

Une petite phrase pour résumer ses deux années fortes en catégorie intermédiaire ? Disons qu’encore une fois, il réussit à maintenir un bon niveau d’engouement, mais sa personnalité particulière, couplée à la préférence du public pour ses adversaires (en 2010, 2012 ou 2013) jouait quelque peu contre son image.

Le passage en MotoGP est programmé pour 2014, et celui-ci se fait chez Yamaha Tech3. Mais ça, on le verra demain, même heure ! Alors ne manquez pas ce rendez-vous dans un autre épisode de « Parlons MotoGP » !

Dites-moi ce que vous en avez pensé en commentaires !

 

Jeune Pol en 2010. Photo : Jerko

 

Photo de couverture : Box Repsol

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