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Après la saison 2022, ils sont 128 : c’est le nombre de champions du monde différents qui ont marqué l’histoire des Grands Prix motos, toutes catégories confondues. Ce nombre peut paraître énorme, bien qu’il ne tienne pas compte des side-cars, trop souvent oubliés. Pourtant, une bonne partie des patronymes sont familiers. Être champion du monde, peu importe la cylindrée, est l’accomplissement d’une vie. D’ailleurs, la majorité des élus, sur les 74 ans d’histoire de l’organisation, ont aussi performé au plus haut niveau, ou au moins, ont laissé une trace suffisamment importante pour que l’on se souvienne d’eux. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Ensemble, revenons sur les oubliés, ceux qui n’ont laissé que leur sacre mondial.

Avant-hier, nous nous penchions sur le destin particulier de deux champions d’un autre temps : Kel Carruthers et Paolo Pileri. Notre protagoniste du jour, lui, est bien plus récent.

Nicolás Terol est, comme Julián Simón, un enfant de la génération dorée venue d’Espagne. Durant tout le début du XXIe siècle, les ibériques ont inondé les grilles des petites et moyennes catégories, avant de se retrouver au firmament en MotoGP. Il effectue sa première wildcard en mondial à l’âge de 16 ans, lors du Grand Prix de Valence 2004. S’en suit la signature chez Derbi en 125cc. Pendant trois années, Nicolás peine considérablement sur les machines espagnoles. Loin de son coéquipier Lukáš Pešek, il parvient parfois à s’immiscer dans le top 10.

Heureusement, Terol arrive à rebondir chez Pons, qui faisait courir des Aprilia plus performantes. À la surprise générale, il est le grand outsider de la saison 2008. Il monte sur la deuxième marche du podium à Jerez, et remporte sa première victoire à Indianapolis, course écourtée en raison de la pluie. Il confirme l’année suivante, avec une autre victoire et trois podiums. Seulement battu par Julián Simón et Bradley Smith au général, il s’affiche comme l’un des principaux favoris au titre pour 2010.

 

Terol dans ses œuvres, en 2011. Photo : Motoracereports

 

D’autant plus que le génial Jorge Martínez cherche un pilote pour remplacer Simón, et ne tarde pas à engager Nicolás Terol. Déjà deux épisodes furent consacrés à des champions oubliés passés par la structure d’Aspar en 125cc. Comme Aki Ajo, Martínez a la formule magique pour faire remporter des titres. Cette signature propulse Terol dans une autre dimension. L’Espagnol est monstrueux, et quitte rarement le podium. Malheureusement, il est contraint de manquer le Grand Prix d’Allemagne, ce qui pèse lourd dans la course au titre. Il échoue contre Marc Márquez pour « seulement » 14 points – excusez du peu.

Troisième au classement général, puis vice-champion, Nico attaque la saison 2011 en grand favori. Et il ne déçoit pas. Il enregistre un début de campagne spectaculaire, dominé de la tête et des épaules. Il faut attendre le Grand Prix de Grande-Bretagne, à savoir la sixième manche, pour le voir hors du top 2. Dans le même temps, aucun autre pilote ne parvient à s’affirmer comme un prétendant. Le jeune Maverick Viñales se révèle, tandis qu’un certain Johann Zarco monte régulièrement sur le podium.

Mais soyons honnêtes : aucun ne rivalise avec Terol. Zarco aurait pu lui faire la leçon à Misano, mais une célébration hâtive vit le retour in extremis de l’Espagnol ! Une terrible image pour le Français, qui assurait quasiment le titre à Nico. Si Johann parvint à s’imposer pour la première fois à Motegi, il était déjà trop tard. Avec huit victoires et trois deuxièmes places, rien ne pouvait empêcher l’Espagnol de s’emparer de la couronne mondiale, la dernière des 125cc et des deux-temps.

 

Terol était l’un des plus prometteurs de sa génération. Ici avec Marc Márquez et Pol Espargaró à Phillip Island en 2010. Photo : Motoracereports

 

Encore une fois : jusqu’ici, rien ne le prédestinait à figurer dans cette série d’articles, si ce n’est la “récurrence Aspar”. Et pourtant. Comme Julián Simón avant lui, il accède au Moto2 toujours dans la même formation. Mais contrairement à son prédécesseur, la sauce ne prend pas. Terol peine considérablement sur sa Suter Honda 600cc, mais marque une belle progression sur la fin de saison, terminant même sur le podium à Valence ! Tout cela était très prometteur pour 2013. Encore une fois, il délivre. Nicolás s’impose avec la manière à Austin, un exploit réitéré par deux fois plus tard dans la saison. Avec une belle 7e position au championnat, une place en MotoGP dans les années à venir n’était plus un rêve inaccessible.

Personne n’imaginait, à la fin de saison 2013, la descente aux enfers qu’il allait subir. Le début de saison 2014 est catastrophique, marqué par une blessure comme si cela ne suffisait pas. Jamais il n’arrive à faire mieux que 14e, et encore, c’est considéré comme un beau résultat. À vrai dire, cette triste position est sa seule entrée dans les points (!) de toute l’année. Il n’était pas rare de le voir figurer aux alentours de la 24e position, alors qu’il était champion du monde il y a trois ans seulement ! Invraisemblable. Physiquement diminué et largement battu par son coéquipier Jordi Torres, Terol quitte le mondial par la petite porte, pour rejoindre le championnat Superbike.

Alors que l’on pouvait s’attendre à un rebondissement, il n’en fut rien. Sur Ducati, il peine à entrer dans le top 10, et doit à nouveau manquer des courses. À mi-saison, il quitte la série pour tenter de rebondir en Supersport chez MV Agusta. Sans succès. Il abandonne les 600cc en milieu d’année, là encore. Alors qu’il était déjà chargé de la formation des jeunes pour Aspar, il tente un énième retour, en endurance cette fois. Mais le cœur n’y est plus. En 2021 et à seulement 33 ans, il met fin à son activité de pilote. Une triste dégringolade aussi subite qu’inattendue.

Gardez-vous des souvenirs de Nicolás Terol ? Dites-le nous en commentaires !

 

Encore une “victime” de la Bancaja, déjà le troisième de cette série. Ici à Assen en 2010. Photo : Jerko

Photo de couverture : Neuwieser

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