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MotoGP scandales

Aujourd’hui, « Parlons MotoGP » s’intéresse à un sujet très sérieux, voire, l’un de ces nouveaux scandales lié à la disparition d’un phénomène ; l’art du dépassement. Malheureusement, celui-ci n’a pas été respecté par une partie des fans en cette fin de saison, et je vais vous expliquer pourquoi.

 

Les faits

 

Je n’en revenais pas. Chaque année, depuis quelques temps, le trophée Giacomo Agostini du dépassement de l’année est attribué à un pilote lors des MotoGP Awards, la traditionnelle cérémonie de fin de saison. Contrairement aux autres nominations, celle-ci est le fait des fans ; ils ont été appelés à voter sur Twitter, désormais X, pour élire leur manœuvre préférée parmi quatre propositions. Vous pouvez retrouver la vidéo de présentation de ces choix ci-dessous.

 

 

On avait, donc : un très beau freinage de Jack Miller au Mugello. L’Australien, sur KTM, s’affranchit de trois pilotes de manière musclée mais cordiale. Parmi eux, Marc Márquez s’est fait cueillir, tout comme Luca Marini et Marco Bezzecchi, le tout dans l’enchaînement Scarperia/Palagio, un complexe assez difficile. Très bon travail de sa part.

Ensuite, le bijou de Jorge Martín sur Fabio Quartararo en Inde. Certes sur une machine supérieure, le « Martinator », à bout de force, récupère sa position juste après l’avoir perdue grâce à un bonbon de dépassement par l’extérieur, au chausse-pied. Sur le changement d’angle, il parvient à éviter le contact pour reprendre la deuxième place du Grand Prix.

Troisièmement, l’extérieur de Pecco Bagnaia sur ce même Jorge Martín à Sepang dans le virage n°5. C’est l’un des circuits les plus difficiles de la saison, et Bagnaia se permet cette manœuvre monstrueuse sur son rival pour le championnat du monde, le tout à un moment crucial. Sensationnel.

Finalement, l’intrus. Le blockpass de Marc Márquez sur Bagnaia au Mans dans la Chicane Dunlop. Les deux se touchent, Bagnaia est forcé d’aller au large, il perd une position sur Marco Bezzecchi et s’énerve. Ce dépassement n’avait rien à faire dans la sélection. Et pourtant, je vous laisse deviner qui a soulevé le trophée Giacomo Agostini.

 

 

Même pas top 5

 

C’est incompréhensible. Si l’on parle de beau dépassement, alors on pouvait largement choisir celui de Jorge Martín sur Brad Binder en Thaïlande, au terme d’une course exceptionnelle. En plus, c’est celui qui lui donne la victoire. Si l’on aime les blockpass, qui est une technique autorisée même si beaucoup moins propre, alors ne pourquoi pas privilégier celui de Brad Binder pour la gagne en Sprint à Jerez. Et que dire de Pecco Bagnaia, avec ses dépassements en Andalousie, mais aussi, à Misano sur Marco Bezzecchi, encore par l’extérieur.

Et si l’on désirait qu’une seule nomination par pilote, pourquoi ne pas donner le nom de Fabio Di Giannantonio après sa performance de Valence et son attaque sur Johann Zarco.

 

Pourquoi c’est plus grave qu’il n’y paraît

 

MotoGP scandales

Il faut dire que cette saison, Marquez n’a pas été très propre et au milieu de nombreuses investigations de la direction de course. Photo : Michelin Motorsport

 

Vous vous dites peut-être : « Après tout, ce n’est qu’un vote des fans, pas de quoi en faire un foin. » Sauf que c’est ça le plus grave. Les dépassements représentent l’âme du MotoGP. Certains restent dans l’histoire, d’autres font et défont des carrières. Pourquoi se rappelle-t-on de Sete Gibernau actuellement ? Pourquoi Jorge Lorenzo a gardé un « X » entouré d’une flèche sur son casque en MotoGP ? À cause des dépassements. L’art de se faufiler, d’attaquer, de regarder son vis-à-vis dans les yeux, et de dire « je vais freiner plus fort » ; voilà ce qui nous fait lever de notre chaise. Et cet art n’a pas été respecté par certains votants.

Déjà en 2022, Aleix Espargaró avait été volé, lui qui avait réalisé l’une des plus belles attaques de tous les temps à Assen, sur deux pilotes dans le dernier virage. Encore, Fabio Quartararo ne déméritait pas tant, avec son superbe dépassement sur Jack Miller dans le pif-paf à Spielberg. Mais cette fois, c’est trop.

C’est trop, car les votes sur Twitter se comptaient par dizaines de milliers. Les gens ont sciemment choisi celui de Marc Márquez sur Bagnaia, et cela veut aussi dire que la cible votante aime plus ces agissements que d’autres objectivement plus rares, difficiles à réaliser, et propres. C’est pour ça que c’est grave. Alors, je peux déjà anticiper un contre-argument : « Márquez l’a gagné parce qu’il a beaucoup de fans ». Oui, c’est sûrement vrai. Mais pourtant, ce n’est pas comme si les autres nominés étaient inconnus. Il s’agit de Pecco Bagnaia, double champion du monde en titre – même si pas le plus populaire, ou de Jorge Martín, qui avait la faveur des fans sur la fin de saison. Je trouve que c’est facile de dédouaner la responsabilité des votants en se basant sur leur idolâtrie. Et c’est d’autant plus alarmant si c’est le cas ; autant ne pas proposer de vote si c’est pour récompenser les pilotes les plus populaires.

 

MotoGP scandales

Le problème, c’est que les jeunes peuvent s’inspirer de ces modèles s’ils ne sont pas punis, et encore moins récompensés. Photo : Michelin Motorsport

 

Au-delà d’un simple trophée, c’est un courant qui se dessine de plus en plus en MotoGP ; la disparition de l’art du dépassement, seulement maintenu en vie par quelques pilotes sur la grille. Eux qui préfèrent attendre pour tenter, qui veulent éviter le contact plutôt que de le provoquer. J’en profite pour féliciter de nouveau Fabio Di Giannantonio car malgré sa situation contractuelle difficile une année durant, il n’a jamais forcé la main à un adversaire pour s’en affranchir. Il est un exemple à suivre, dont bien des pilotes favoris du public devraient s’inspirer. Et ce vote de 2023 prouve qu’une partie des fans y est insensible.

Lequel auriez-vous choisi ? Personnellement, je pense que celui de Bagnaia sur le « Martinator » se détache assez facilement du reste en raison de la difficulté mais aussi de la symbolique ; il s’en allait chercher le titre mondial après l’avoir dominé en course à Sepang. Oui, il y avait cette histoire de pression de pneu, et peut-être celle-ci fausse-t-elle la donne, mais après tout, il était sélectionné par la DORNA, alors mon choix se porterait sur lui. Dites-moi tout ça en commentaires !

 

J’ai conscience qu’il pilotait aussi de cette manière pour compenser un matériel moins performant. À voir s’il continuera sur la même lancée en 2024. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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