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Trois. Ils ne sont que trois pilotes, dans l’histoire, à avoir obtenu le titre lors d’une première saison en catégorie reine. Cet exploit est particulièrement remarquable, car faire son trou au plus haut niveau mondial prend bien souvent plusieurs années. N’est pas compté Leslie Graham, premier champion 500cc de l’histoire en 1949 et par le fait rookie. Marc Márquez fait partie de ce cercle très fermé, grâce à son sacre 2013. Kenny Roberts, 1er en 1978 aussi. Un troisième homme se trouve dans ce club d’élite, pourtant inconnu au bataillon. Portrait.

Umberto Masetti (1926-2006) n’est pas l’un des pilotes les plus populaires, c’est rien de le dire. Avec Gary Hocking ou Libero Liberati, il fait partie de ces champions du monde 500cc obscurs, que l’histoire avala au fil des années.

Pourtant, au guidon, peu de héros rivalisaient dans les années 1950. Retour en 1949, date du premier championnat du monde motocycliste.

Au départ du Grand Prix de Suisse, organisé sur le tracé de Bremgarten, le jeune Umberto est tremblant. Ce dernier s’apprête à prendre le départ de la course 125cc, sur une modeste Moto Morini. Il fait bonne impression en terminant la course 4e, résultat honorable. Plus tard dans la saison, il progresse et monte sur le podium à deux reprises. En parallèle, il effectue quelques piges sur Benelli en 250cc, engrangeant également de beaux points.

Le grand Masetti. Photo : JD Noske ANEFO


Dans le même temps, rien ne va plus pour les italiens en 500cc. Gilera souffrit d’une déconvenue en 1949, et ne voulait que la première place l’année suivante. Ceci passa par un recrutement de pilotes talentueux et prometteurs : Masetti cochait toutes les cases. Cependant, le n°1 Gilera restait Nello Pagani. Il termina deuxième du championnat inaugural, et comptait bien prendre sa revanche sur l’AJS de Leslie Graham.

Avec l’adoption d’un nouveau cadre, il faudra compter sur les Norton « Manx ». Ces machines, aujourd’hui mythiques, seront emmenées par une équipe de choix, composée entre autres du prometteur Geoff Duke et d’Artie Bell.

La saison s’annonce prometteuse mais rapidement, les favoris déçoivent. Graham et Pagani connaissent un début de saison très difficile, marqué par les abandons. Ce sont les jeunes loups Duke et Masetti qui s’affrontent pour le titre dans une lutte sans merci. Malheureusement pour l’anglais, trois victoires contre deux ne suffirent à contenir la régularité du natif de Borgo delle Rose. Masetti, contre toute attente, devient champion du monde 500cc pour un point seulement.

Masetti à Assen en 1950… un autre temps. Photo : JD Noske / ANEFO

Personne ne l’attendait, mais il est là. Rookie champion du monde, le premier italien de l’histoire. Il le sait : il lui faudra confirmer pour avoir la reconnaissance de ses pairs. Umberto ne tarde pas à le faire savoir. Sous la houlette de Pierro Taruffi, il termine troisième du championnat. Geoff Duke avait trop faim.

En 1952, il réalise une nouvelle masterclass en terrassant la concurrence. Duke voulut courir pour des écurie anglaises, et refusa toute offre des italiens. Ces derniers lui firent payer le prix fort. Masetti offrit un nouveau titre à la mythique écurie Gilera.

Un grave accident en 1953 porta un coup à sa belle carrière. Après avoir manqué un an, il perdit de sa superbe tout en restant fort en piste. Umberto ne fut plus le même. Des apparitions inégales sur MV Agusta et Moto Morini eurent raison de sa passion. Il quitta la 500cc en 1958, et couru pour le plaisir sous licence chilienne jusqu’en 1963, en petites catégories bien entendu. 14 ans après ses débuts, il termina tout de même sur le podium 250cc ! La vitesse ne quitte jamais les grands champions.

 

Photo de couverture : ANEFO