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Le Ministre Allemand des Transports a indiqué qu’il fallait promouvoir les carburants de synthèse et les moteurs hybrides. Contre toute attente, c’est un gouvernement de coalition avec les Verts en son sein qui pourrait démanteler l’initiative bruxelloise d’interdire la vente de tous les moteurs en 2035, et qui avait été défendu par Angela Merkel. Berlin rejoint ainsi la position française.

L’Allemagne procède-t-elle, de nouveau, à un virage à 180 degrés sur l’agenda de décarbonation automobile ? Le Ministre Allemand des Transports et Infrastructures a en tout cas indiqué lundi que son gouvernement ne soutiendrait plus la proposition d’interdire la vente de tous les moteurs thermiques à partir de 2035, telle que l’a proposé la Commission Européenne en juillet dernier.

En juillet 2021, la Commission Européenne a annoncé, via la signature d’un “pacte vert”, la fin des moteurs thermiques en Europe sachant que depuis, cette décision fait débat à Bruxelles. En effet, les véhicules à motorisation hybride sont exclus de l’accord validé à l’été 2021. De plus, rappelons que, lors de la COP26, environ 30 pays et constructeurs se sont engagés à collaborer avec un objectif commun, à l’horizon 2040, pour que tous les véhicules neufs vendus soient à zéro émission. Voilà pour le contexte politique actuel.

Volker Wissing s’est donc opposé aux souhaits de la Commission Européenne en déclarant : « Nous voulons que les moteurs à combustion restent une option, s’ils fonctionnent exclusivement avec des carburants synthétiques », en marge d’un sommet des ministres européens des transports réunis au Bourget dans le cadre de la Présidence Française de l’Union Européenne.

La fin des moteurs thermiques en 2035 est un saut vers le tout électrique qui pose de nombreuses questions. Pour y faire face, la fourniture d’énergie électrique est au centre de toutes les préoccupations. Le nucléaire reste la seule solution pour y parvenir tant au niveau de la production d’électricité ou encore de l’hydrogène.

Dépendante d’une électricité carbonée, l’Allemagne, au contraire de la France, doit trouver des solutions pour défendre sa mobilité et l’ensemble de son industrie automobile dans un contexte de forte inflation de l’ensemble des énergies depuis la crise sanitaire.

Volker Wissing a également mis en avant l’expertise des constructeurs allemands en termes de développement de moteur : « Nous sommes très doués pour produire des moteurs à essence très performants. Cependant, ils émettent du CO2. Nous devons proposer des moyens de mobilité adaptés à chaque besoin. Nous ne pouvons pas compter que sur la mobilité électrique et l’hydrogène pour le futur […]. Nous n’atteindrons nos objectifs climatiques que si nous offrons des services de mobilité que les gens voient comme un progrès. »

Du côté des constructeurs automobiles, cela bouge aussi : les recherches sur les carburants de synthèse s’accélèrent depuis plusieurs mois à travers notamment des constructeurs comme Porsche. Pour Ducati, le futur passe par le carburant synthétique plutôt que par l’électrique. Restera à trouver l’équilibre économique de cette nouvelle énergie, le carburant de synthèse étant aujourd’hui beaucoup plus cher à produire que l’essence carbonée.

Le mois dernier, en France, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, s’est opposé vivement au tout électrique en déclarant, entre autres, dans quatre quotidiens européens : « Ce qui est clair, c’est que l’électrification est la technologie choisie par les politiques, pas par l’industrie. »

Enfin, l’Europe et la France sont loin d’être prêtes à basculer en tout électrique. Début février, dans le cadre d’un autre rassemblement lié à la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne, des ministres des affaires étrangères et de la santé venus de toute l’Europe se sont rencontrés à Lyon. Les véhicules électriques alors utilisés pour les transporter ont été rechargés grâce… à des groupes électrogènes fonctionnant au diesel !