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Après avoir remporté le titre de Champion de France Supersport en 2014, Mahias a été recruté par Yamaha en Superstock 1000 en 2016 pour remplacer Florian Marino, blessé. Le Landais de Mont-de-Marsan remportait deux victoires et totalisait trois podiums. Il devenait ensuite, toujours avec Yam, Champion du Monde Supersport en 2017 et vice-Champion en 2018.

Puis Lucas Mahias avait la lourde responsabilité pour 2019 de remplacer au sein du team Kawasaki Puccetti Racing le quintuple Champion du Monde Kenan Sofuoglu.

Fabien, Lucas Mahias a été Champion du Monde sur une Yamaha du « GRT Yamaha Official WorldSSP Team », puis il a terminé deuxième l’an dernier derrière Sandro Cortese qui pilotait aussi une R6, pour le Kallio Racing. Il est alors passé cette année sur Kawasaki, tandis que la Yamaha semblait dominer. Penses-tu que ce changement était une bonne initiative ?

« Oui, c’est un bon challenge. Actuellement dans les équipes il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Le team qu’il a choisi a démontré dans le passé qu’il était capable de faire de belles choses. »

« Entretemps est arrivée cette Yamaha qui a commencé à dominer depuis deux ans. On a vu que Kenan Sofuoglu, malgré ses indéniables qualités, a commencé à être en difficulté. »

« Concernant la situation actuelle et le choix de Lucas, cela demande beaucoup de travail. S’il a fait appel à moi, c’était certainement qu’il avait besoin d’échanger au sujet des courses et je fais de mon mieux pour l’assister. »

Avant la victoire de Lucas à Magny-Cours dimanche dernier, la dernière première place de Kawasaki en Supersport remontait au 17 septembre 2017 à Portimão, quand Kenan Sofuoglu l’emportait avec 0.080 d’avance sur… Lucas Mahias sur Yamaha. Pourquoi la Kawasaki ZX-6R est-elle restée deux ans sans victoire ?

« Tout simplement parce que l’évolution de la Yamaha lui a donné un avantage certain, notamment du côté du moteur. La Kawa se fait normalement vieillissante de son côté. C’est ce qui explique la domination de la Yamaha, plus que les pilotes en eux-mêmes. »

« L’objectif de ma collaboration avec Lucas était de l’aider à retrouver de la sérénité dans la manière de travailler. De lui proposer également une manière de se fonctionner différente de celle qu’il a connue dans le passé, car c’est un pilote talentueux et très intuitif. Peut-être n’avait-il pas l’habitude de travailler autant avec son équipe technique, comme par exemple pour les débriefings. »

« Ça a été mon rôle et ça a pris un peu de temps pour mettre tout ça en place. Depuis quelques courses, ça a commencé à payer et à Magny-Cours ça a été la consécration d’un travail de son côté et du mien. »

Dimanche dernier, Lucas a réussi à s’imposer face à Isaac Viñales qui disposait d’une moto semblant nettement supérieure : Au 10e des 12 tours, Viñales tournait en 1’41.9 et Mahias en 1’42.2, puis au 11e Viñales en 1’42.3 et Mahias en 1’42.9. Comment Lucas a-t-il réussi à contrer (de peu) Viñales ?

« Déjà grâce à son expérience et sa connaissance de Magny-Cours, mais aussi sa détermination. Et puis la stratégie qu’on avait mise en place ensemble s’est révélée efficace. Bon, ça ne marche pas toujours, mais là ça a fonctionné à la perfection. »

« Ce fut un weekend parfait grâce à la manière dont on avait imaginé la course. Lucas était très nerveux avant le départ et j’ai été obligé de vraiment insister sur le fait qu’il fallait qu’il se détende. »

« Il a géré son weekend à la perfection. Je lui ai dit « là tu as une chance, il faut que tu la saisisses et que tu prennes quelques risques parce que ça fait un moment qu’on cherche à être dans cette position. » Il faut espérer que ça arrivera encore prochainement, mais là il y avait une opportunité de gagner et il fallait la saisir. Et c’est ce qu’il a fait. »

Lucas peut être un charmant garçon, très agréable, mais il peut l’être parfois un peu moins, comme s’en était plainte son équipe GRT à l’époque. Que penses-tu de son caractère ? T’est-il facile de travailler avec lui ?

« Il a un caractère très impulsif et a du mal à gérer ses émotions. Je sais de quoi je parle parce que j’ai été dans la même dynamique parfois pendant ma carrière. Là, je pense que j’ai su tenir les discours appropriés pour qu’il change un peu cette attitude, qui de temps en temps revient, mais je le recadre et il redescend vite. »

« Quand on a initialement discuté, j’étais ouvert pour travailler avec lui s’il acceptait de changer certaines choses, comme par exemple ses « excès d’émotion ». Ça a nécessité un peu de temps pour se mettre en place, mais je trouve que maintenant il se contrôle beaucoup mieux. Il ne faut pas trop le lâcher, je suis derrière, je sais quand je peux le laisser seul ou quand il faut que je sois vraiment là pour éviter certains excès. Et puis ça marche assez bien. Il semble satisfait et les résultats parlent d’eux-mêmes. »

Photos © Kawasaki

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