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Profitant de la pause hivernale des pilotes et d’une actualité moins fournie, nous vous proposons une galerie des principales personnalités francophones du paddock qui, chacune, représente un des innombrables rouages indispensables au somptueux spectacle que sont les Grands Prix.

On entend souvent parler de l’armada espagnole ou des troupes italiennes, mais vous allez découvrir que la colonie francophone, plutôt nombreuse et très unie, n’a pas à rougir de la comparaison.

Dans la lumière ou plus dans l’ombre, prolixe ou plus discret, chacun de ces hommes nous a partagé avec plaisir son univers et son actualité, avec toujours la même passion comme dénominateur commun.

Peu à peu, vous pourrez donc ainsi un peu mieux savoir qui sont, et ce que vivent aujourd’hui, par exemple Claude Michy, Piero Taramasso, Hervé Poncharal, Éric Mahé, Nicolas Goubert, Guy Coulon, Christophe Bourguignon, Florian Ferracci, Christophe Léonce, Marc van der Straten, Miodrag Kotur, Alain Bronec, Jacques Hutteau, Michel Turco, David Dumain, Michaël Rivoire, et bien d’autres.

Cette longue série d’interviews sera tout d’abord diffusée sur le site officiel MotoGP.com dans une version peaufinée, avant d’être accessibles ici dans leur version brute.

Ainsi, au moment où reprendront les Grands Prix, vous serez presque incollable sur la partie francophone d’un paddock particulièrement cosmopolite…


Nicolas Goubert, Directeur exécutif MotoE chez Dorna Sports

 

Quelle est votre année de naissance ?

« 1963 ».

Comment le jeune Nicolas Goubert a attrapé la passion des sports mécaniques ?

« En fait, par mon père qui était passionné de voitures, comme beaucoup de personnes dans la famille. Je suis né à Alès, et c’est une région où il y a pas mal de rallyes. Mon père m’emmenait les voir et on regardait aussi les courses à la télévision. Après, il m’a acheté une moto dès que j’ai pu en faire, quand j’avais huit ou dix ans. Tout est parti de là… »

Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ?

« J’ai commencé à travailler chez Michelin en 1988, où je me suis occupé d’un groupe au centre d’essais voitures. Puis j’ai fait tout un parcours chez Michelin, la plupart du temps en compétition à partir de 1993,  aussi bien en voitures qu’en motos. J’y suis resté jusqu’à fin 2017, toujours dans la compétition étant impliqué en WRC, en WEC, en MotoGP pour citer les principales disciplines moto, avant de rejoindre Dorna Sports début 2018 pour m’occuper de lancer le championnat MotoE de motos électriques. »

Durant tout ce parcours, quels ont été les moments les plus difficiles ?

« Je n’ai gardé que des bons souvenirs (rires). Il y a bien sûr des moments plus difficiles que d’autres mais j’ai eu une chance inouïe car j’ai toujours fait ce que je rêvais de faire quand j’étais enfant. Je m’estime donc vraiment privilégié. »

Y a-t-il eu des moments particulièrement forts qui vous ont tiré des larmes de joie ?

« Le meilleur souvenir, d’une façon générale, c’était de battre les autres manufacturiers  de pneus avec lesquels on était en concurrence quand je travaillais pour Michelin. Les battre grâce à un travail d’équipe était notre plus grande satisfaction. C’était très valorisant. »
« Je pense en particulier à une édition des 8 heures de Suzuka, en 2002 ou 2003. A l’époque, cette course était plus importante pour Honda que le championnat du monde MotoGP, et on commençait d’ailleurs à faire des essais au mois de mars pour une course qui se déroulait en juillet. Honda, pour augmenter ses chances ou minimiser les risques, répartissait ses motos entre Dunlop et nous. On pouvait donc s’étalonner avec les Honda chaussées en Dunlop, qui étaient souvent des motos rapides avec des pilotes japonais très performants à Suzuka. Et cette année-là, on a été particulièrement en difficulté lors des quatre séances d’essais qui précédaient la course. A la dernière seconde, lors de la cinquième séance d’essais, on a trouvé une nouvelle architecture qui convenait extrêmement bien et sur laquelle on travaillait depuis 18 mois environ. La situation était tendue parce qu’on n’avait rien trouvé de concluant lors des quatre premières séances d’essais, et, à la cinquième, on avait seulement un pneu avec cette nouvelle construction à essayer! Il restait 10 jours avant la course quand on a commencé à en fabriquer quelques unités, et ils sont arrivés au Japon au compte-gouttes durant la semaine de la course. On a remporté assez facilement la course car ce pneu était vraiment très nettement supérieur à ce qu’on avait apporté jusque-là et très nettement supérieur à la concurrence. Ce jour-là reste vraiment un très beau souvenir pour les nombreuses personnes qui avaient travaillé en interne sur ce sujet ! »

Pouvez-vous dresser un bilan de cette saison 2019 ?

« Suite à l’incident de Jerez, la saison MotoE a commencé avec trois ou quatre mois de retard. Mais finalement, après ce début de saison difficile où l’intégralité de notre matériel est parti en fumée, on a été très satisfait de pouvoir réellement commencer cette même année, ainsi que d’avoir, malgré les difficultés, pratiquement tenu nos engagements : le championnat a eu lieu et on a fait six courses. Donc, même si on a démarré avec un petit peu de retard, l’essentiel était bien que tout ça ait eu lieu cette année. »

« Notre objectif était de montrer que regarder une course de motos électriques  pouvait être aussi passionnant  que de regarder une course de motos traditionnelles. Et je pense qu’on en a fait la démonstration ! L’attitude de pas mal de personnes du paddock a changé,  à partir du moment où elles ont vu la première course. Au début, les gens étaient un peu sceptiques, ce qui était normal, mais à partir du moment où ils ont vu la bagarre qu’il y avait en piste, ils ont évolué et c’était joué. Cela concerne au  moins  la partie interne que représente le paddock, car après, la difficulté reste de se faire connaître auprès du grand public. Cela prendra forcément du temps car, on n’a eu que quatre week-ends de courses, et même si on peut bénéficier de toute une infrastructure et de la présence des médias et des caméras de télévision de Dorna grâce aux week-ends de MotoGP, il faut forcément du temps pour se faire connaître et toucher un public conséquent. Mais nous sommes patients ! »

Quelles sont les perspectives pour 2020 ?

« Nous allons bien sûr continuer à faire grandir la discipline en  2020. »

« La saison commencera à Jerez et se terminera à Misano. Nous n’irons plus en Allemagne mais nous nous rendrons aux Pays-Bas, et nous aurons un week-end de course supplémentaire, soit un total de 5 week-ends. Sur la saison avec le dernier week-end qui comportera deux courses, soit 5 week-end de course et 6 courses. (Jerez, Assen, Red Bull Ring, Misano et Valence) »

« Concernant le format du week-end , nous allons conserver celui utilisé en Autriche cette année, qui comprenait trois séances d’essais libres. Le vendredi comprendra les séances 1 et 2, le samedi la séance 3 et la qualification, celle-ci étant toujours du format superpole, puis, une course le dimanche matin. À Misano, nous aurons une course le samedi et la course du dimanche matin. Il est à noter que les courses comporteront un tour supplémentaire du fait de l’utilisation d’un chargeur rapide sur la grille de départ qui permettra l’ultime charge après le tour de formation. »
« Avant la première course , nous aurons également deux séances d’essais de trois jours à Jerez: une en mars et une en avril. »

« En ce qui concerne le matériel, voici les principales évolutions :

  • Enel finit le développement de matériel spécifique : les panneaux solaires, les deux types de chargeurs qui se brancheront directement sur le réseau électrique du circuit, ce qui permettra de ne plus faire appel à des générateurs, etc. Tout cela sera  mis en place pour le début de la saison prochaine
  • Au niveau des motos, le couple moteur déjà très élevé, va augmenter de 10% environ dans les vitesses inférieures à 100km/h. D’autres améliorations sont aussi en cours de mise au point. Michelin va travailler sur les pneus, et Öhlins va travailler sur les réglages de la fourche avant pour optimiser l’amortissement dans la phase de freinage. »

Quel est votre moyen de déplacement au quotidien ?

« J’ai une vieille moto Honda que j’ai ramenée du Japon, mais je l’utilise rarement en hiver ! Au quotidien, je conduis une Honda CRX. »


Dans la même série, retrouvez pour le moment les interviews d’Hervé Poncharal, Claude Michy, Piero Taramasso, Christophe Bourguignon, Éric Mahé et Marc van der Straten.