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Profitant de la pause hivernale des pilotes et d’une actualité moins fournie, nous vous proposons une galerie des principales personnalités francophones du paddock qui, chacune, représente un des innombrables rouages indispensables au somptueux spectacle que sont les Grands Prix.

On entend souvent parler de l’armada espagnole ou des troupes italiennes, mais vous allez découvrir que la colonie francophone, plutôt nombreuse et très unie, n’a pas à rougir de la comparaison.

Dans la lumière ou plus dans l’ombre, prolixe ou plus discret, chacun de ces hommes nous a partagé avec plaisir son univers et son actualité, avec toujours la même passion comme dénominateur commun.

Peu à peu, vous pourrez donc ainsi un peu mieux savoir qui sont, et ce que vivent aujourd’hui, par exemple Claude Michy, Piero Taramasso, Hervé Poncharal, Éric Mahé, Nicolas Goubert, Bernard Ansiau, Guy Coulon, Christophe Bourguignon, Florian Ferracci, Christophe Léonce, Marc van der Straten, Miodrag Kotur, Alain Bronec, Jacques Hutteau, Michel Turco, David Dumain, Michaël Rivoire, et bien d’autres.

Cette longue série d’interviews sera tout d’abord diffusée sur le site officiel MotoGP.com dans une version peaufinée, avant d’être accessibles ici dans leur version brute.

Ainsi, au moment où reprendront les Grands Prix, vous serez presque incollable sur la partie francophone d’un paddock particulièrement cosmopolite…


Éric Mahé, Agent des pilotes Fabio Quartararo, Loris Baz, Jules Cluzel, Jérémy Guarnoni et Randy de Puniet.

Quelle est votre année de naissance ?

« 1970 ».

Comment le jeune Éric Mahé a attrapé la passion des sports mécaniques ?

« Par hasard ! Je faisais du BMX mais je n’avais pas l’impression que la moto était un sport. J’avais besoin d’un véhicule pour aller au lycée, mais plutôt que d’acheter une mobylette à 16 ans, j’ai passé le permis petites cylindrées pour avoir déjà le code et bénéficier d’une assurance moins chère le jour où j’aurai une voiture. Je me suis donc retrouvé sur un 80cc trail, ça m’a bien amusé et j’ai pu me rendre compte que c’était du sport: j’ai contracté le virus ! Les choix de vie, ça tient souvent à peu de choses… »

Quelles sont les grandes lignes de votre parcours ?

« Après le BMX, la moto était plus un loisir qu’autre chose ; de plus j’étais étudiant avec un boulot à coté, donc pas énormément de temps disponible. A la fin de mes études, on m’a proposé un poste important, mais je voulais tenter ma chance dans le sport motocycliste. J’ai donc refusé cette offre et commencé la course ; si on m’a proposé un boulot de ce type, c’est que je le méritais, mais à contrario, 22 ans c’était déjà tard pour espérer être pilote professionnel, et je n’ai donc pas hésité très longtemps. »
« J’ai donc été pilote, de 1992 à 2000, en Supersport et en Endurance. »
« Lorsque j’ai arrêté, j’avais toujours la passion de la course et j’ai commencé à m’occuper de Randy de Puniet qui était un peu en difficulté. J’étais ami avec son père et je m’ennuyais au mois de septembre, juste après avoir arrêté de courir. Je lui ai demandé un pass et je suis allé voir le Grand Prix à Valencia. Là, j’observe Randy et trouve qu’il a du talent mais que son environnement n’est pas adapté. Le week-end d’après, il vient chez moi pour faire la fête quand il reçoit un coup de téléphone qui lui apprend que son team a décidé de se séparer de lui. Je prends alors les choses en main pour que ça n’arrive pas. De là, je me suis retrouvé à Rio, le Grand Prix suivant, avec Randy. C’était le début d’une longue histoire… »
« Ensuite, il y a eu, et il y a toujours, Jules Cluzel, Loris Baz, Jérémy Guarnoni et Fabio Quartararo. »

Durant tout ce parcours, quels ont été les moments les plus difficiles ?

« En moto, il y a toujours des années difficiles : des fractures, des déceptions, des années où on a du mal à trouver chaussure à son pied. Je pense en particulier à mes grosses blessures, comme le col du fémur ou les vertèbres, mais aussi à Randy quand il est P4 en MotoGP après avoir vraiment bien roulé, et qu’il se casse la cheville. Il y a aussi la fracture de Jules, à Jerez en 2015, année où le titre lui semblait offert, qui l’a bien handicapé jusqu’à il y a peu. Ce sont des moments difficiles, même s’ils ne sont pas absolument dramatiques. Et puis, il y a aussi les difficultés inhérentes au métier d’agent : trouver un bon guidon pour les pilotes dont je m’occupe. Cela a souvent été difficile mais il y a toujours eu des solutions, même si la descente progressive de Randy a été un peu frustrante : Honda LCR avec Christophe Bourguignon, puis Pramac l’année où la moto est moyenne, puis la catégorie CRT, et jusqu’à aujourd’hui. Oui, c’est un peu frustrant, mais ça fait partie d’une carrière, qui comprend une montée et une descente. »

A l’inverse, y a-t-il eu des moments particulièrement forts qui vous ont tiré des larmes de joie ?

« Oui, à chaque fois que ça gagne ! C’est l’émotion et le sentiment du travail accompli, multiplié par l’adrénaline. Il y a eu la première victoire de Randy en GP250cc, à Barcelone en 2003, ou la victoire de Jules en Moto2 en 2010 à Silverstone ou encore celle de Fabio à Barcelone en 2018 ainsi que ses nombreux podiums MotoGP. Là, oui, j’ai eu les larmes aux yeux, et plus… »

Pouvez-vous dresser un bilan de cette saison 2019 ?

« La saison de Fabio a clairement été excellente, donc le bilan ne peut que l’être aussi ! D’autre part, Loris a bien rebondi, après avoir démarré la saison à sa moitié. Pour Jules, il y a eu des hauts et des bas, et un peu de mise au point à faire avec l’équipe, mais la fin de saison a été plutôt pas mal, avec le renfort d’un nouveau technicien qui restera également l’année prochaine. Pour Randy, bien sûr, c’est plus compliqué car son team a annoncé jeter l’éponge juste avant le Bol d’Or : ce n’est pas une situation facile. Et Jérémy Guarnoni est champion du monde ! J’étais à Suzuka et c’était vraiment sympa car il y a eu beaucoup de suspense. En fin de course, on sentait un certain abattement mais j’ai passé mon temps à répéter que tant qu’il n’y avait pas le drapeau à damier, il pouvait se passer un truc. Et d’un coup, le sort s’en mêle et Jérémy devient champion du monde avec Gilles Stafler et Kawasaki. »

Quelles sont les perspectives pour 2020 ?

« Faire beaucoup mieux l’année prochaine ne va pas être simple ! Si Fabio peut continuer de grandir et de développer son pilotage et son expérience, et si Yamaha lui fournit un meilleur package global, on peut penser voir Fabio rouler comme il a roulé durant toute la deuxième partie de saison 2019. S’il y parvient, il a de grandes chances de monter sur le podium au classement général, et même des chances d’être champion. On ne se fixe pas d’objectif mais la logique voudrait que cela se passe comme ça en 2020 pour Fabio. »
« En ce qui le concerne, Loris est prêt et son team aussi: après cette première demi-saison passée à apprendre la Yamaha R1, on peut espérer de belles choses de Loris. Jérémy est reparti sur le même programme mais, dans l’endurance, il y a plus de paramètres : les coéquipiers, la chance, la casse, les pneus, etc. Donc on verra.
« Quant à Jules, je pense qu’il peut aussi nous faire une solide saison avec l’espoir d’emporter la timbale. »
« Reste Randy, qui n’a pas encore finalisé son programme mais que l’on a déjà vu aux 8 Heures de Sepang. »

Quel est votre moyen de déplacement au quotidien ?

« Je ne sais pas rouler doucement donc je roule très peu en moto. La dernière fois, ça encore fini en appui dans le caniveau. J’ai un Tmax chez mon père et une Kawasaki 750 Z que je lui avais offert quand il a pris sa retraite, mais j’utilise une Volkswagen Sirocco au quotidien. »

 


Dans la même série, retrouvez pour le moment les interviews d’Hervé Poncharal, Claude Michy, Piero Taramasso et Christophe Bourguignon

 

 

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