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Le pilote turc a mené un combat de tous les instants cette saison pour s’imposer dans la course au titre en Superbike face à Jonathan Rea. Après un premier tiers de saison poussif et une grosse déconvenue aux Pays-Bas, le pilote Yamaha a su tenir la corde pour décrocher son premier sacre dans la discipline.

En 2021, Toprak Razgatlıoğlu aura marqué l’histoire du Superbike en devenant le premier pilote turc à remporter le titre dans la catégorie, tout en mettant un terme à l’incroyable séquence de six sacres consécutifs de Jonathan Rea. Un triomphe qui aura mis du temps à se dessiner, le pilote Yamaha devant attendre la Course 2 à Misano, lors de la troisième manche de la saison, pour décrocher son premier succès de l’année.

Suffisant cependant pour instiller le doute chez son adversaire de chez Kawasaki, qui a dès lors fait preuve de nervosité, avec des erreurs dont on avait perdu l’habitude de le voir commettre (par exemple sa chute lors de la Course 1 disputée à Most au cœur de l’été). « Je suis vraiment très content, bien sûr du fait de mon titre de Champion du monde, mais également du fait d’avoir pu me battre sur quasiment toutes les courses avec Johnny [Jonathan Rea] », a ainsi expliqué le tenant du titre 2021 auprès du site officiel du Superbike. « Ce fut une saison incroyable, qui a trouvé son dénouement lors de la toute dernière manche, qui a du reste ameuté beaucoup de spectateurs car tous les scénarios étaient encore possibles en Indonésie. »

Donington, le premier tournant du championnat 2021

Mais si Razgatlıoğlu a pu contester l’hégémonie de Rea cette saison, l’affrontement entre les deux hommes a pris du temps à se mettre en place, le Turc devant en effet attendre la quatrième manche, à Donington début juillet, pour avoir enfin sa première manche référence, qui plus est sur les terres de ses adversaires, avec deux victoires lors des Courses 1 et 2, ne laissant par ailleurs que les miettes, autrement dit un succès lors de la Course Superpole, à Rea. Il faut dire que le Turc a toujours bien performé en Angleterre, où il a signé en 2018 son tout premier podium en Superbike.

Pour autant, le pilote Yamaha a bien failli déchanter dès l’épreuve suivante, courue à Assen, où son rival britannique lui a répondu par un triplé pendant que l’intéressé devait abandonner lors de la Course 2 après s’être fait accroché au départ dans le premier virage par un autre représentant de la marque aux trois diapasons, Garrett Gerloff. « Après mon accident à Assen, je me suis vraiment dit que mes chances au championnat étaient terminées », reconnaît ainsi Razgatlıoğlu, qui s’est dès lors tourné vers l’homme qui faisait office jusqu’ici de référence absolue dans le monde de la compétition moto turc : Kenan Sofuoğlu.

 

 

Un soutien bienvenu alors que le numéro 54 semblait abattu suite à la manche néerlandaise, et qui lui a permis de se recentrer sur l’essentiel pour pouvoir de nouveau aller de l’avant. « Avec Kenan, je ne peux pas dire qu’on a beaucoup parlé du championnat, mais on a plutôt abordé les courses les unes après les autres, et après cette chute à Assen, j’ai en effet pris le parti d’uniquement me concentrer sur les courses pour garder de la motivation. »

« Je prends toujours Kenan comme référence, car il a une grosse expérience », poursuit Razgatlıoğlu. « Vous savez, il a obtenu cinq titres en Supersport [en 2007, 2010, 2012, 2015 et 2016, ndlr], et c’est donc un héro pour moi. Nous nous entraînons beaucoup ensemble. Il m’aide énormément, et il est toujours à mes côtés, ce qui est une bonne chose, je suis vraiment très chanceux de pouvoir compter sur lui. »

« Kenan est un héro pour moi »

Rea plus nerveux que de coutume 

Passée la déception d’Assen, Razgatlıoğlu a donc remis l’ouvrage sur le métier et s’est lancé à la poursuite de Rea, montant constamment en puissance au fil de la saison alors que son adversaire marquait quant à lui le pas, subissant vraisemblablement une pression dont il n’avait pas forcément anticipé l’intensité. « Je pense qu’il a eu beaucoup de pression cette année, ce qui s’est matérialisé par de nombreux accidents et plusieurs erreurs », confirme Razgatlioglu. Il est vrai que le Nord-Irlandais est parti à la faute alors qu’il ferraillait avec le Turc et Scott Redding lors de la Course 1 à Most, permettant au premier cité d’effacer instantanément sa déconvenue des Pays-Bas.

 

 

Il n’en fallait pas plus pour que celui-ci revienne ainsi à la charge dans la course au titre, mais toujours avec ce respect pour celui qui a pu, avant même Sofuoğlu, représenter pour lui une sorte de mentor, notamment lors de son arrivée en Superbike en 2018 au sein du Kawasaki Puccetti Racing. « On s’est félicités mutuellement après la dernière manche », rappelle le pensionnaire de chez Yamaha. « J’adore Johnny, pour moi c’est une légende du Superbike avec ses six titres. Je me souviens de ma première saison en Superbike, en 2018, lors de laquelle il me promulguait des conseils sur tous les weekends de course. »

« J’adore Johnny Rea, pour moi c’est une légende du Superbike »

 

De l’eau a coulé sous les ponts depuis, et le Turc a désormais rejoint Yamaha pour voler de ses propres ailes et tailler des croupières à son ancien parrain, se démarquant de ce dernier par un style de pilotage agressif qui a séduit de nombreux observateurs, quand bien même celui-ci a pu être décrié par certains de ses concurrents en piste. « C’est bien sûr toujours mieux lorsqu’il y a du respect entre les pilotes, mais il ne faut pas perdre de vue qu’on est compétition, et il faut donc tenter de faire de notre mieux lors de chaque course qui se présente », rappelle ainsi Razgatlıoğlu.

 

 

« Certaines personnes estiment que je suis dangereux en piste, mais ce n’est pas du tout mon avis, car si vous regardez bien je n’ai jamais causé le moindre accident. J’essaie toujours de faire des dépassements propres, même si parfois c’est vrai que c’est un peu aux forceps, mais au final personne n’a jamais chuté à cause de moi. »

Razgatlioğlu va désormais aborder la prochaine saison avec le statut de Champion du monde, et de favori qui va avec. Un nouveau test pour le jeune homme de 25 ans, qui a confirmé représenter la relève cette saison. Mais nul doute que celui-ci sera à-même de défendre ses intérêts face à Rea, Redding, ou bien encore Álvaro Bautista.

 

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