Ce dimanche 8 août 2021, Jorge Martín a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Red Bull Ring, au terme du Grand Prix de Styrie.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote espagnol, auteur en Autriche de sa première victoire, pour ce qui ne constituait que sa sixième course disputée dans la catégorie reine.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Jorge Martín sans la moindre mise en forme.


Jorge, pouvez-vous nous décrire comment s’est déroulé votre weekend et votre course du jour ?

« Cela a été un très bon weekend pour moi, même si vendredi je n’étais pas si confiant que cela, mais je savais que j’avais une bonne marge de progression pour le samedi. Mais dès que je me suis retrouvé en piste j’ai été très compétitif : J’ai fini quatrième des FP3, et ensuite nous avons fait du bon boulot lors des FP4 avec les pneus rodés. Je me suis senti très en confiance. »

« Bien sûr je n’avais pas le même rythme que Fabio Quartararo ou Pecco Bagnaia par exemple, mais j’étais proche, et avec quelques pas en avant effectués dans la bonne direction, j’ai pu empocher la pole position, ce qui en soit était déjà incroyable. Au premier départ tout s’est bien passé, mais j’avais tout de même quelques problèmes avec le pneu avant. Mais avec l’interruption de course, j’ai pu changer les pneus et je me suis senti très à l’aise ensuite au second départ. J’ai alors pris la tête de la course tout en essayant de prendre mon rythme. »

« Je savais que la clé, c’était d’être constant, alors j’ai essayé de rester dans la fenêtre des 1’33 et des 1’34. Joan [Mir] m’a mis une grosse pression derrière, alors quand j’ai vu cet écart de deux dixièmes au panneautage, j’ai commencé à pousser davantage. C’était nécessaire car dans les derniers tours c’était dur pour moi physiquement. Je suis très content pour mon équipe et pour moi, mais aussi pour Ducati car c’était très important pour eux que de gagner ici. Je ne m’attendais pas à être le pilote victorieux aujourd’hui, mais c’est super, et j’espère pouvoir fêter ça durant la semaine. »

« Je ne m’attendais pas à être victorieux aujourd’hui »

 

Peu de rookies ont réussi par le passé à s’imposer lors de leur première saison, mais c’est ce que vous avez réussi à faire, au même titre que Brad Binder l’an dernier. Vous aviez déjà mené le Grand Prix de Doha en ouverture de championnat d’ailleurs. Est-ce qu’il y a eu des moments en course où vous avez eu la pression ? A 11 tours du but vous avez notamment reçu un avertissement pour avoir dépassé les limites de la piste, puis il y a eu Joan Mir qui vous a mis la pression dans les dernières encablures…

« Alors qu’il restait encore une quinzaine de tours, je n’étais vraiment pas au mieux physiquement, et j’ai bien cru que c’était la fin pour moi car je savais que Mir était très proche, à tel point que je pouvais entendre sa moto derrière moi… Mais quand j’ai vu ce petit écart, ça m’a rassuré car au final je n’étais pas en train d’attaquer plus que cela, et je pouvais malgré tout conserver mon rythme. J’ai donc essayé de piloter de façon plus fluide, notamment dans le premier secteur, ce qui m’a permis de conserver mon rythme. Les trois derniers tours ont ensuite été assez critiques, mais j’avais creusé cet écart, donc j’ai pu gérer cela et aller chercher la victoire. »

Aviez-vous déjà connaissance cette saison que vous étiez en mesure de gagner ? Et maintenant que vous vous êtes imposé, quelle est votre vision du reste de la saison ainsi que des prochaines ?

« Je ne pense pas trop à cela. Il faut simplement progresser à chaque course, et au final c’est bien ce qu’il se passe. Bien sûr le départ au Qatar a été sympa, et il y avait déjà eu alors une possibilité de victoire, mais à l’époque je n’étais pas suffisamment confiant pour y arriver. Après mon accident de Portimão, toute mon attention s’est concentrée sur cette course. Pas celle-ci en particulier, mais aussi celle de l’année prochaine, car je savais pertinemment qu’il s’agissait de l’une des meilleures pistes pour Ducati, donc je me suis dit que c’était l’endroit idéal pour tenter d’aller chercher la victoire, et dès lors j’ai été concentré à 100% sur cet objectif. Hier et même aujourd’hui je ne m’attendais pas à y parvenir. »

« En ce qui concerne l’avenir, bien sûr la semaine prochaine va constituer une nouvelle chance pour nous de gagner une nouvelle fois. Je pense que nous avons encore des gains possibles sur cette piste, par endroit je pense que nous pouvons encore gagner un ou deux dixièmes. Pour l’an prochain, je ne veux pas y penser. Cela reste seulement ma sixième course en MotoGP. Il est clair que le potentiel est là pour faire de belles choses, mais le niveau est tellement élevé en MotoGP, et toutes les marques travaillent si dur qu’il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. Je sais bien que c’est ce que fait Ducati, qui travaille beaucoup. Mais en tout état de cause j’ai la sensation que je suis au bon endroit pour laisser mon style de pilotage s’exprimer. Je suis donc très content et confiant pour l’avenir. »

« Je pense que nous avons encore des gains possibles sur cette piste »

 

 

Quelles sont vos limites ?

« Quand vous vous battez pour la pole position, il est évident que vous êtes déjà à la limite, car nous sommes en MotoGP et à partir du moment où vous vous battez pour le meilleur temps, il n’y a plus grand-chose de plus à faire. Je vais bien sûr essayer de continuer à progresser, mais typiquement je ne pense pas qu’aujourd’hui j’aurais pu faire mieux. Je pense que nous avons un bon potentiel, au même titre que la moto. Mais très honnêtement je ne songe pas à mes limites, je me contente simplement de faire de bons résultats, pour moi-même ainsi que pour l’équipe. »

« Je ne pense pas que j’aurais pu faire mieux aujourd’hui »

 

Vous êtes le premier pilote à vous imposer pour le compte d’une équipe satellite Ducati, et Pramac semble vraiment vous apprécier…

« Je suis en effet le premier pilote à gagner pour Pramac, et c’est quelque chose de spécial pour moi car Johann Zarco a été tout proche de gagner avant moi. Honnêtement, je ne réfléchis pas en termes d’équipes satellites ou d’équipes indépendantes, car dans l’immédiat je suis encore en train de tout découvrir à chaque course. Mais ce qui est sûr c’est que je me sens incroyablement bien chez Ducati et chez Pramac. Et je suis très content de leur avoir apporté ce résultat. »

L’an dernier, lors de la seconde course en Autriche, nous avions assisté à des résultats assez différents de ceux observés lors de la première. Pensez-vous que la même chose va se reproduire dimanche prochain ?

« Je pense que dimanche prochain, tout le monde aura fait un pas en avant et sera plus proche. Il devrait donc y avoir plus de batailles lors des prochaines courses, mais je vais essayer d’être le mieux préparé que je peux, et essayer simplement d’être compétitif. »

Nous avons vu ce weekend trois drapeaux rouges pour trois courses disputées. Doit-on en conclure que ce circuit est trop dangereux pour le MotoGP, et qu’il faille réfléchir à modifier son tracé ?

« Selon moi, il y a bien sûr des choses à améliorer mais c’est surtout le virage 3 qui est assez critique. C’est là que se déroule la plupart des accidents qui mènent généralement à des interruptions de course. Mais le tracé va changer à l’avenir, donc j’imagine qu’ils vont résoudre ce problème. Il y a aussi un autre endroit où vous arrivez en haut d’un promontoire et vous ne voyez pas spécialement ce qu’il y a derrière. »

Vous avez été Champion du monde de Moto3 par le passé, mais aviez-vous été à l’époque soumis à une pression aussi élevée qu’aujourd’hui ?

« Aujourd’hui, je ne peux pas dire que j’ai ressenti une énorme pression. J’ai bien ressenti de la pression par le passé, lorsque faute de victoires je pouvais très bien me retrouver sans guidon par la suite. Dans ces moments je pense avoir su faire preuve de maturité par le passé et avoir bien géré la pression. En ce qui concerne aujourd’hui j’ai bien sûr ressenti la pression de Joan, mais ça a été. Je me souviens avoir ressenti pas mal de pression également en Moto2 où je ne parvenais pas à m’échapper. Mais j’avais alors réussi à rester concentré durant toute la course. Aujourd’hui ce fut une nouvelle course difficile, une nouvelle bataille difficile à mener, et je pense que cela s’est joué davantage sur le mental qu’en piste. »

Aujourd’hui, cela s’est joué davantage sur le mental qu’en piste » 

 

 

Vous venez de remporter votre première course en MotoGP, mais pour autant vous semblez parvenir à garder la tête froide et à analyser la course. Pensez-vous que ce calme dont vous faites preuve fait partie de vos plus gros atouts ?

« Quand j’ai vu cet écart d’une seconde et demi, j’ai compris que j’avais course gagnée. J’étais content mais aussi très fatigué… Donc, c’est pour cela que j’ai réussi à rester calme, car je n’ai pas eu à me battre jusqu’au dernier virage face à Joan Mir. Mais si cela avait été le cas, je pense que c’eut été une histoire différente. »

Vous avez expliqué que vous aviez rencontré des problèmes avec votre pneu avant lors de la première partie de la course, pouvez-vous nous en dire plus ?

« Il y a des pneus qui fonctionnent bien, et d’autres moins. Dès que je suis sorti de la voie des stands j’ai senti que l’avant ne fonctionnait pas très bien, et quand je me suis retrouvé derrière Pecco Bagnaia j’ai bien failli chuter. J’étais donc inquiet, mais fort heureusement j’ai pu chausser d’autres pneus par la suite et c’était parfait. »

Johann Zarco a expliqué qu’il avait rencontré des problèmes à l’accélération lors du passage des trois premières vitesses. Avez-vous expérimenté le même problème ?

« Dans les derniers tours j’ai en effet également rencontré du patinage sur les deux premières vitesses, mais je pense que le pneu était assez endommagé. Mais j’ai tout de même pu gérer cela de bonne manière. »

Vous avez semblé très concentré durant tout le weekend. Suivez-vous une quelconque préparation mentale pour arriver à cela, ou est-ce que cela fait tout simplement partie de votre personnalité ?

« Lors de la pause estivale, j’ai eu pas mal de changements dans ma vie. Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, mais maintenant je suis en effet bien plus concentré et avec l’esprit clair. »

En fin de course vous avez été averti pour avoir dépassé les limites de la piste. Est-ce que vous avez été inquiet d’être pénalisé ?

« Je savais exactement combien de fois je suis parti à l’extérieur, et dès que j’ai touché le capteur la première fois j’ai été averti. J’étais un peu nerveux à ce moment-là, et en plus quand je suis arrivé dans le premier virage tout de suite après je suis parti un peu large, mais cela ne s’est produit qu’une fois. J’ai juste essayé de rester concentré et de ne pas sortir des limites de la piste, et finalement cela n’a pas été si difficile, donc ça va. »

 

Grand Prix MotoGP de Styrie sur le Red Bull Ring : Résultats 

 

Crédit classement : MotoGP.com

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