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Le Championnat du Monde d’endurance est lui aussi pris dans la tourmente qui bouleverse le monde entier, et le monde sportif en particulier. Le nombre de ses épreuves est moins élevé que par exemple en Grand Prix ou en mondial Superbike, mais leur longueur en fait une spécialité très particulière où les courses ne peuvent pas se succéder à un rythme très rapide pour rattraper le temps perdu, comme cela est envisagé dans d’autres disciplines.

François Ribeiro, Head of Eurosport Events, adapte avec soin le calendrier du Championnat du Monde au fur et à mesure que la situation évolue. C’est d’autant moins évident à faire que la crise progresse à des rythmes différents selon les pays, ce qui influe sur les équipes, les pilotes, les circuits et les organisateurs, entre autres.

Quel est le point de vue général d’Eurosport Events, organisateur du Championnat du Monde d’endurance, sur la situation actuelle ?

« Aucun promoteur n’était préparé à une crise sanitaire globale d’une telle ampleur. Elle a paralysé le monde et celui du sport mécanique. La plus grande difficulté est la gestion des incertitudes sur l’évolution de cette pandémie et l’évolution des décisions d’un pays à l’autre qui n’évoluent pas au même rythme. Nous faisons tout pour préserver le championnat dans le respect des mesures gouvernementales et notre priorité reste la protection et la santé de tous les acteurs de l’Endurance. »

En France, les grandes manifestations sportives ou culturelles, les festivals, les grands salons professionnels, tous les événements qui regroupent plus de 5 000 personnes ne pourront pas se tenir avant le mois de septembre. L’organisation des 24 Heures motos prévues les 29 et 30 août est-elle donc compromise ?

« Le déconfinement dans une semaine n’est même pas certain : c’est un cadre de travail qui sera évolutif et peut être amené à être révisé à tout moment. Vous imaginez donc comme il est délicat de parler d’un événement qui se déroule dans 4 mois ! Depuis les dernières annonces du Premier Ministre sur la tenue des évènements sportifs en France avant le mois de septembre, l’ACO, organisateur des 24 Heures Motos, la FFM, Fédération Française de Motocyclisme et Eurosport Events, promoteur du Championnat du Monde FIM EWC, travaillent à assurer l’organisation des 24 Heures Motos et étudient tous les scenarios possibles au déroulement de la course en conformité avec les mesures de protection sanitaire. La volonté est très forte de toutes les parties d’organiser cette course. »

Si les 24H Motos du Mans sont reculées, leur date risque d’être très proche de celle du Bol d’Or, prévu pour les 19 et 20 septembre. A combien de temps estimez-vous le minimum nécessaire entre deux courses de 24 heures ?

« Le Tour de France a obtenu une dérogation pour le départ de son épreuve à deux jours du 1er Septembre. Il est trop tôt pour parler de report. L’idéal serait de conserver cette date qui offre 3 semaines aux teams pour se préparer. »

Pirelli, Champion du Monde en titre avec SRC Kawasaki, a annoncé son retrait du Championnat du Monde d’endurance. Quelle est votre réaction ? Vos pourparlers avec Michelin progressent-ils ?

« Le sport mécanique doit se préparer à de nombreux retraits de marques, sponsors, constructeurs de la compétition. Une forte diminution des budgets serait un moindre mal. Le manufacturier italien a décidé de se retirer en cours de saison. Eurosport Events prend acte de ce départ sans préavis qui laisse plusieurs équipes sans partenaire : 12 des 35 équipes sous contrat roulaient en Pirelli cette saison. »

« Nous travaillons avec les teams de pointe précédemment soutenus par Pirelli pour minimiser les effets de ce retrait. Les équipes privées ont la possibilité de s’inscrire en EWC Dunlop Independent Trophy qui offre des primes substantielles aux meilleurs teams indépendants équipés en Dunlop. »

« Michelin n’est pas encore partenaire du championnat. Ils sont revenus dans l’endurance pour valider le développement de leurs produits. Nous communiquerons sur un éventuel accord avec eux qui leur permettrait de revenir d’une manière plus significative en endurance lorsqu’il y aura matière à communiquer. »

Yamaha a annoncé le forfait de sa principale moto d’usine aux 8 H de Suzuka (décalées au 1er novembre 2020). Seule la R1 du YART, engagée permanente,représentera ce constructeur. Quel est votre opinion sur cette défection ?

« La décision sur la moto officielle #21 aux 8H de Suzuka a été prise par Yamaha en 2020, sans rapport avec le Covid-19.  Elle correspond à un souhait de Yamaha de valoriser son équipe permanente en FIM EWC. Le YART est une équipe solide et expérimentée qui portera les couleurs de Yamaha sur les Suzuka 8 Hours, avec le soutien complet de l’usine. »

« Ce constructeur avait annoncé en 2015 à son retour que l’usine s’engageait pour cinq ans sur les Suzuka 8 Hours. Les cinq années ont été couronnées de 4 victoires et un podium, objectif largement atteint. »

Dorna va aider financièrement les équipes en GP et WSBK. Eurosport Events envisage-t-il de faire de même pour les engagés permanents du Championnat du Monde d’endurance ?

« Chaque promoteur doit protéger l’eco-système de son championnat, très diffèrent d’une série à l’autre. Le meilleur moyen de le faire est d’assurer la tenue des courses pour que les teams conservent une activité économique et opérationnelle. Sans course, aucun team ne peut survivre. Comme en Formule 1, l’économie des teams engagés dans les championnats GP, Moto 2, Moto 3 et WSBK repose sur une subvention importante du promoteur à chaque équipe, par contrat en fonction de leur statut, depuis des années bien avant la crise du Covid-19. Ces équipes ont demandé au promoteur un versement ou une avance de ces subventions pour maintenir leurs structures en attendant que l’activité reprenne. »

« Les teams FIM EWC pros ou privés ne reposent pas sur une contribution économique du promoteur. Au-delà de ce que nous avons déjà annoncé pour les soutenir, la priorité est d’assurer la continuité du calendrier avec un objectif de réduction des coûts pour qu’il y ait le minimum de rupture d’activité pour les teams. »

 

 

Photos : Sepang et le Bol © David Reygondeau pour Eurosport Events