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Il s’appelle Martin Renaudin, il est sympa, et il y a moins deux autres raisons de s’intéresser à lui : D’une part ses résultats en championnat de France FSBK Superbike le placent directement au milieu des pilotes bien plus aguerris que sont Valentin Debise, Kenny Foray, Mathieu Gines, Alan Techer, Axel Maurin, Valentin Suchet, Gregory Leblanc et David Muscat, et d’autre part il est soutenu par une communauté particulièrement active sur les réseaux sociaux.

Mieux, il mène la catégorie Challenger des Superbike, et pourtant, tout n’est pas rose pour autant…

Nous lui avons donc donné la parole pour essayer de comprendre les difficultés que rencontre un pilote privé aujourd’hui, ainsi que ses aspirations futures.


Martin, peux-tu te présenter pour le grand public qui ne te connaît pas ?
Martin Renaudin : « Je m’appelle Martin Renaudin. J’ai 23 ans. Je suis né au Mans. Je fais de la moto depuis l’âge de trois ans et demi puisque mon papa a eu la bonne idée de me mettre sur un PW (rires). J’ai commencé la compétition à sept ans puis j’ai fait du championnat de France 50, 80, 125, 600, et me voilà maintenant en 1000 Superbike Challenger à me battre avec les grands. Cette année, on a fait un beau début de saison et on arrive à se battre avec les meilleurs de la catégorie. »

Effectivement, ton nom commence à émerger très régulièrement dans les communiqués officiels du championnat de France, mais ce qui nous intéresse aussi, c’est que c’est la première fois où il y a une opération d’aussi grande ampleur dans la communication, puisque Yann Marian et Alexandre Huez ont décidé de t’aider avec leur communauté Moto&GPaddict. Peux-tu nous en dire plus dans ce domaine ?

« Oui, c’est une première et j’en suis très très fier, parce que ça reste une toute petite équipe familiale, et avec très peu de budget on arrive à lutter contre les teams officiels et les cadors de la catégorie. La visibilité de Yann me permet de me faire connaître dans le monde de la course pour mettre en avant ce qu’on est capable de faire. Après, tout le monde pense ça nous a changé la vie financièrement, mais alors pas du tout : actuellement, je ne suis pas capable de finir le championnat financièrement ! Ça, les gens ne savent pas, car les réseaux sociaux sont un peu trompeurs. On essaie de faire passer le message car c’est dur pour tout le monde et on continue à se battre, mais pour l’instant on ne peut pas finir le championnat. »

Pourtant, il y a beaucoup de personnes qui suivent ton aventure : Combien sont-ils ?
« Sur les réseaux sociaux de Moto&GPaddict, il y a pas loin de 100 000 abonnés sur Facebook et 14 000 sur instagram. L’année dernière, on a eu pas loin de 800 000 vues, donc c’est quand même un peu de visibilité ! Maintenant, mes réseaux sociaux commencent à bien monter et il y a un certain engouement car les gens s’intéressent de plus en plus. »

Avoir une communauté, c’est très bien, mais est-elle solidaire financièrement ?
« En début de saison, il y a eu une tombola qui a été mise en place pour les deux jeunes du team, Livio Mirabel et Hugo Robert, et on a divisé une partie de cette somme pour par exemple financer le paiement du box et les kits déco de toutes les motos. On essaie de faire marcher tous nos partenaires et en même temps, que les gens qui ont participé à la tombola puissent aussi avoir des lots en retour. »

Tu te bats donc sur deux plans, en piste sur la moto et financièrement pour finaliser ton budget 2022 et pouvoir préparer celui de la saison prochaine, puisqu’on imagine que tu souhaites rempiler en 2023…
« Oui, mais j’aimerais éviter de recommencer dans les mêmes conditions. Mon père a 63 ans et bricole tous les jours sur la moto, on passe la moto à travers la maison, on fait tout tous les deux et on va s’entraîner tous les deux avec notre camion : c’est énormément d’énergie et les gens ne se rendent pas compte que pour arriver à la hauteur de ceux qui sont devant, on est obligé de faire encore plus ! Essayer de continuer de faire de la moto dans de meilleures conditions, ce serait vraiment top. »

Donc si un gros team du FSBK te contactait pour trouver une solution, ce serait l’idéal ?
« Exactement ! »

Tu as bon espoir ?
« Oui, sinon je ne serais pas là (grand sourire). Et si on n’a pas d’espoir, il faut tout arrêter, ça fait partie de la vie. »

Malgré la situation difficile, et anormale, dans laquelle il se trouve, Martin Renaudin répugne à la facilité de créer une cagnotte sur Internet. A priori, il réfléchit plutôt à une vente de T-shirts pour que chacun ait quelque chose contre son argent. Si cette idée se confirme, nous vous en ferons part… car il le mérite !