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Pour continuer notre série de débriefings avec Hervé Poncharal, nous avons souhaité recueillir sa vision après les essais privés Moto2 qui viennent de s’achever sur le circuit de Valence. En effet, ceux-ci sont toujours plus difficiles à décrypter, et ce, pour plusieurs raisons.

Le patron du team Tech3 Racing Moto2 a bien voulu nous éclairer sur cette situation un peu confuse, sans pour autant que celle-ci ne vienne ternir sa satisfaction.

 Hervé Poncharal : « Ces essais sont toujours atypiques, car ce sont des essais privés ou, d’une part, il n’y a pas tout le monde, et d’autre part, certaines têtes d’affiche n’utilisent pas de transpondeur. De plus, certains moteurs prennent 15 km/h de plus que les autres, alors que nous, nous rachetons chaque année les moteurs de la saison passée et nous avons donc les moteurs Moto2 officiels.
Dans le même esprit, nous utilisons exclusivement le pneu arrière médium alors que chez Dunlop il existe des solutions se rapprochant davantage d’un pneu de qualification. C’est pour cela que, ce soir, Xavi Vierge a arrêté de rouler à 16 heures alors que ça commençait à s’animer en passant les pneus tendres. Il faut donc savoir relativiser les chronos de ces essais.

Ceci dit, nous sommes vraiment très heureux car c’est la première fois que l’on roule avec la moto 2017, et c’était la seule fois avant les essais IRTA, même si, là non plus, les moteurs ne seront pas les moteurs officiels que nous n’aurons qu’au Qatar. Ça s’est vraiment franchement très bien passé et on sent que Xavi commence à avoir de la bouteille et du métier. Il a fait la comparaison entre la nouvelle moto celle de l’année dernière, et toutes les petites évolutions se sont révélées positives sur le modèle 2017, comme un carénage peaufiné dans les détails grâce à ce que l’on a appris en soufflerie, la nouvelle ligne d’échappement Sakura ou des nouvelles suspensions Kayaba. D’ailleurs, toute l’équipe Kayaba était sur place et nous avons très bien travaillé avec eux, et, en fin de compte, ces essais ont été pris comme ils doivent être pris, c’est-à-dire comme une séance de travail sans se focaliser uniquement sur les chronos.

Nous sommes donc vraiment contents et je pense que, comme je vous le disais concernant Johann qui est bien dans sa tête et confiant, c’est la même chose pour Xavi. Même s’il n’a que 19 ans, il a un peu une attitude de vieux briscard.

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De l’autre côté du box, cela a été un peu plus compliqué parce que Rémy a moins d’expérience de la Moto2, et possède un style de pilotage encore basé sur la vitesse de passage avec beaucoup d’angle. Il ne redresse pas la moto comme peut le faire Xavi et cela patine encore beaucoup à l’accélération. Il est encore un peu fébrile et a chuté à la fin de la première journée.
Je pense que ce n’était pas vraiment nécessaire de se mettre par terre si tôt, et qu’il valait mieux travailler sans se focaliser sur faire craquer un temps. J’étais donc un peu déçu mais cela arrive. Aujourd’hui, il était sans doute un peu plus sur la défensive, et c’est pour cela qu’il n’a pas amélioré. Malgré tout, on voit qu’il y a des choses vraiment intéressantes dans la manière dont il pilote. Ce n’est pas la première fois qu’il roule en Moto2 mais, sans vouloir être prétentieux, on sent que, pour l’instant, il est encore très ‘brut’. Il n’a pas trop l’habitude d’avoir autant de personnes qui lui posent des questions, que ce soit son ‘datas guy’ où les ingénieurs de Kayaba, donc il va falloir travailler sur le diamant qui est encore brut, pour le polir un peu.

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Globalement, l’équipe a vraiment bien travaillé et était enchantée de Xavi, et nous sommes donc très contents même s’il est un peu frustrant de participer à ces séances d’essais qui ne sont pas aussi strictes que celles organisées en MotoGP.
Mais nous voyons le bon côté des choses : c’est la deuxième année où notre moto progresse dans la bonne direction, c’est la deuxième année où nous travaillons avec Kayaba et c’est la deuxième saison d’Antonio Jimenez, qui est un élément très important dans notre organisation Moto2. Il est persuadé que nous avons une bonne moto et commence à bien la connaître, donc nous sommes bien armés pour faire une bonne année. Vous le savez, je suis très attaché à ce programme Moto2, il me tient vraiment à cœur et j’espère que cette année sera gratifiante.  »

L’arrivée de Suter vous procure-t-elle un challenge supplémentaire ?

« Oui. Personnellement, je suis très heureux que KTM arrive, et je suis très heureux que Suter revienne, parce que ce sont des gens que j’aime beaucoup et qui ont fait beaucoup de boulot. Il était dommage que l’on ait cette sorte de monopole et d’uniformité. C’est pour ça que nous avons construit et conservé notre châssis, que nous avons pris la décision de travailler avec Kayaba, et je ne la regrette absolument pas, et que pour les freins nous travaillons avec Nissin qui n’est pas le manufacturier le plus populaire. C’est l’essence même de la course et de la vie que d’avoir de la diversité ! Je suis donc très heureux de voir que, même si on en n’est pas aux 13 manufacturiers de châssis que nous avions en 2010, nous en avons cinq cette année avec Kalex, KTM, Tech3, Suter et SpeedUp.

Pour terminer, la semaine dernière, nous avons beaucoup parlé des très belles performances de nos deux pilotes, Zarco et Folger, en MotoGP, ainsi que de celle d’Alex Rins. Ce sont tous des pilotes qui sortent du Moto2 et ce championnat a vraiment un niveau magnifique. »

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