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Voici quelques extraits d’une longue et intéressante interview accordée à Motociclismo par Jorge Lorenzo avant Misano.

Le champion majorquin y passe en revue toutes les caractéristiques de cette année, à commencer par sa position au classement jusqu’à sa relation avec Rossi, en passant par son problème sous la pluie…

Pouvez-vous rattraper Marc Marquez ?

« Jusqu’à présent, nous avons perdu beaucoup de points dans ce championnat du Monde. En partie à cause de nos erreurs, comme en Argentine, et parce que nous avons fait des places très en arrière dans de nombreuses courses, puis il y a eu des fautes des autres, comme à Montmeló où Iannone m’a fait chuter. Puis-je rattraper Marc ? C’est peu probable, mais possible, et nous devons donc être aux avant-postes, si cela se produit. Il est préférable de penser course par course et d’essayer d’obtenir 25 points à chaque fois. »

Est-ce le championnat le plus curieux depuis que vous êtes en MotoGP ?

« Si vous regardez d’un point de vue général, peut être que oui, avec autant de vainqueurs différents et de nombreuses chutes parmi les favoris. Personnellement, 2008 a été très étrange pour moi, car j’étais « rookie » mais tout a commencé incroyablement bien, puis la saison s’est gâtée, avec des chutes et des blessures. Cette année, j’ai eu beaucoup de chutes, mais heureusement, je n’ai pas été blessé. »

A priori, l’ensemble Yamaha-Michelin-Électronique semblait être le plus compétitif ?

« Tous disaient lors de la pré-saison que c’était le favori et, réellement, j’ai été beaucoup plus rapide que les autres seulement lors du test de Sepang. Mais il est certain que je pensais être beaucoup plus consistant, avec plus de victoires et surtout plus de podiums. Mais le championnat s’est déroulé ainsi. La clé consiste en ce que nous n’avons pas été rapides sur le mouillé, et pas vraiment non plus dans des conditions de piste froide comme à Assen. Mais en ce qui concerne la rapidité, je suis le pilote qui a fait le plus de tours en tête dans le championnat, et sur le sec, nous sommes autant compétitifs que l’année passée. S’il n’y avait pas eu tant de courses sous la pluie, nous aurions été leaders ou au moins tout près de Márquez, mais le manque de compétitivité sur le mouillé nous a beaucoup handicapé. »

L’eau est-elle de la Kryptonite pour Jorge Lorenzo ?

« Je n’ai jamais été un spécialiste de l’eau mais, avec Bridgestone, je me défendais et j’ai gagné des courses dans le passé. Avec de l’eau ou de faibles températures, les Michelin avant ne me donnent pas de sensations et quand je ne fais pas confiance au pneu avant, je perds confiance. Je freine avant les autres et je passe plus de temps dans la courbe avec le frein serré. La zone de travail des pneus est très petite, et si je ne peux pas l’atteindre, en pilotant très finement et en atteignant la température, je souffre. »

Diriez-vous que le retour de Michelin vous a handicapé ?

« Dans ces circonstances exceptionnelles d’eau et de froid, oui. Je suis sûr que j’aurais eu moins de zéros avec Bridgestone, car dans ce cas vous pouviez sauver la plupart des chutes de l’avant, alors que maintenant, si vous perdez l’avant, dans 90% des cas vous ne pouvez pas rattraper. Bridgestone avait un pneu avant meilleur et plus sûr, et Michelin a un pneu arrière avec beaucoup plus d’adhérence. »

Est-il possible d’améliorer ce point faible ?

« Pour être rapide sur le mouillé, il y a mille façons de s’entraîner, mais en MotoGP je pense qu’elles ne sont pas très efficaces. On pourrait mouiller une piste et tourner en supermotard, mais cela n’a rien à voir avec la Yamaha. Ce serait comme si vous vouliez améliorer votre jeu de tennis en faisant du ping pong. »

Les choses sont revenues à la normale entre Marquez et Rossi depuis Barcelone ?

« Dans le cas de Rossi et Marquez, c’est ce qu’il paraît. Mais je suppose que Marc a intérêt à être bien avec Rossi. Il avait prévu ce rapprochement cela lui paraissait bien de faire la paix avec Valentino en direct, et de donner sa main sur le podium. Cela a aidé Marc médiatiquement, parce que les millions de fans de Rossi l’ont critiqué. Maintenant, il semble qu’ils recommencent à me critiquer. »

Mais cela ne vous dérange pas.

« Je ne m’en soucie pas du tout. Le week-end prochain, nous allons à Misano et je sais que si je suis sur le podium, il y aura des huées mais cela m’est égal, parce que je sais d’où elles viennent. Lorsque vous les recevez, c’est parce qu’ils ont peur et que tu bats le pilote qu’ils soutiennent. »

Votre relation avec Rossi est-elle réglée ?

« Il n’y a pas de relation, mais cela m’est absolument égal. Pour moi, la relation est très bien comme elle est. Nous sommes coéquipiers, tout le monde fait son travail, point. À mon avis, il a eu tort dans sa stratégie et en nous accusant Marc et moi de choses très graves. Dans l’avenir, je ne sais pas ce qui se passera ou si ce sera une relation, mais ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe. Si je souhaitais ou comprenais la nécessité de bien s’entendre avec Valentino pour être plus rapide, je le ferais. Mais si c’est juste pour empêcher les fans de Valentino de me siffler, je ne m’en soucie pas. C’est préférable si vous vous entendez bien avec tout le monde, mais cela reste un travail. Peut-être que quand nous nous arrêterons de nous affronter sur la piste, la situation va changer, nous verrons… »

Votre passage à Ducati est-il le plus grand défi de votre carrière ?

« Le plus grand défi de ma vie a été lorsque j’ai commencé dans la Championnat du Monde avec Derbi. Cela était difficile parce que je devais obtenir des résultats pour continuer à réaliser mon rêve, et sinon, je rentrais à la maison. Là, c’était une pression. En ce moment, je suis ici pour la passion et parce que j’aime mon travail. Je n’ai pas la même pression que lorsque j’avais 15 ans ou moins. J’ai choisi ce défi parce que je le voulais et parce je croyais qu’il était temps. J’ai passé de nombreuses années dans la même équipe et imaginé un changement. Et surtout, parce que je voulais essayer d’obtenir quelque chose de grand avec une nouvelle marque. Quelque chose que seulement un pilote a réussi, Casey Stoner, gagner le MotoGP avec une Ducati. Je ne sais pas si je pourrai le faire, mais je vais là-bas avec beaucoup d’enthousiasme et de désir. »

Certains disent qu’on ne peut pas piloter la Ducati comme Lorenzo pilote.

« Je pense que le mythe que Lorenzo ne peut aller vite qu’avec une Yamaha n’est pas vrai. Si vous regardez ma carrière depuis le début, j’étais déjà rapide avec une Derbi, une moto qui était très compliqué et avec laquelle j’ai gagné des courses. Ensuite, je suis parti sur une 250 cc Honda qui exigeait un pilotage agressif, et là encore je roulais vite, j’ai fait des pole positions et des podiums. L’année suivante, j’ai couru avec Aprilia, une moto complètement différente, et dès le début j’étais en haut. Puis je suis allé en MotoGP et à la première course, j’ai fait la pole avec Yamaha. Celui qui est rapide est rapide, et il le sera dans n’importe quelle catégorie et avec n’importe quelle moto. »

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