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Déjà remises au goût du jour par le team Ducati au Grand Prix de Malaisie 2017 avec le célèbre « Suggested Mapping 8 » infligé à Jorge Lorenzo au profit d’Andrea Dovizioso, les consignes d’équipe ont semblé refaire leur apparition lors du dernier Grand Prix des Amériques, toujours avec la firme de Borgo Panigale.

Pour ceux, rares, qui n’auraient pas vu la course, rappelons que Francesco Bagnaia, pilote officiel Ducati, est aujourd’hui le seul pilote en mesure d’empêcher Fabio Quartararo d’être titré cette saison, et que pour lui donner plus de chances de barrer la route au Français, son coéquipier Jack Miller l’a clairement laissé passer à Austin, alors que l’on peut laisser le bénéfice du doute à Jorge Martín, autre pilote lié directement à Ducati Corse bien que dans un team privé.

Les deux pilotes, Francesco Bagnaia et Jack Miller ont déclaré avoir agi de leur propre chef, par simple bon sens, niant de fait la moindre consigne d’équipe.

Francesco Bagnaia : « Je pense que Jack l’a fait de son plein gré. Je le rattrapais d’une demi-seconde au tour et il ne m’a pas forcé à faire une manœuvre agressive. Il m’a laissé passer et je dois le remercier, également pour la FP4. Je pense que nous travaillons bien en équipe et que nous nous entraidons toujours. Nous faisons le travail parfait. »

Jack Miller : « A un moment, j’ai vu « Bagnaia -0 » donc j’ai compris qu’il arrivait. Il avait rattrapé huit dixièmes et moi je peinais. Je ne voulais pas mettre sa course en l’air plus que nécessaire, donc je lui ai juste dit « vas-y, passe ». »

 

 

On ne s’interrogera donc pas en vain sur le rôle réel de ce panneau et, au final,  Francesco Bagnaia ne concède que 4 points à El Diablo dans l’opération, alors que dans le cas contraire… soyons honnêtes, on ne sait pas !

Mais peu importe ! Vous avez été nombreux à nous demander si les consignes d’équipe sont autorisées en MotoGP. La question est claire, la réponse aussi, après avoir feuilleté les 383 pages du règlement concerné : A aucun endroit il n’est fait mention des consignes d’équipe, y compris dans le chapitre consacré au « Comportement durant les essais et la course ».

Tout ce qui n’est pas explicitement interdit étant autorisé, oui les consignes d’équipes sont tout à fait légales en MotoGP !

Dès lors, pourquoi nier et/ou camoufler les consignes d’équipes ?

Il arrive relativement souvent que les pilotes eux-mêmes reconnaissent qu’ils sont prêts à aider leur coéquipier en fin de saison si ce dernier joue le titre. Par contre, il est extrêmement rare qu’un constructeur avoue publiquement donner des consignes d’équipe en fonction de ce qui est le plus avantageux pour lui.

La raison est simple : Une consigne d’équipe va aujourd’hui à l’encontre de l’équité et de l’esprit même du sport. À l’époque des réseaux sociaux, un titre acquis grâce à ce genre de manœuvres injustes pour les pilotes concernés pourrait même se retourner contre son auteur : Le public, qui paye pour voir le MotoGP, n’est pas idiot et entend que le meilleur pilote d’une équipe sur la piste termine devant son coéquipier, quels que soient les enjeux au championnat du monde pour leur constructeur ! Sinon, autant aller voir un match de catch…

Pourquoi ne pas interdire les consignes d’équipes ?

Comme souvent, la réponse à cette question se trouve dans l’histoire de la Formule 1, confrontée exactement au même problème que le MotoGP. La F1 a donc tenté d’endiguer le phénomène en interdisant les consignes d’équipe de 2003 à 2010.

Mais il est trop facile de contourner une telle interdiction, que ce soit par un message codé, un simple signe élaboré à l’avance ou même une stratégie mise au point préalablement à la course.

Pire, on a même connu dans cette période d’interdiction le scandale du « Crashgate », quand Nelson Piquet Jr a volontairement écrasé sa Renault contre le mur pour favoriser la victoire de son coéquipier Fernando Alonso au Grand Prix de Singapour 2008, sur ordre de Flavio Briatore !

Bilan, l’Italien a dans un premier temps été exclu à vie du monde de la Formule 1 (jugement annulé par la suite) et l’interdiction des consignes d’équipe a été retirée du règlement F1 dès 2011.

Aujourd’hui, que ce soit en Formule 1 ou en MotoGP, les consignes d’équipe sont donc autorisées, mais surtout employées en quatre roues.

Heureusement, elles sont rarement utilisées en MotoGP, à la plus grande satisfaction des spectateurs, même si, évidemment, on n’imagine pas la réaction et les débats du public si en fin de saison Francesco Bagnaia battait Fabio Quartararo pour un seul point

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