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A quelques jours d’intervalle, nous avons rencontré Alexis Masbou au Yamaha bLU cRU Camp puis au circuit Carole où la FFM avait réuni les pilotes des Collectifs Mini-OGP, OGP et de Équipe de France Espoir.

Dans les deux cas, l’ex-vainqueur de Grands Prix y officiait pour prodiguer ses conseils à la jeune génération (à partir de 7 ans en Mini-OGP), dans l’espoir de pouvoir garnir les rangs des championnats du monde WSBK et Moto3 d’ici quelques années. L’Albigeois, qui nous a même donné rendez-vous dans 3 ans pour les GP, nous a expliqué les différences entre les deux approches proposées aux jeunes espoirs nationaux.

Alexis Masbou, on te voit au Yamaha bLU cRU Camp, on te voit au circuit Carole pour un Collectif FFM: tu es partout ?
« Oui, je suis partout (Rires) ! Après, c’est quelque chose qui me plaît, c’est quelque chose que j’aime faire et je crois qu’il y en a besoin. Je dois avoir quelques capacités là-dedans, donc on me rappelle par la suite, mais c’est quelque chose que j’apprécie et, du coup, on essaie d’y aller à fond, et tant qu’on me demande, on essaie d’apporter sa pierre à l’édifice de la vitesse française. » 

Les 8 Heures de Suzuka ne font quand même pas partie de ton actualité, en plus ?
« Non, pas pour nous. En stock, on l’a pas, et moi je suis concentré uniquement sur le stock dans le championnat EWC. » 

 Alors on revient à ton activité de formateur. Coach en bLU cRU pour Yamaha, coach en European Talent Cup pour l’Équipe de France : quelle différence ?
« Déjà, on n’est pas sur les mêmes catégories jeunes. Là, on a des jeunes qui sont plus jeunes encore qu’au bLU cRU. Au bLU cRU, ça commençait déjà à 14 ans, alors que les plus âgés qu’on a ici, justement ils ont 14 ans, et 15 pour l’Équipe de France. Sinon, ça commence à partir de 9 ans, donc ce sont des pilotes encore plus jeunes, et on va dire que ce sont les tops français actuellement dans cette tranche d’âge qui sont ici, ou en tout cas on a essayé de se rapprocher au plus possible des meilleurs dans les catégories Prototype, alors que sur le bLU cRU on est plutôt sur des jeunes qui sont dans une filière un peu plus Supersport, avec certains qui sont jeunes et qui auront des grosses capacités sur des motos 300 puis 600 par la suite, et aussi des pilotes qui sont peut-être un peu moins dans les bonnes tranches d’âge pour faire les Grands Prix, mais qui pourraient avoir une carrière sur de l’endurance pour l’avenir. Donc ce sont deux physionomies un petit peu différentes.
Et puis surtout, là, on est présent uniquement sur 2 jours, et c’est très intense. On ne va faire que de la moto alors qu’au bLU cRU, on était plutôt sur une colonie de vacances de haut niveau où les jeunes viennent 4 jours avec 4 demi-journées de moto et 4 demi journées, soit de sport, soit d’activité annexes, avec plus de monde aussi, plus de coachs. Il y avait des crossmen, il y avait la vitesse, il y avait aussi Jules Cluzel qui était là pour représenter le haut niveau de la vitesse, Gautier Paulin pour le Cross, donc c’était un format un peu différent, un peu plus fun peut-être le bLU cRU, pour que les jeunes passent une belle semaine à 
Clastres. »

Aujourd’hui, à Carole, il y a des pilotes du Championnat de France OGP et des pilotes qui font l’European Talent Cup, majoritairement en Espagne et où tu accompagnes les pilotes de l’Équipe de France qui est répartie sur 3 pilotes, Guillem Planques, Benjamin Caillet et Enzo Bellon. On en est où dans ce championnat de très haut niveau, puisque Marc Marquez y a déjà sélectionné un jeune talent, Maximo Quiles ?
« Alors là, sur le Collectif, on a une bonne partie qui est en OGP vu que maintenant y a les nouvelles catégories Moto4 et Moto 5 qui sont arrivées, mais il y a aussi des pilotes de l’ETC, avec 2 des pilotes de l’Équipe de France, plus Matteo Roman qui est avec nous en ETC. Donc on a à peu près tous les jeunes que l’on suit actuellement. Où en est-on en ETC ? On sait que depuis l’année passée, c’est extrêmement difficile parce que les grilles ont été réduites. On est passé de 44 les années précédentes à maintenant 28 pilotes qualifiés directement, dans un championnat où ils sont quasiment 60 au début du week-end. Moins de la moitié ou la moitié, on va dire, sont qualifiés directement. Sur un championnat où les meilleurs du monde de 14 à 16 ans sont là, que ce soient les Italiens, les Allemands, ou plus loin des Malaisiens, les Japonais ou les Thaïlandais. Donc on est vraiment sur quasiment le meilleur championnat jeune actuel ! Ce qu’on peut en dire pour les Français, c’est que l’année passée, il n’y en avait que un, voire deux, que l’on arrvait à qualifier. Cette année, on a déjà qualifié 4 et on n’a pas fini la saison. Le pilote le plus rapide actuellement, qui est Guillem Planques, se bat quasiment tous les week-ends pour le podium depuis quelques temps. On a Matteo Roman qui est maintenant proche de marquer des points, et peut-être plus sur la fin de saison. Et ensuite on a Enzo Bellon et Benjamin Caillet qui eux sont tous les week-ends en bagarre pour la qualif. Parfois ça passe, parfois ça ne passe pas, et du coup le prochain objectif sera d’être à chaque fois qualifié et de commencer à marquer des points. Donc on en a 4 qui sont déjà sur très bon un rythme, parce que actuellement par exemple pour Benjamin ou pour Enzo qui sont un peu plus loin, on est à moins de 2 secondes des tops pilotes qui font la Red Bull MotoGP Rookies Cup et l’ETC. Donc on est quand même sur le plus haut niveau de cet âge-là. » 

Les conseils que tu donnes en tant que professionnel, ils sont bien écoutés et mis en pratique ?
« Bah, forcément pas assez, parce que sinon ça irait plus vite (rires) ! Mais comme tout, il faut du temps. Je pense que c’est illusoire de penser qu’on va leur dire ‘met à fond ici » et que ça va être fait dans la minute, et que ça va fonctionner tout de suite. Donc il faut du temps. Parfois, c’est un peu frustrant parce qu’on aimerait que ça aille toujours plus vite, mais si je regarde en arrière, c’est la 3e année où je m’occupe de l’Équipe de France et du Collectif OGP, et on va chaque année plus vite, le groupe est chaque année plus serré. Donc pour moi, les choses vont dans le bon sens. Après, oui, on a envie que ça aille plus vite, on aimerait que ça gagne des cette année en ETC, mais voilà, il faut être lucide, on part de loin. Pendant longtemps, les jeunes étaient moins formés et moins encadrés. Là, il y a moi évidemment, qui suis un peu en première ligne, mais on voit bien qu’il y a plein d’autres coachs qui commencent à se mettre en place avec les jeunes dans le milieu. Il y a aussi des structures qui s’occupent de plus en plus de nos jeunes, donc forcément, tout ça fait une certaine émulation qui permet aux jeunes de mieux grandir. Et donc je pense que les jeunes qui sont là actuellement auront plus de chance de réussir à passer le cap des Grands Prix à l’avenir. »

Donc promis, d’ici quelques années, on a un nouveau pilote français en Moto3 ?
« Mais c’est assez simple: les premiers qu’on a ici, ils ont 14 ans, 15 ans, donc ça veut dire que dans 3 ou 4 ans, oui, je ramène les premiers que j’ai formés. J’espère, en tout cas. » 

 

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