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En ce vendredi 21 août, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis Spielberg, suite à la pénalité reçu et à  l’autorisation de rouler demain.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les commentaires du pilote français.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les propos de Johann Zarco sans la moindre mise en forme.


Johann Zarco (arrivé avec une heure de retard) : « Je suis désolé pour le retard mais j’étais à la commission de sécurité. Je n’y vais pas souvent et là, ça a duré longtemps car on a aussi passé 30 minutes à parler avec la personne de chez Michelin. »

« Concernant ma journée, la chose positive est que je suis déclaré apte à piloter demain, et c’est très important. Il est vrai que mon poignet s’améliore vraiment très vite et je suis heureux de cela. Donc clairement, c’est une bonne opportunité que de piloter demain pour retrouver du feeling, de la confiance, et prendre du plaisir sur la moto. Je pense que j’aurai un peu de douleur mais c’est normal et je verrai comment je peux résister à cette douleur. Mais c’est bien d’essayer Je suis donc satisfait du contrôle médical où ils ont dit que je pouvais piloter, mais non satisfait à cause de la pénalité. Je pensais faire appel auprès de la FIM et c’est un peu délicat car cela reporterait le problème à plus tard. Et si mon appel n’était pas accepté, la situation ne serait pas bonne, donc je préfère avaler cette pénalité et partir de la pit lane ce week-end. Comme ça, nous clôturons cette histoire qui n’est pas une histoire amusante. Nous ferons donc comme cela et je donnerai tout pour faire la meilleure course possible à Misano où je serai rétabli à 100 %. Mon objectif étant de rester chez Ducati avec la meilleure moto possible, je ne joue pas le championnat cette année et c’est pourquoi partir de la pit lane ce week-end n’est pas la fin du monde. Mais c’est une bonne façon de terminer cette histoire. »

Avez-vous parlé de cette histoire lors de la commission de sécurité et comment était l’ambiance ?

« On est resté une heure en commission de sécurité mais on n’a pas eu le temps de parler de ça. Peut-être qu’ils parlent de ça maintenant mais j’ai dû partir car vous attendiez depuis presque une heure. De toute façon, la décision est prise, donc l’histoire est terminée. »

Vous n’aimez pas aller à la commission de sécurité. Pourquoi y êtes-vous allé aujourd’hui ?

« La raison est qu’il y a eu un terrible accident dimanche et énormément de choses dites en moins d’une semaine. C’est pourquoi il était intéressant de s’y rendre, au cas où nous parlerions de cela, pour partager nos pensées entre pilotes. C’est pourquoi je m’y suis rendu. Carmelo Ezpeleta m’a également dit que ce serait mieux car cela serait plus clair. Mais aujourd’hui, il y a eu d’autres sujets. Depuis que la pénalité est tombée, l’histoire est terminée. »

Comment avez-vous pris connaissance de cette pénalité ? Par e-mail ou en face-à-face ?

« Ils me l’ont dit personnellement, mais de la façon dont ils me l’ont dit, cela n’avait pas de sens que je vienne expliquer ma version. Ils m’ont dit « nous disons ça, donc voici la pénalité « . J’ai répondu « alors pourquoi je suis venu partager mon point de vue ? ». C’était simplement pour être conforme au règlement. »

Quand vous y êtes allé hier, ils avaient déjà décidé de vous donner une pénalité, où cela s’est passé après ?

« Ils me l’ont dit bien plus tard, mais ils auraient déjà pu me le dire en face. »

Avez-vous parlé au staff de Ducati pour connaître leurs réactions à la pénalité ?

« Nous avons beaucoup parlé et réfléchi à quoi faire. Clairement, si je n’avais pas été apte ce week-end, je pense que j’aurais dû faire appel, car partir depuis la pit lane à Misano, alors que j’aurais été rétabli, aurait été un gros problème. Ici, c’est quand même un problème parce que peut-être que je vais me sentir bien et prêt à me battre, mais il y a beaucoup de doutes. Bien sûr, je peux piloter demain, et j’en suis heureux. Je pense même que je peux être assez rapide, mais 28 tours, ce sera un problème. C’est pourquoi je leur ai dit que, pour mon honneur, je voulais me battre contre cette pénalité. Simplement pour mon égo. Mais je peux mettre ce dernier de côté et me dire « OK, accepte et termine cette histoire ». A priori, je ne suis pas au mieux mais on ne sait jamais : s’il pleut cela peut être intéressant et je pense que je peux faire toute la course, tout en étant assez fort. Donc nous verrons bien, mais j’espère qu’un peu de pluie pourra créer la surprise. »

De quoi avez-vous parlé à la commission de sécurité ?

« Nous avons parlé de la sécurité du circuit, mais pas de la responsabilité de l’accident de dimanche, de la façon dont on pourrait changer le circuit, puisque celui-ci est prêt à faire beaucoup de modifications. Il appartient à Red Bull et rien ne peut les arrêter. Ils ont dit que si on voulait changer des choses, il le ferait. »

Et pour les pneus, cela concernait cette année ou l’année prochaine ?

« Les deux. C’était pour préparer l’année prochaine, car avec plus d’expérience, ils peuvent maintenant apporter de meilleures gommes, mais c’était également au sujet des deux prochaines courses que l’on va avoir. Ils voulaient recueillir les commentaires de certains pilotes car ceux-ci se plaignaient des pneus avant. Ils ont dit qu’ils avaient encore le temps avant les prochaines courses et demandé s’il fallait les changer. Je ne vais pas donner plus de détails : c’était simplement des discussions avec Michelin. »

Comment vous sentez-vous, avant de remonter sur la moto demain ?

« Cela n’arrive pas souvent mais j’ai regardé les pilotes de ma catégorie en piste. J’ai déjà vu pas mal de détails et j’en ai parlé avec mes techniciens. Et si la douleur est contenue, nous avons déjà des plans pour essayer différentes choses. Nous avons déjà les références de la semaine passée, donc si je me sens bien, nous savons que je peux être assez rapide. Tout cela est un travail pour progresser et me sentir mieux. J’ai déjà connu ce genre d’expérience avec la chute en Australie et je me souviens qu’à la course suivante, en Malaisie, j’ai eu un peu de feeling étrange au premier virage puis, la moto était très rapide, j’ai dû me concentrer sur l’instant présent. Je pense que je serai dans cet état d’esprit demain si mon poignet est OK. La chute sera rapidement effacée de mon esprit. »

Pol Espargaró a déclaré qu’il n’y avait pas seulement un problème de sécurité sur le circuit mais que c’était aussi de la responsabilité des pilotes de ne pas causer de gros accident…

« Il a raison de dire que c’est aussi de la responsabilité des pilotes ! Nous essayons tous de faire de notre mieux et, avant tout, nous essayons de ne pas faire de mauvaises choses à nos adversaires. Mais c’est comme l’accident que nous avons eu à 300 km/h dimanche dernier : je ne vais pas le répéter mais quand j’ai doublé Franco, c’était dans la ligne droite. J’étais devant, mais on l’a vu avec les images, peut-être qu’il était plus proche que ce que je pensais. Mais ils m’ont imputé la faute car j’avais déjà connu une expérience semblable auparavant. Ils n’ont jamais pensé que, OK peut-être que j’aurais pu l’éviter, mais on aurait pu poser la question à Franco « auriez-vous pu l’éviter ? ». Et il aurait pu dire qu’en voyant Zarco dans cette position, il aurait pu laisser un écart en ne sachant pas où j’allais. Mais cela n’est pas arrivé. Donc oui, nous pouvons être plus responsables, mais pas seulement moi. D’un autre côté, nous faisons de la compétition et quand nous avons une opportunité de doubler un autre pilote, nous essayons de la prendre, quand nous pensons que c’est correct. Et pour moi, doubler un pilote en ligne droite est correct. C’est toutes ces choses que j’ai expliquées aux commissaires, mais cela n’a pas été suffisant. »

De quelle façon l’accident à Phillip Island est-il différent de l’accident de dimanche dernier ?

« Je ne sais pas bien en quoi c’était différent car la vitesse sur le sol était la même (rires). Je ne sais pas. J’ai chuté, pas Marc, mais il n’a pas pu finir la course car ma moto a détruit la sienne. Il aurait pu chuter car sa moto a beaucoup bougé mais c’est un équilibriste et il a pu rester dessus. C’était très fort ! Je me souviens qu’à ce moment, certains pilotes ont déjà dit que c’était de ma faute car je ne devais pas être là à ce moment. Je me souviens qu’à cette époque, avec la Yamaha, je n’avais pas la moto la plus rapide, et quand j’ai pris l’aspiration de Marc et de Miller, c’était une opportunité pour moi d’être rapide. Et c’est vrai que j’étais bloqué : je ne pouvais plus bouger. Si Marc avait gardé sa trajectoire, nous aurions tous les trois pris le virage, mais je pense qu’il ne voulait pas doubler Jack, et qu’il a freiné et s’est rabattu. J’étais là ! Donc Marc peut dire qu’il ne savait pas que Johann était là, et il me l’a dit, mais je suis tombé. Peut-être que ce qui était différent, c’est que je ne dis pas que je ne savais pas que Franco était là. Je pensais qu’il était derrière moi, et il était, mais peut-être pas assez. »

En quoi a constitué le contrôle médical ?

« Quand ils testent le scaphoïde, c’est principalement la force que vous avez dans la main, et celle-ci est très bonne. Puis j’ai dû faire différentes flexions (de la main) et cela a été un peu plus difficile. Je leur ai dit que je ressentais un peu de douleur mais que je contrôlais mon corps. C’est pourquoi ils m’ont dit qu’ils me déclaraient apte mais que si je me sentais de moins en moins bien, ils voulaient que je m’arrête. Je leur ai répondu que je n’étais pas fou, même si la plupart des gens le pensent. Je verrai, car c’est ma première expérience de blessure à moto. »

En cette période difficile, qui est avec vous dans le paddock, pour un soutien personnel ?

« J’ai mon frère, qui est complètement extérieur à ce monde. Et comme il n’est pas sociable, nous ne parlons pas de ça et nous partageons la musique, où il est très fort. Mais j’ai aussi beaucoup de soutien dans le paddock : des mécaniciens de mes anciens teams. Il y a donc beaucoup de personnes qui m’apprécient, comme je les apprécie. Je ne suis vraiment pas inquiet. »

Maintenant, avez-vous confiance dans le travail des commissaires FIM MotoGP, ou y a-t-il quelque chose qui puisse être changée dans ce panel ?

« (Silence) je dirais que ce n’est pas un travail facile, ce qu’ils font, mais (silence)… Non ! Je n’ai pas confiance dans les commissaires, c’est tout ! Pour répondre simplement la question. Non ! Je ne pense pas que ce sont les bonnes personnes au bon endroit. Nous devrions avoir d’autres personnes. »

Avez-vous parlé à Franco dernièrement ?

« Tout va bien entre nous. Je l’ai vu avant la commission de sécurité mais nous ne parlons plus de la chute : Nous nous demandons comment nous allons physiquement. Comme on a pu le voir après la chute, on aurait pu penser qu’il serait moins en mesure que moi de remonter sur la moto, car c’était lui qui était allongé et moi qui étais rapidement debout. Mais au final, c’est moi qui suis blessé et lui qui a pu piloter aujourd’hui. Il m’a dit qu’il était encore douloureux et m’a montré qu’il avait beaucoup de bleus sur tout le corps. Nous avons donc parlé principalement de nos états de santé, car il s’agissait d’un mauvais moment que nous voulons effacer de nos esprits. »

Est-ce que toute cette histoire vous rend psychologiquement plus fort ?

« (Silence) je pense qu’on pourra voir avec le temps si ça me rend plus fort. Sur le moment, ça me fait vraiment voir qu’il faut prendre la vie comme un jeu de rôles où il faut bien placer ses pions pour traverser la vie correctement. Je trouve que notre sport, c’est la vie en accéléré : Tous les week-ends, on a différents moments. Mais surtout là, on touche du très haut niveau du côté médiatique, des personnes qui sont très fortes. Et on voit qu’il y a beaucoup de politique qui rentre en jeu, et ça, je n’y comprends rien, mais ça fait grandir. Ou on est triste de ça, et alors on est triste du monde, ou on essaie de prendre du recul et se dire qu’il faut savoir bien gérer. »
« Par exemple, en discutant avec Franco, on s’est très bien entendu, et ça va. Avec Valentino, j’aurais cru que ça se passerait mieux ensuite, mais ça ne l’a pas été. Ça ne veut pas dire pour autant que c’est une mauvaise personne, parce que je trouve vraiment qu’il laisse paraître quelque chose de bons et sincère, mais il arrive à toujours avoir un coup d’avance. Ça, c’est l’expérience ! En fait, il n’est pas seulement bon en moto : Il est bon dans tout ! Je suis encore fan de lui, parce qu’il se balade, quoi ! S’il n’avait pas fait de la moto, il est de toute façon très bon dans la vie en général. C’est intéressant et c’est ça que j’apprends avec le sourire, parce que je pense encore que c’est un super gars. Mais il vaut mieux être dans son camp (rires) ! »

Tu disais que Red Bull est prêt à modifier le circuit, si besoin pour l’année prochaine ?

« Je dis Red Bull parce que le circuit s’appelle Red Bull Ring, et je pense que du côté budget, ils aiment bien montrer qu’ils sont forts et donc ils sont prêts à tout. Pour l’instant, les propositions des différents tracés ont plus été faites par la direction de course, Franco Uncini, Loris Capirossi et Carlos Ezpeleta. Ils ont montré trois propositions et, après discussion, ils doivent en faire encore au moins trois. Et ils ont dit qu’on pouvait vraiment modifier les choses, parce qu’ils suivraient. »

Tu as reçu une pénalité, mais est-ce que tu sais pourquoi ? Qu’aurais-tu dû faire ou ne pas faire ?

« J’ai été puni parce que j’ai croisé la trajectoire de Morbidelli. Je dirais que nos trajectoires se sont croisées. Eux ont vraiment dit que, de ce qu’ils voyaient, j’avais coupé la trajectoire de Morbidelli. J’ai répondu que dans ces conditions, ça ne servait à rien que je parle pendant une demi-heure pour expliquer que, oui on voyait ça, mais qu’il y avait des raisons de voir ça. Mais non, ils ont dit « on reste sur ce qu’on voit ». Ils ont dit que mon dépassement était trop optimiste. Mais non, mon dépassement n’était pas trop optimiste car j’ai juste mis la cinquième et je suis passé. Mais en fait, peut-être arrivé là, dans cette cassure et avec cette trajectoire… (inaudible). »

Ressens-tu une forme d’injustice ?

« Non, mais comme je viens de le dire, c’est une expérience de vie supplémentaire. Après, dire si c’est injuste ou pas, qui peut le dire et qu’est-ce que la justice ? Mais ce n’est pas grave, c’est une histoire qui se termine par un départ en pit lane. On clôt le dossier et ce n’est finalement pas plus mal. »

Johann Zarco a ensuite montré son poignet où seul un point de suture a été nécessaire lors de l’opération chirurgicale…

« Seulement un point, donc c’est une belle opération et je suis assez impressionné de la vitesse à laquelle récupère le poignet. Après, clairement, en extension ou en appui, c’est ce qui peut faire le plus mal et c’est à peu près ce qu’on a sur le guidon. Donc il faudra vraiment tester ça demain, mais je pense que je peux faire 1, 2 ou 3 tours rapides. Il faut monter sur la moto dès la FP3 pour mettre les esprits en place, et peut-être qu’il peut pleuvoir l’après-midi, pour le plaisir de faire une qualif sous la pluie ou sur du séchant. Au moins, je serai prêt. »

Un pilote a dit que, de toute façon, tu n’aurais sans doute pas pu prendre le virage…

« Je ne suis pas d’accord, parce qu’au moment où je freine, j’ai encore le temps de revenir à gauche. Sans doute que je ne serais pas revenu au maximum à gauche mais tu peux rentrer dans le virage 3 sans être au maximum à gauche. Lors de ce même tour, on voit Jack Miller qui, de toute façon était déjà assez large, arrive à glisser en étant penché à gauche puis à glisser dans l’autre sens et à freiner vraiment fort. Je pense que ma trajectoire n’était quand même pas extrême. »

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