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Alors que le week-end dernier devait avoir lieu le Grand Prix de Thaïlande, chacun est resté cloitré chez soi pour éviter la transmission de la pandémie. Chaque entreprise réagit au mieux, mais dans des circonstances délicates et compliquées.

C’est notamment le cas chez Michelin, comme nous l’explique ici Piero Taramasso – Manager Deux-roues Michelin Motorsport.

Piero, quelle est la situation actuelle chez Michelin en ce qui concerne la saison de MotoGP ?

« Actuellement, comme tu peux l’imaginer, nous sommes en attente du nouveau départ du Championnat. Il est question qu’il recommence début mai à Jerez. Notre plus grand sujet d’inquiétude est que nous ne savons pas encore vraiment ce qui va se passer. »

« Au cas où on serait disposés à repartir, nous on est prêts, on est dans les starting blocks, les pneus sont également prêts. Nous avons en stock les pneumatiques pour les trois ou quatre premiers Grands Prix. »

« Nous sommes donc prêts à partir, mais actuellement nous sommes en attente. Nous attendons le feu vert des gouvernements locaux et de Dorna. Mais voilà, cette situation est la même pour Dorna, pour nous Michelin, pour les teams et pour tous les gens concernés. En ce moment, on attend de voir comment va se passer cette crise sanitaire. »

Comment ton équipe et toi-même allez-vous vous adapter ensuite à la reprise d’activité ?

« Aujourd’hui, c’est pour nous une question car pour le moment on est en attente. On a un peu de travail, mais notre objectif à court terme va être de prendre des jours de congé pour essayer de bien se reposer, car ensuite on sait que quand ça va reprendre ça va être très chargé, surtout en fin de saison les mois d’octobre et de novembre. »

« Donc pour le moment on fait du télétravail. On travaille ainsi depuis notre domicile pour ce qui est de la partie administrative, la gestion de l’équipe, la partie managériale. A cette période de télétravail va succéder une prise de congés, puis ensuite on espère que ça va repartir le plus tôt possible. »

Si par exemple la saison MotoGP débutait en Finlande les 15 et 16 juin, lors des essais de pneus prévus uniquement avec des équipes de test, cela signifierait que huit courses ont été annulées ou reportées. Comment d’après toi serait-il possible de sauver cette saison ?

« Il est vrai que si on reprenait à la mi-juin, cela signifierait qu’une grande partie des courses seraient reportées ou annulées. Sauf erreur de ma part, il resterait alors encore quinze courses, donc cela resterait une saison correcte, mais certainement très chargée au niveau des déplacements. La fabrication des pneus serait également très difficile, tant pour les produire que pour les transporter. »

« On peut donc estimer que ça resterait une saison correcte, compte tenu de l’ampleur de la crise sanitaire, et peut-être de la crise économique qui va éventuellement suivre. »

« Du point de vue de Michelin, la chose la plus importante est la santé des personnes. Et pas seulement des gens de chez Michelin, mais de toute la France, de l’Europe et du monde entier. C’est la priorité absolue. »

« Pour la saison, on fera avec ce qui reste. Dorna et la FIM envisagent un minimum de treize courses pour faire ce Championnat. Il y a dans le domaine sportif peu de championnats qui comptent quinze courses par année. »

Comment se présente la situation en MotoE ?

« Nous avons déjà effectué un test de trois jours en MotoE, c’était en mars à Jerez. Il a été près positif pour nous. Nous avions de nouveaux pneus par rapport à l’année dernière, avec de nouveaux mélanges à l’avant et à l’arrière, ainsi qu’une nouvelle structure à l’arrière. »

« Les résultats ont été positifs, nous avons roulé une seconde et demie plus vite que l’an dernier. La deuxième séance d’essai – initialement prévue en avril – a été repoussée. Nous ne connaissons pas encore la nouvelle date. »

« Si l’on s’en tient au calendrier actuel, la première course MotoE doit se dérouler à Jerez début mai. Donc pour le moment la situation en MotoE est assez stable, malgré un test repoussé. Les courses sont maintenues jusqu’à nouvel ordre.»

« Les produits que nous proposons pour 2020 sont performants. Ils ont été validés pendant la première séance d’essai qu’on a faite, donc pour moi ça se présente bien. »

Les pneumatiques – en particulier les pneumatiques de compétition – ne se conservent pas éternellement. Les pneus déjà fabriqués pour les courses de MotoGP et inutilisés en Grands Prix seront-ils dispatchés vers l’endurance ou des championnats nationaux de Superbike ?

« Comme toi et beaucoup de gens le savent, les pneumatiques de MotoGP sont des pneus spécifiques pour cette catégorie. Les motos y sont très puissantes et les pilotes très agressifs. »

« On ne peut pas les dispatcher ni vers l’endurance, ni vers les championnats nationaux de Superbike. Vue la typologie, on pense que les pilotes n’arriveraient pas à les faire fonctionner. Déjà, c’est la première chose. »

« Et puis pour nous la deuxième est que les pneus de MotoGP, c’est le top du développement. Ce sont des pneus qui restent confidentiels et qui sont vraiment spécifiques, destinés uniquement et exclusivement à la MotoGP. Donc on ne pourra pas les dispatcher vers d’autres championnats. »

« D’autre part, nous conservons avec soin nos pneus MotoGP dans des magasins. Quand ils sont transportés dans des camions ou des containers, ils sont toujours à une température ambiante constante de 20°. »

« S’ils sont bien conservés, ils peuvent durer jusqu’à quatorze mois. Lors de ce vieillissement de quatorze moi, les propriétés chimiques des mélanges ne changent pas. Donc les pneus que l’on fabrique maintenant, on pourrait les utiliser l’année prochaine sans aucun souci de performance. C’est pourquoi on va garder les pneus que nous avons produits au début de cette année. Si on peut les utiliser pendant cette saison, tant mieux, sinon l’année prochaine à la même date ils seront toujours de très bonne qualité. »

Vidéo datée de septembre 2016, en langue italienne.

Photos © Michelin