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Ducati

L’arrivée d’un Grand Prix de Saint Marin consacrant un joli doublé des Desmosedici n’aurait dû, par ce simple fait, que provoquer la liesse dans le stand Ducati. Cependant, au quatorzième des vingt rounds que compte cet âpre combat pour le titre mondial, et à un moment où le leader désigné Pecco Bagnaia a encore 30 points à reprendre sur le redoutable tenant de la couronne et leader au classement général Fabio Quartararo, assister à un duel fratricide jugé par un écart de 34 millièmes sur la ligne d’arrivée n’a pas plu à tout le monde. Avec sept autres motos sur la piste en plus de celle de l’officiel Piémontais, le paddock ne cesse d’attendre ces fameuses consignes d’équipe qu’une pragmatique politique commerciale et industrielle justifierait. Mais le sport n’en sortirait pas grandi et son panache en serait terni. Un nœud gordien que Ducati n’arrive pas à trancher. Jorge Lorenzo en parle, et c’est assez cocasse lorsque l’on connait sa propre histoire au sein de la marque…

Voir Jorge Lorenzo se faire le chantre des consignes d’équipe chez Ducati revient à découvrir chez le quintuple Champion du Monde la posture du « faites ce que je dis et pas ce que je fais ». On lit ainsi sur Tuttomotoriweb son analyse du dernier Grand Prix de Saint Marin à Misano, avec cette mention sur la marque qu’il a servie durant deux saisons : « chez Ducati, ils peuvent être heureux, car Quartararo n’est pas monté sur le podium. Maintenant, ils devraient vraiment se demander si Bagnaia devrait rester devant toutes les Ducati d’ici la fin de la saison. Parce que maintenant les chances de Pecco pour le championnat du monde sont très sérieuses ».

Il ajoute : « Fabio a un avantage dû aux erreurs de Pecco, qui, sans elles, dirigerait le championnat. C’est plus une question de régularité de Quartararo et des erreurs de Bagnaia. Maintenant, l’Italien semble constant, il est rapide et il ne fait pas d’erreur. C’est une situation compliquée ». La situation l’était tout autant dans les têtes, mais pas dans les faits, lorsque le même Jorge Lorenzo alors officiel Ducati a reçu l’ordre maqué sous le code « Map8 » de s’effacer au profit d’Andrea Dovizioso qui jouait le titre mondial face à Marc Marquez dans le dernier Grand Prix. La consigne n’a jamais été suivie par Por Fuera.

Francesco Bagnaia, Enea Bastianini, Gran Premio Gryfyn di San Marino e della Riviera di Rimini

Ambiance chez Ducati : « les pilotes sont là pour gagner pas pour perdre »

Alors, si elle revenait aujourd’hui, comment serait-elle perçue ? Logiquement, Pecco Bagnaia ne veut bénéficier d’aucun coup de pouce de la sorte. Jusqu’à un certain niveau de responsabilités chez Ducati, il y a un schisme sur la question. Du patron Claudio Domenicali à Gigi Dall’Igna, on veut de la discipline. A partir de Davide Tardozzi, on ne jure que par le verdict de la piste. L’ambiance est à ce point tendue que Ducati a dû présenter ses excuses à Enea Bastianini après analyse des données de la course de Saint Marin. L’Italien avait été évalué comme étant trop agressif avec Bagnaia par Claudio Domenicali. Les datas ont apparemment montré le contraire, amenant à cet acte de contrition dont seul Bastianini s’est fait par ailleurs l’écho…

Ce qui est sûr, c’est qu’à Misano, il n’y a pas eu d’ordres. Carlo Pernat, le manager d’Enea Bastianini le dit ainsi : « les pilotes sont là pour gagner et non pour perdre, surtout s’ils sont encore mathématiquement en lice pour le Championnat du Monde. Il me semble qu’au final, Enea n’a rien fait de particulièrement mal, il a juste essayé de gagner la course. Ce n’est pas comme s’il l’avait perdu parce qu’ils lui avaient dit quelque chose ».

Il ajoute : « il n’y avait absolument aucun ordre. Pecco est allé très vite, ils sont arrivés à 34 millièmes l’un de l’autre, ils ont gagné tous les deux dans le bon sens. Enea voulait gagner, je le dis très clairement, sinon il n’arriverait pas avec cet écart. Il avait peu d’adhérence au début, dans les six ou sept premiers tours il avait l’air de marcher sur des œufs puis il est sorti un peu plus mais ce n’était pas facile ».

Un point de vue intéressant, et notamment celui où il est fait mention d’un titre mondial mathématiquement encore possible pour Bastianini. Car ce sera encore le cas lors de la prochaine joute en Aragon. Et dire que Gigi Dall’Igna avait espéré se faire comprendre en mentionnant qu’il serait « dommage » que Pecco Bagnaia soit « gêné par un autre pilote Ducati »…

Francesco Bagnaia, Enea Bastianini, Gran Premio Gryfyn di San Marino e della Riviera di Rimini

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