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Avec deux bons pilotes comme Jules Cluzel et Corentin Perolari, des Yamaha que l’on peut qualifier de meilleures motos de la catégorie, et une équipe de techniciens légendaires, le GMT94 avait fière allure en début de saison face aux plus brillantes équipes du Supersport.

Après six épreuves, Jules Cluzel (qui court pour la première saison dans cette équipe) occupe la troisième place du classement général provisoire du Championnat du Monde et Corentin Perolari la neuvième.

Christophe, Jules a terminé deuxième de l’épreuve inaugurale en Australie, puis il a gagné en Thaïlande, avant de connaître une petite baisse de régime au niveau des résultats. Pourquoi ?

« Il y a eu en effet baisse de régime en Aragón car les réglages utilisés en Thaïlande ne convenaient pas. Nous avons cherché des solutions, mais nous n’avons compris qu’après la course ce qui ne fonctionnait pas. Assen a ensuite été une bonne course. Jules en a pris la tête et c’est un fait de course qui l’a écarté du podium, voire de la victoire. Raffaele de Rosa l’a emmené avec lui et Jules s’est retrouvé loin. Il a réalisé le meilleur temps en course peu avant l’arrivée, et c’est seulement Lucas Mahias – lui aussi en pleine remontée – qui le lui a repris. Jules termine à moins d’une seconde du vainqueur, avec comme seul regret qu’il n’y ait pas eu un tour de plus ».

« A Imola, Jules était très fort. Il a dominé toutes les séances d’essais, à l’exception de la qualification qu’il a conclue malgré tout en première ligne. Il était en tête de la course quand il a eu un premier problème de point mort, puis un deuxième qui a provoqué la percussion de Lucas Mahias ».

« A Jerez en FP2 une chute nous a fait perdre du temps et de la confiance, mais nous avons su trouver les réglages lors du warm-up pour permettre à Jules de se battre pour le podium ».

Corentin Perolari a comme meilleurs résultat deux sixièmes places en Aragon et à Assen. Il égalait ainsi son meilleur résultat de 2018 obtenu en Argentine. Lui comme toi espériez mieux. Qu’a-t-il manqué pour qu’il rentre dans le top 5 ?

« Le niveau cette année s’est beaucoup resserré en haut. Les deux « Bardahl » dominent pour le moment. Elles sont très rapides. Entre le meilleur temps en course à Jerez en 2017 et cette année, il y a plus d’une seconde ! Tant en qualification qu’en course. Et ce sont les mêmes motos, donc tout se joue vraiment sur des réglages, l’électronique, la préparation moteur, etc. Corentin souffre forcément du fait qu’il y a plus de très bons concurrents aux avant-postes qu’il n’y en avait l’an passé ».

« Surtout Corentin n’a vraiment pas de chance. En Australie, il part en dernière ligne pour un problème de pression de pneu arrière. En Thaïlande il percute une moto et va faire du motocross, se retrouvant loin. En Aragon on était à côté de la plaque pour Jules, donc aussi pour Corentin. A Assen, il est tombé sur l’huile laissée par Mahias lors des qualifications. Il part loin, bien chiffonné. Puis il se blesse lors de la course suivante à Imola. A Jerez, il est percuté par Mahias. La Direction de course nous a demandé si nous voulions poursuivre, mais nous avons dit non. Par principe d’abord. D’autant plus qu’il s’en était excusé. C’était aussi la moindre des choses puisque nous étions à l’origine de sa chute à Assen ».

« Voici en gros notre bilan pour Corentin dont nous sommes très contents de la neuvième place, mais s’il était un peu déçu qu’il n’ait pu passer le huitième (Viñales) qui termine 0.3 devant lui. Mais avec sa clavicule et ses deux chutes, il était un peu moins chaud-bouillant que d’habitude ». 

Jules a fait une superbe course à Jerez, obtenant la troisième place à une seconde du vainqueur, malgré une chute lors en Superpole ? Comment Cluzel a-t-il aussi bien progressé par rapport aux trois courses précédentes ?

« Ça n’a pas été facile. On s’est rendu compte que les autres avaient encore progressé. On pensait arriver avec le très bon niveau que nous avions à Imola ; Mais une fois parvenus à Jerez ça a été un peu la douche froide. On était loin en FP1 et en FP2, avec en plus une chute (Ndlr : de Corentin Perolari) qui nous a fait perdre du temps ».

« On s’est posé la question d’avoir une moto plus constante sur la durée de la course. On a beaucoup cherché, puis en modifiant l’électronique, l’embrayage et le braquet de manière assez radicale, Alex notre ingénieur, et l’équipe ont fait un super boulot. Nous avons encore des détails importants à faire progresser au niveau de l’électronique et de l’embrayage. Mais nous avons mis le doigt sur le problème à Jerez. Il nous a juste manqué une séance de plus. Nous serions partis en course avec une dent de plus sur la couronne de transmission et aurions été un peu moins pénalisés en accélération ».

« En Aragón nous n’étions pas dans le match en arrivant, et pas beaucoup plus en course. A Jerez, nous avons trouvé des solutions, on s’est bien rapprochés, Jules a quand même pris la tête de la course pendant un moment. Il a fait une belle course.  Il est là ».

Que manque-t-il pour battre Randy Krummenacher et Federico Caricasulo, qui sont de sacrés clients ?

« Oui ce sont de sacrés clients. Mais Jules aussi. Et tout le monde s’accorde pour relever que les Yamaha Bardahl ont un truc en plus. Ils ont trouvé quelque chose qui leur permet d’avoir une constance assez étonnante sur la durée de la course. Et on ne comprend pas comment en qualif ils arrivent subitement à sortir un chrono qu’on n’attend pas ».

« Si tu prends les temps des FP1, FP2 et FP3 à Imola, c’est troublant : Jules est une demi-seconde plus vite lors de chaque tour, tout le temps. Mais on ne fait le meilleur temps d’aucune de ces trois séances car dans le tout dernier tour, il y a toujours un des deux pilotes Bardahl, qui vient nous coller une demi seconde ou presque ! Ça rentre dans l’ordre en course, mais ils sont toujours un peu plus rapides sur la fin. Leurs deux avantages, ce sont la qualification et des fins de course agressives. A Jerez, ils ont mis le coup de collier sur les 6 ou 7 derniers tours et personne n’a suivi. Sauf Jules qui termine à 3 dixième de Krummenacher. Ça prouve qu’on a progressé nous aussi à ce niveau-là, même si ce n’est pas encore suffisant ».

Avez-vous les mêmes Yamaha ?

« La base est identique. L’électronique est la même, tout comme les suspensions. En moteur, chacun est libre de travailler sur la culasse et les arbres à came. Cela reste tout de même restrictif et les écarts ne peuvent être énormes à ce niveau ».

« Je pense que les observateurs ont été marqués par la course de Phillip Island où nous avions une version moteur moins performante. On s’est fait déboîter dans la ligne droite, ce qui a marqué un peu tout le monde. Nous avons pourtant réagi tout de suite car on avait le bon moteur « dans la poche ». On n’avait pas osé monter la version la plus performante car nous n’avions pas roulé avec et que nous n’imaginions pas une telle différence.  Jules a terminé deuxième en Australie, mais à 6 secondes de Krummenacher. En Thaïlande, nous avons monté  ce moteur qu’on avait dans nos bagages et Jules a gagné ».

« Nous avons des convictions, mais pas de certitudes. C’est pourquoi Grégory, mon motoriste, et Bruno, le motoriste de Yamaha ne cessent de travailler au niveau moteur, même si je ne suis pas certain que c’est là que se fera la différence. Mais 3 ou 4 chevaux supplémentaires à mi-régime ne seraient pas pour déplaire à Jules et Corentin et nous faisons tout pour les trouver. Au niveau du châssis et des pneumatiques, l’expérience de Sébastien et de Benoit me permettent d’être confiant, même si eux aussi travaillent non stop à ce niveau. Le travail sur l’électronique me paraît essentiel. Nous avons tous la même (boîtier, faisceau) mais tu rends une moto plus ou moins performante en fonction des valeurs que tu mets dans ton boîtier. On a un ingénieur qui est jeune, car nous investissons sur l’avenir et qu’il dégage une énergie qui nous aidera bientôt à faire la différence. Nous trouverons sûrement le truc, ou les trucs, en plus bientôt ».

Changer de vitesses à droite sur une moto de course prototype (genre MotoGP) ne pose aucun problème, mais en est-il de même pour une catégorie réservée aux motos de série ?

« Oui, ça pose problème. Et c’est ce problème qu’on a rencontré à Imola car ce circuit à chicanes à mis en évidence la fragilité de nos réglages. Quand on a installé le système, ça fonctionnait très bien et Jules faisait peu d’erreur. Alors, au fur et à mesure des essais sur circuit, nous avons modifié la position des repose pieds, du sélecteur pour qu’elles s’adaptent au style de Jules et comme le font tous les pilotes et toutes les équipes. En revenant d’Imola, nous avons passé du temps au banc à passer les vitesses. On s’est rendu compte qu’il n’y a qu’une seule position de conduite et une seule taille et une seule position du sélecteur pour bien verrouiller la boite. Nous avons demandé à Jules de s’y adapter. Après une journée à Carole, c’était chose faite. Jules s’est bien habitué, sans se plaindre, et il a eu zéro point mort à Jerez. Son seul handicap, c’est qu’il ne peut pas avoir la position qu’il préfère ».

Photos © GMT94 Yamaha

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