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Une saison qui ne démarre pas ou qui n’a pu se jouer pour l’instant qu’avec une partie, des annulations à la pelle mais avec encore un espoir de courir plus tard, ce n’est rien de dire que les teams sont aujourd’hui dans la tourmente. La pandémie du coronavirus qui les confine dans leurs ateliers est mortelle pour leur écosystème. Du MotoGP au WSBK et même en Formule 1 l’inquiétude est grande et peu pensent déjà, qu’à la sortie de cette crise, tout le monde sera encore là…

Gresini en a parlé, Cuzari qui s’occupe de Forward aussi tout comme notre Hervé Poncharal national qui connait d’autant plus le sujet qu’il est dans les hautes sphères de l’IRTA, l’association des teams en Grand Prix. En WSBK, la situation est la même, voire pire. De quoi s’agit-il ? De la tension économique et sociale causée par une pandémie du coronavirus qui a confiné le monde. Or, justement, pour ces équipes engagées dans un championnat du monde de sport mécanique, les enfermer dans leurs ateliers, c’est les euthanasier.

Pour bien comprendre cette dramatique situation, il faut savoir que même la puissante Formule 1 vacille sur ses bases.  « Il y a de grands risques que pas mal d’équipes en Angleterre (en F1 et hors F1) ferment leurs portes. Beaucoup d’entre elles n’ont pas la trésorerie pour survivre à une période comme celle-ci. Cela va être un vrai défi » déclare ainsi un David Richards, ancien patron de plusieurs équipes, notamment en Formule 1, qui préside aujourd’hui le sport automobile britannique au sein de l’association Motorsport UK.

Pour enfoncer le clou, Frédéric Vasseur, d’Alfa Romeo Racing alerte : « cela touche tout le monde. C’est donc le bon moment pour changer des choses. C’est la plus grosse crise que la F1 ait connue ces X dernières années. Une demi-saison repoussée, on n’avait jamais connu ça. Financièrement, la crise va impacter les teams de manière incroyablement dure. C’est le moment de réagir. Il ne faut pas attendre trois mois pour prendre des décisions qu’on devrait prendre tout de suite, car sinon, il n’y aura pas de survie pour plein d’équipes. C’est la vérité du système. »

Si les fortes structures de la F1 se fissurent, imaginez la violence de l’impact pour une équipe privée en WSBK… Sur GPOne, Manuel Puccetti qui fait rouler des Kawasaki constate les dégâts après le report du Qatar, d’Assen et de Jerez. « Il faut dire que c’est un moment très spécial, qui ne s’est jamais produit auparavant » commente-t-il. « Cela signifie que pour nous aussi la situation est complexe à affronter, mais en même temps, il devient compliqué de comprendre toutes les pertes. Nous essayons en effet de faire les vérifications nécessaires sur les coûts du début de saison. »

 

 

 

« Lorsque le calendrier est défini, nous réservons immédiatement des vols, des hôtels ou des appartements, ainsi que la location des voitures. Le coût de tout cela est d’environ 70 000 euros. Vous vous rendez compte que dans les épreuves non européennes, il y a 25 personnes qui roulent avec moi dans l’équipe, tandis qu’en Europe, nous sommes 30, car il y a tout le personnel de l’accueil. »

« Nous quantifions actuellement tout et je peux dire que l’hôtel ne nous a pas été remboursé au Qatar, comme en Espagne, à Jerez. Quant aux vols, Ryanair les a partiellement remboursés, mais le problème est que mon équipe n’est pas composée exclusivement d’Italiens qui voyagent depuis Rome, Bologne ou Milan. Ils viennent d’autres pays et par conséquent voyagent avec différentes compagnies. Chacun d’eux a des politiques différentes et dans certains cas, nous ne sommes pas couverts. »

Sur la suite des événements et la meilleure option à privilégier entre annuler et se contenter de moins de meetings ou maintenir le même nombre de rendez-vous coûte que coûte, le cœur du même Puccetti balance, signe d’une réelle fragilité : « la situation n’est pas facile, étant donné que nous sommes confrontés à quelque chose d’exceptionnel et qui ne s’est jamais produit auparavant. Je suis d’avis que si des courses se font, c’est bien, car nous pouvons respecter tous ces accords avec les entreprises, qui investissent pour voir leurs marques sur la piste. Dans le même temps, je dis que les annulations peuvent également être bonnes à certains égards, car il y aurait moins de frais à supporter. Personnellement, je doute que tous les sponsors maintiennent leur engagement dans une telle situation. Comme je l’ai dit, il est vrai que nous prenons moins d’argent, mais nous dépensons aussi moins. »

En effet, les teams ont des partenaires. Et ces derniers sont aussi dans la tourmente… Terminons en revenant sur le cas de la Formule 1 :  avec une valeur de la catégorie divisée par deux et plus depuis le début de la crise du coronavirus, certains experts financiers de la F1 s’inquiètent du fait que le promoteur Liberty Media envisage de revendre le sport afin de sauver, au moins, sa mise initiale. Mais la moto a la chance d’avoir un Carmelo Ezpeleta à la barre. Il saura bien rassurer les actionnaires… N’est-ce pas ?