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Enea Bastianini

Le sujet des consignes d’équipe chez Ducati est toujours sur la table, et d’abord parce que, aujourd’hui, au vu des déroulés des deux derniers Grands Prix offrant de vrais duels entre Bagnaia et Bastianini, il n’y en a pas. Tout au plus existe-t-il cette recommandation frappée du sceau du bon sens de ne pas gêner Pecco Bagnaia et de ne pas faire de dépassements risqués sur le Piémontais qui joue un titre mondial pilotes que Ducati cherche à conquérir depuis le dernier sacre de 2007. Cependant, on aborde toujours cette question sous l’angle de la formulation d’un ordre venant de Ducati et qui sera obéi par les pilotes qui l’auront reçu. Mais à écouter la patronne du team Gresini, ce n’est pas si simple. Car elle a aussi une entreprise à faire tourner qui paye ses Ducati…

Pour compléter le tableau, il faut rappeler que tous les pilotes Ducati, sauf ceux de la VR46 et Di Giannantonio de chez Gresini, sont sous contrat avec la marque. Il y a donc, pour ceux-là, comme un lien de subordination. Cependant, sur la piste, ce n’est pas si évident. La discipline et la cohésion de groupe volent souvent en éclat face aux impératifs de la compétition pure et dure. Les pilotes y représentent d’abord eux-mêmes et aussi leurs écuries, l’usine de laquelle sorte leur moto n’étant qu’une variable parmi les autres…

Cela étant dit, penchons-nous sur la situation d’Enea Bastianini, pilote du team Gresini. Sur Corsedimoto, on lit cette intéressante approche de Nadia Padovani, veuve Gresini et à la tête de l’écurie de feu son époux. Et ça commence avec ses émotions vécues en Aragon…. « Quand Enea a dépassé Pecco dans le dernier tour, j’ai failli faire une crise cardiaque » reconnait-elle. Mais elle a parfaitement la tête sur les épaules… « Si nous arrivons à deux courses de la fin et qu’il n’y a plus de possibilité de faire mieux que la troisième ou la deuxième place au classement général, à ce moment-là, nous aiderons. C’est mon point de vue, mais je ne sais pas si c’est aussi celui de Ducati ».

« Ducati ? Je suis à la tête de l’équipe Gresini, et nous sommes là pour bien faire »

Une position forte, car elle signifie que chez Gresini, on ne considère pas « Bestia » hors du coup pour le gain de la couronne suprême. Un point de vue qui a par ailleurs l’aval des mathématiques mettant en rapport 5 courses restantes avec un passif de 48 points, sachant qu’une victoire en rapporte 25… Cependant, si Nadia Padovani réagit en tant que patronne de son entreprise, elle sait aussi que l’entreprise Ducati a ses propres impératifs : « pour l’instant, ils n’arrêtent pas de dire qu’ils ne veulent pas jouer à des jeux d’équipe, mais je peux aussi comprendre que Ducati n’a pas remporté le titre des pilotes depuis de nombreuses années. En tant qu’entrepreneur, j’essaie aussi de me mettre à leur place, mais finalement je suis à la tête de l’équipe Gresini, et nous sommes là pour bien faire. Ensuite, je le répète, on verra à une ou deux courses de la fin ».

La conjoncture est donc un peu plus complexe qu’une simple décision de Ducati sur la suite dés événements. Nadia Padovani a son point de vue et elle sait le mettre en valeur en rappelant que, dans une période où Dorna cherche à développer le spectacle de son MotoGP, il n’y a pas de meilleure recette que celle de laisser les pilotes courir… « Pour moi, leur rivalité peut devenir comme entre Rossi et Biaggi, ou Gibernau » dit-elle avec malice. « Mais c’est sain, autant que spectaculaire. Aujourd’hui, le personnage de Rossi nous manque, Marc Marquez n’est pas encore revenu, et le public veut voir ces duels ». Ce n’est effectivement pas si simple pour Ducati qui n’a qu’une certitude, qui est aussi celle des deux Italiens qui se battent comme des chiffonniers : à la fin de la saison MotoGP, Enea Bastianini quittera l’équipe cliente pour rejoindre l’équipe d’usine et partagera le box avec Pecco Bagnaia. Il ne faudrait donc pas insulter l’avenir non plus…

 

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