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Le week-end dernier, la seconde manche du championnat américain MotoAmerica se tenait à Road Atlanta, en Géorgie .

Deux de nos pilotes, Sylvain Barrier (qui malheureusement s’est gravement blessé lors de cette manche) et Valentin Debise y affrontaient leurs concurrents d’outre-Atlantique, le premier en Superbike, le second en SuperSport.

Nous suivons plus particulièrement le second après l’avoir côtoyé pendant des années en Grands Prix et avoir même géré une de ses saisons en championnat de France FSBK.

Vous pouvez d’ailleurs retrouver ici tous ses comptes-rendus de son aventure américaine au sein du team M4 ECSTAR Suzuki que nous nous faisons un plaisir de relater en avant-première.

Voir toute sa saison 2016
Voir la première manche 2017

Après avoir débuté sa saison 2017 en participant au Daytona 200 (voir ici), Valentin Debise était donc au Texas pour en découdre, au guidon de sa Suzuki, avec ses deux éternels frères ennemis au guidon de leurs Yamaha : on prend les mêmes, et on recommence !

Et on recommence aussi les récits très détaillés de Valentin… surtout quand celui-ci se termine par une victoire et le commandement du championnat !


Valentin Debise: « C’est agréable de rentrer à la maison en France après avoir gagné avec le sentiment du travail bien fait, et de constater la joie des gens qui m’entourent et de vous, qui me suivez. Je savais que ça allait être dur, mais que j’avais mes chances de performer sur ce circuit. L’an passé, je m’étais vite adapté, et je m’étais rapproché des plus rapides sans avoir pu suivre le rythme lors des deux courses. Après la course d’Austin, j’ai eu la chance de pouvoir rouler une heure le lundi matin. J’ai confirmé les réglages que j’avais en tête depuis quelques temps, et fait une simulation de course avec le pneu arrière tendre qui a bien tenu la distance de course dans les conditions de froid (pour ceux qui se rappellent de mon mauvais choix de pneu à Austin).

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Dès les premiers tours de roues du vendredi, je savais que ça allait être un bon week-end. La moto se comportait bien avec les pneus medium ou tendre. Je n’ai même pas touché un clic sur la moto. J’avais toujours le sentiment de pouvoir mieux faire en seulement modifiant mon pilotage sur quelques virages. J’aime ce sentiment quand le résultat tient à ce que je fais sur la moto, et non à des réglages. Je poussais autant que je pouvais en essayant d’être le plus régulier possible. J’ai pris le temps d’essayer des trajectoires « de dépassements » différentes pour préparer mes courses. Durant les qualifications, j’ai seulement changé la démultiplication finale pour être un peu mieux dans la ligne droite, et surtout ne pas dépasser le pic de puissance de ma moto dans la grande ligne droite du retour (plus longue qu’à Austin par exemple). J’arrive à rouler à 1 dixième du record de la piste et  prends la pole position; ma première en Amérique !

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Mes mécaniciens étaient assez nerveux sur la grille de départ. Moi, ça allait, j’aime bien être seul devant, ne pas voir les autres pilotes. Je me sens plus libre de faire ma course. La course est lancée, je garde la tête et dès le premier virage, j’essaye de m’échapper. J’arrive à creuser un petit écart, mais dès la fin de la ligne droite les deux Yamaha boy’s sont à mes fesses. Je continue à forcer, le tour suivant je me décale dans la ligne droite pour leur enlever l’aspiration mais rien n’y fait, ils montrent leurs roues de nouveau. Au bout de 6 tours, les pneus sont un peu plus dur à gérer, même si on arrive à garder la même vitesse. Je sens que c’est le moment où je vais réussir à m’échapper quand le drapeau rouge est sorti à cause d’une chute d’un concurrent (sa moto est restée sur la piste). Lors de l’arrêt, on décide de rajouter de la pression dans le pneu arrière. La course est relancée pour 8 tours. Je reprends le meilleur départ. Je me dis qu’avec les pneus usés, je vais faire la différence. Seulement un pilote arrive à s’accrocher derrière moi. Je mène tous les tours, mais je n’arrive pas à avoir un rythme rapide. Le fait d’avoir rajouté de la pression dans mon pneu ne m’aide pas, et finalement, c’est ma première erreur. La seconde est d’avoir voulu mener à tout prix pour creuser un écart que je n’ai jamais réussi à créer. Il me double dans le dernier tour, alors que je ne m’y attendais pas vraiment. Je reste donc derrière pour le suivre et le doubler au freinage après la ligne droite. Je fais une erreur dans la première chicane du circuit, je perds 4 dixièmes. J’arrive à les reprendre avant la ligne droite. Je ressors bien, collé à lui. Mais rien n’y fait: je perds 2 longueurs de moto dans la ligne droite, et je suis trop loin pour essayer quoi que ce soit. J’arrive quand même à recoller. Je me place bien pour ressortir vite de la chicane pour me mettre à côté de lui à l’accélération et le doubler dans le dernier virage en descente. Il doit me connaitre depuis le temps…. Ce qu’il fait, c’est qu’il passe le premier virage de la chicane vite, et le deuxième il n’accélère pas, ce qui me bloque. Je suis surpris et je n’ai pas d’autre choix que de couper les gaz à mon tour, ce qui me coupe mon élan. Je suis de nouveau trop loin et il passe la ligne premier avec 1 dixième d’avance. Il m’a bien eu !

Au warm-up de la deuxième courses, je refais le meilleur temps avec des pneus qui ont plus que la distance de course, contre mes concurrents en pneus neufs (allez savoir pourquoi…) On a reculé la position de la roue arrière pour me donner un peu plus de stabilité pour m’aider à être plus régulier lors de cette course.

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Cette fois, je pars en tête comme lors de la première manche, mais je me concentre uniquement sur mes virages, et pas où ils se situent derrière moi. A plusieurs reprises, ils me doublent, mais je repasse devant le virage suivant ou quelques virages après, pour continuer à imposer un rythme plus rapide. On arrive sur les retardataires à mi-course. Je bataille dur pour être devant à ce moment. On a toujours un avantage à être le premier à arriver sur eux, c’est plus facile de dépasser et, peut-être, de gagner la course en profitant de cela. Cette année, ils semblent enfin décidés à respecter les drapeaux bleus (obligation pour le pilote plus lent de se retirer de la trajectoire pour laisser passer le ou les pilotes plus rapides qui arrivent) ce qui est une bonne chose. Je ne veux surtout pas me faire doubler dans l’avant-dernier tour, comme samedi. Je prends donc des trajectoires défensives, mais rien n’y fait: il me double encore dans la ligne droite du retour.
Plan B… Il freine tard et ferme sa trajectoire dans le premier virage. Très bien, je fais l’inverse. Je freine tôt, je rentre large et je me place pour sortir vite. Ça marche plutôt pas mal, ma moto patine un peu, je la relève un peu plus pour garder la vitesse. Je m’élargis et j’arrive à son niveau au moment où il change de direction pour aller dans le virage suivant. Je « force » un peu le passage, mais ça reste correct. Dans l’enfilade, je passe doucement pour le bloquer, puis je continue l’enchainement vite pour creuser un petit écart avant la ligne droite du retour pour ne pas me refaire avoir de nouveau. J’ai quelques dixièmes d’avance, et je me colle sur la gauche. Il me double quand même  et fait un écart lors du freinage pour me bloquer. Je change de trajectoire, il se re-décale, donc je fais de même. Ma roue avant commence à rebondir, et j’ai du mal à me ralentir. J’arrive à le dépasser mais je m’élargis un peu. J’essaye tant bien que mal à vite changer d’angle pour le bloquer. Je ressors bien, tout de même. Je touche le vibreur, ma roue patine et ça me déstabilise la moto. Je me mets mi- piste pour freiner et le bloquer, puis je me replace (en quelque sorte, je copie sa technique). Il n’a rien essayé, il était un peu trop loin. Je passe la ligne 1er, le cœur à deux doigts de la crise cardiaque. LOL

Et par la même occasion, je prends la tête du championnat !

Aucune pression, l’important est de continuer à travailler de façon positive, et de garder la tête dans le guidon.

Prochaine course dans deux semaines en Virginie…
Peace ! »

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