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Par Ana Puerto / Motosan

Toute personne évoluant de près ou de loin dans le monde du motocyclisme connaît Izaskun Ruiz. Journaliste pas du tout orientée vers le sport à ses débuts, elle s’est découvert une passion pour ce domaine avec le temps. Après de nombreuses années passées dans ce milieu, elle a couvert un grand nombre d’événements mondiaux : les Jeux Olympiques, Paralympiques, les championnats du monde d’athlétisme et de natation, en plus du MotoGP et du Dakar.

Izaskun Ruiz est actuellement chef de rédaction chez DAZN, plateforme diffusant différents sports en Europe et qui est arrivée en Espagne pour couvrir le MotoGP début 2019. Sur les circuits, elle évolue dans la pitlane afin d’interviewer des pilotes ou des membres d’équipe, en plus de recueillir les déclarations après les qualifications et les courses. Elle est également en charge de la coordination du contenu du MotoGP publié sur la plateforme, travail qu’elle réalise dans les bureaux de DAZN, à Barcelone.

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Quelle a été votre meilleure expérience professionnelle dans le paddock ? Et la pire ?

Sans aucun doute, les pires moments ont été ceux où un pilote est décédé. Personnellement, le premier décès que j’ai dû affronter a été celui de Shoya Tomizawa à Misano et c’était horrible. Et puis c’est une chose à laquelle on ne peut pas s’habituer, c’est impossible. Il y a ensuite eu les décès de Simoncelli, de Luis Salom. Oui, sans aucun doute, les pires moments sont liés aux décès des pilotes. C’est très difficile de continuer à exercer son travail et de devoir informer sur quelque chose d’aussi dramatique.

Pour ce qui est des bons moments, j’ai eu la chance d’en avoir beaucoup. Je dirais que chacune des interviews que je fais en direct en sont, surtout celles que je fais juste après le podium ou les qualifications. Ce sont des moments dont je continue à profiter pleinement. En 2010, ma première année en Championnat du monde, il y a eu trois champions espagnols, et en particulier en Malaisie où Lorenzo a été titré le même jour qu’Elías, ça avait été spectaculaire. J’ai ensuite beaucoup profité de chaque titre des pilotes espagnols.

Izaskun Ruiz au centre, entre Álex Crivillé et Marc Márquez.

L’un des moments les plus émouvants a été la victoire d’Albert Arenas au Grand Prix de Thaïlande en 2019, lorsqu’il a commencé à pleurer.

Ce moment était beau, intense. C’est le genre de moments que m’offre mon travail et dont je profite le plus. Les interviews en direct, en bord de piste, sont celles dont on peut tirer le plus de choses, mais elles peuvent aussi se retourner contre nous. Il faut donc aussi apprendre à très bien gérer la situation et surtout à déchiffrer la personne qu’on a en face, car on ne peut pas interviewer et poser des questions à tout le monde de la même façon. Il faut donc un peu de connaissances pour savoir comment tirer ou en tout cas essayer de tirer le meilleur de chaque personne interviewée. Lorsqu’on y parvient, c’est inégalable car c’est là que se trouve l’émotion du moment, ils viennent juste de descendre de la moto, l’adrénaline est encore là et il n’y a pas autant de filtres qu’ailleurs.

Avec le travail que vous exercez, il doit y avoir des circuits sur lesquels vous aimez travailler. Quel rendez-vous du calendrier est le plus agréable pour votre métier ? Que ça soit pour les infrastructures, le climat…

Il y en a plusieurs mais dans mon cas, au vu de mon métier, les meilleurs circuits sont ceux où tout est plus ou moins près, car je parcours le paddock en long en large et en travers et ça facilite les choses. J’aime beaucoup le Mugello, Phillip Island, Jerez. L’Autriche et Aragón sont aussi des circuits très bien et très pratiques pour travailler. Pour ce qui est des infrastructures, la majorité des circuits sont aujourd’hui très pratiques pour travailler au niveau de la presse. L’Allemagne est le moins « sympa » d’un point de vue logistique car comme il y a plusieurs paddocks ça complique un peu le travail de tout le monde. Mais hormis l’Allemagne, les autres sont plutôt pratiques.

Pour terminer, quels conseils donneriez-vous à une fille qui souhaite travailler dans ce milieu, que ce soit en tant que pilote, journaliste, mécanicienne, etc. ?

Mon conseil est qu’elle le fasse et qu’elle ne doute pas, qu’elle ne se mette jamais elle-même d’obstacle car il n’y a que ceux qu’on se met. Si elle veut le faire, elle le fait et elle s’y consacre pleinement. Il faut se préparer pour être la plus professionnelle possible. Mais elle ne doit jamais douter qu’elle peut travailler dans ce milieu. Si c’est ce qu’elle aime, qu’elle fonce. Ce qui ne doit pas se passer c’est de se mettre des obstacles soi-même, ce n’est pas permis.

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© Photos d’Izaskun Ruiz.