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Le Tourist Trophy, organisé chaque année sur l’île de Man et considéré comme la Mecque des motards, n’est pas la seule épreuve au monde à proposer un spectacle mêlant vitesse, danger et folie furieuse. D’autres courses sur routes aussi démentes les unes que les autres existent, et sont, pour la plupart, courue dans un petit périmètre comprenant le nord de l’Angleterre, l’Écosse, l’île de Man et l’Irlande du Nord. Aujourd’hui, concentrons-nous sur le Grand Prix d’Ulster, épreuve faisant partie de la sainte trinité des courses sur route, avec le TT et la North West 200.

Créé en 1922, le Grand Prix d’Ulster est une épreuve légendaire. Pour rappel, L’Ulster est l’une des quatre provinces irlandaises historiques, avec le Connacht à l’Ouest, le Leinster à l’Est et le Munster au Sud.

L’Ulster est souvent confondue avec l’Irlande du Nord, car les deux divisions administratives se superposent, ou presque. Pourtant, l’Irlande du Nord n’administre que six des neuf comtés de l’Ulster, dont la capitale et ville principale, Belfast. Trois comtés demeurent dépendants de Dublin.

Une fois ce point de géographie passé, revenons à la course, qui se déroule sous la bannière de l’Irlande du Nord. C’est sous l’impulsion de Thomas Moles, journaliste et politicien nord-irlandais du début du XXe siècle, que les courses sur route furent autorisées, via le Road Races Act.

Une ligne droite des plus anecdotiques …en apparence. Des milliers de pilotes ont sué sur ces routes de légendes. Photo : Brian Shaw geography.uk

Quelques temps plus tard, le premier Grand Prix d’Ulster se tint, sur l’oublié circuit de Clady. Après la Seconde Guerre mondiale, le tracé évolue et passe de 33 kilomètres à 26. Au vu de l’importante foule présente chaque année, l’événement est retenu pour le premier championnat du monde motocycliste, tenu en 1949.

Leslie Graham, futur champion du monde, s’y impose. Le circuit de Clady et sa ligne droite de 11 kilomètres sera utilisé à trois autres occasions jusqu’en 1952.

En 1953, le Grand Prix est déplacé non loin de là, sur le circuit routier de Dunrod où la course se tient de nos jours. Entrons dans le vif du sujet : il s’agit de l’un des tracés les plus difficiles et meurtriers de l’histoire.

Pourtant, il apparaîtra à 19 reprises au calendrier du championnat du monde jusqu’en 1971. Cette année sourit à Jack Findlay qui y remporta la première victoire d’une Suzuki en 500cc, mais aussi la première victoire pour un deux-temps 500cc ! Autrement dit, un week-end entré dans la légende.

Par la suite, l’épreuve fut retirée du championnat pour d’évidentes raisons de sécurité. Dans le cadre du mondial, Giacomo Agostini et Mike Hailwood se partagent le nombre de victoires, avec sept succès chacun.

Le Grand Prix d’Ulster n’allait pas disparaître pour autant. Les spécialistes des courses sur route décidèrent de s’emparer de la mythique épreuve. Un homme y règne en maître : Joey Dunlop, roi du Tourist Trophy. Né à seulement une heure de route du circuit de Dunrod, il en connaît les moindres recoins. Au total, 24 victoires absolument intouchables.

La carte du circuit de Dunrod, utilisé de nos jours. Photo : Jiří Žemlička

D’autres légendes s’y sont illustrées, à commencer par Peter Hickman (l’homme le plus vite de l’histoire du TT et de l’Ulster à l’heure où ces lignes sont écrites), John McGuinness et Bruce Anstey, entre autres.

Celui qui détient le record du tour se voit attribuer le titre de « pilote le plus rapide sur le plus rapide circuit routier du monde ». En effet, Hickman dut maintenir une vitesse moyenne de 218 km/h pour se voir attribuer le prestigieux trophée. Tout simplement incroyable.

Le Grand Prix d’Ulster est aujourd’hui en danger : la désastreuse édition 2019 mit en difficulté financière l’organisation. Aujourd’hui, il est important de parler et d’essayer de faire connaître cette épreuve mythique, au panthéon de l’histoire des sports motos.

 

Photo de couverture : Trevor Mills