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Takaaki Nakagami aborde la deuxième partie de la saison 2023 avec la question de savoir s’il sera ou non en MotoGP l’année prochaine. L’an dernier déjà, sa continuité était en jeu, mais le HRC l’a finalement maintenu dans ses effectifs.

Par Manuel Pecino / Motosan.es

Après tant d’années, le MotoGP est-il devenu plus un travail qu’un plaisir pour vous ?
« J’aime toujours ça, mais si les résultats sont bons, il est plus facile d’apprécier ce que je fais. Nous souffrons, parce que nous donnons tout et que nous sommes constamment en dehors du top 10. Si c’est ce que vous souhaitez, très bien, mais nous sommes ici pour gagner la course, et maintenant nous en sommes loin… Si vous ne montez pas sur la plus haute marche du podium, vous avez toutes les raisons de vous plaindre. »

Vous êtes en MotoGP depuis six saisons maintenant: comment le pilotage et les motos ont-ils changé durant cette période ?
« Les deux ont changé et changent encore beaucoup. Elles ont beaucoup évolué et les chronos deviennent de plus en plus rapides. Cela se voit dans les vitesses de pointe. L’autre jour, un pilote d’une autre marque a atteint 366 km/h… C’est fou… Les motos ont plus de charge, plus d’ailerons, plus d’aides… Je me souviens de la première fois où je suis monté sur une MotoGP, c’était en 2018, et à l’époque il n’y avait pas d’ailerons, pas d’aides, rien !
Le pilotage était plus simple. C’était plus difficile parce qu’il fallait être très attentif à l’avant dans les accélérations. A puissance comparable, on peut aujourd’hui aller beaucoup plus vite grâce à l’augmentation de l’adhérence et de l’appui… On peut aller de plus en plus vite, mais pour les sensations que le pilote avait l’habitude de ressentir, je préférais la vieille école. Parce qu’au bout du compte, l’effort fourni par le pilote était récompensé. Maintenant, c’est différent. »

Maverick Viñales affirme que les motos sont désormais beaucoup plus faciles à piloter…
« Oui, grâce à l’électronique… Tout s’est amélioré : la moto, le moteur, l’adhérence… Sur la plupart des circuits, il n’y a pas de problèmes de wheeling… Personnellement, je n’aime pas ça. C’est complètement différent aujourd’hui. Je me souviens que lors de ma première année en MotoGP, je paniquais à chaque sortie de virage. Je ne pouvais pas me préparer pour le virage suivant, je n’avais pas le temps. La roue avant était toujours en l’air, je devais pousser tout mon corps vers l’avant pour essayer de garder l’avant au sol, mais en même temps, vous deviez immédiatement vous préparer pour le prochain freinage… Maintenant, vous appuyez sur le bouton et c’est tout… Je reste assis là où je suis, je n’ai pas besoin de bouger… Je comprends ce que Maverick dit. C’est, comment dire, trop facile… La moto aide trop ! »

Parlons un peu du nouveau format du MotoGP. L’appréciez-vous ?
« Honnêtement, jusqu’à présent, j’apprécie le nouveau format, je pense qu’il est bon. Pour les fans, c’est définitivement mieux, c’est un grand spectacle. Mais en même temps… Pour le physique, il n’y a pas de problème, mais pour le mental, c’est difficile. D’accord, il ne s’agit que d’une demi-distance le samedi, mais vous devez vous préparer mentalement de la même manière que pour la course du dimanche, exactement de la même manière. Après une course Sprint, j’ai l’impression d’avoir épuisé l’énergie de mon cerveau. Physiquement, je vais bien, aucun problème, mais je sens que j’ai besoin de sucre.
Mais ensuite, il faut se dire que ce n’est pas fini. Il faut se préparer pour le lendemain, pour la course longue. Il faut voir comment récupérer le plus vite possible pour le lendemain matin. Mais nous avons des engagements avec les médias et tant d’autres choses à faire tout au long du weekend. Mais c’est agréable d’être plus proche des fans. Il y a plus de monde, comme au Mans, au Sachsenring… C’est très agréable. Surtout par rapport à 2020, quand les circuits étaient vides, où il n’y avait absolument personne. »

Que pensez-vous de huit GP en dix semaines à la fin de la saison ?
« Le seul point positif, c’est que tout cela se passera en Asie, près de chez moi. Je n’aurai pas de problème de décalage horaire. Après l’Inde, je resterai au Japon. »

Une question absurde… Quand vous êtes en Europe, utilisez-vous un couteau et une fourchette ?
« Bien sûr que oui !… (rires) Quand je suis en dehors du Japon, j’utilise toujours un couteau et une fourchette, sauf quand je mange des nouilles, alors j’utilise des baguettes. »

Une question sur les pilotes japonais. Vous êtes compétitifs, mais on a l’impression qu’il vous manque la dernière marche…
« Honnêtement, je ne sais pas. Par exemple, Sasaki fait un travail incroyable cette année… Essais, qualifications, pole positions… Il ne gagne peut-être pas la course, mais il est toujours là… De l’extérieur, je ne peux pas vous dire ce qu’il manque. Au Sachsenring, par exemple, après le vendredi, je pensais qu’il allait pouvoir gagner le dimanche avec une marge de 10 secondes. Dimanche, au lieu de cela… OK, il n’y avait que lui et Öncü, mais je ne sais pas ce qui lui manquait. »

Pensez-vous que cela peut être une question de manque d’agressivité? 
« Peut-être… C’est différent d’aller vite à l’entraînement. Dans la course, il faut être fort ; c’est le plus important dans la course. Lors des essais et des qualifications, vous n’avez pas besoin d’avoir un mental fort, il suffit d’aller vite. En course c’est différent, il faut aller vite et être fort. Il faut tenir compte du nombre de tours qu’il reste, estimer tes forces… Je pense que cela vient avec l’expérience. »

Concernant votre avenir, vous verra-t-on l’année prochaine en MotoGP ?
« J’espère… C’est ma priorité. Tout d’abord, je veux montrer mon potentiel avec la Honda, ensuite, je veux aider. En ce moment, nous sommes dans une période difficile. Je veux aider parce que j’ai beaucoup d’expérience. S’ils m’aident, je peux les aider…   Une fois que nous recevrons les bons composants, je pense que la Honda a du potentiel. »

 

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Manuel Pecino

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