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Après un premier titre conquis de haute lutte en 2022 face à Fabio Quartararo, et bien qu’auréolé de gloire, le pilote officiel Ducati Francesco Bagnaia se devait légitimement de confirmer en 2023 tous les espoirs que la marque italienne avait fondé sur lui.

Non que son exploit n’ait pas compté dans la balance, le transalpin étant le deuxième champion titré après Casey Stoner en… 2007 ! C’est dire si l’attente fut longue et la délivrance appréciée au sortir de la dernière manche en novembre 2022. Car oui la Ducati est sans conteste LA machine du moment, et ce depuis quelques années déjà, mais elle n’avait pas retrouvé depuis le départ de Stoner un pilote capable de renouer l’exploit au plus haut niveau. Et encore, l’australien avait remporté le titre pilotes, pas celui des constructeurs. Depuis, la marque enchaine les titres constructeurs mais pas LE titre suprême. Pecco le rapporta de nouveau à la maison.

S’il pouvait désormais empocher les deux dans son escarcelle, ce serait la panacée, et c’est clairement ce que l’on attend de lui désormais. La feuille de route est tracée. Pour la sérénité de fait, vous repasserez.

Et pourtant, première marque de son talent, Francesco Bagnaia n’a pas raté son entrée lors de la première manche portugaise. Et Dieu sait que les nouveautés étaient grandes comparativement à l’année dernière, à commencer par le format de courses à disputer chaque week-end : en effet la « Sprint Race », épreuve raccourcie de moitié par rapport au traditionnel Grand Prix du dimanche, offre jusqu’à 12 points supplémentaires à son vainqueur, soit un total à glaner s’élevant désormais à 37 en un seul week-end.

Seul bémol mais de taille : les risques encourus, puisque les pilotes n’ont pas à gérer nécessairement l’usure des pneumatiques. Leur seul but ? Aller le plus vite possible pour l’emporter quitte à être agressifs, donc dangereux ! Et savoir éviter les obstacles est un art que Pecco maitrisa à la perfection en remportant rien moins que les deux premières courses de la saison.

Le maître mot pour durer aura définitivement consisté cette année à ne pas être dans les mauvais coups, chaque blessure pouvant être lourde de conséquences. Enea Bastianini, coéquipier de Bagnaia, en fit l’amère expérience en se blessant dès la première course.

Pourtant, cette belle assurance se fissura vite dès le second Grand Prix en Argentine où les outsiders pointèrent leur nez, au sein même du clan Ducati, tout d’abord avec Marco Bezzecchi depuis longtemps pressenti comme un futur grand, et qui marqua de son empreinte la manche sud-américaine. Mais aussi Brad Binder qui, en digne représentant de la marque KTM, a rappelé qu’il faudrait désormais compter avec lui.

Sans doute déstabilisé par ces rivalités nouvelles, Pecco tenta de reprendre les rennes aux USA avec une victoire dans la Sprint, mais craqua le lendemain alors qu’en tête mais sous la pression de Jorge Martin. A un point tel d’ailleurs qu’il se discrédita en accusant de tous les maux sa monture quand les datas révélaient une erreur de pilotage. Qui plus est, le staff de Borgo Panigale n’eut de cesse de discréditer son pilote plus que de le protéger, ajoutant ainsi à son malaise.

Il fallait être fort et l’italien, bien que fragilisé, montra beaucoup de conviction lors des épreuves suivantes en appliquant des recettes qui lui convenaient : de l’application en essais libres pour élaborer sa stratégie de course, une chasse au chrono sans faille lors des essais qualificatifs et, dans une moindre mesure, garder son calme dans l’adversité. Certes, ce ne fut pas toujours facile. Sa chute en GP lors de la manche française sur le circuit Bugatti, après un dépassement pour le moins optimiste sur Maverick Vinales, en dit long sur son urgence à réussir malgré tout coute que coute.

Mais à partir du Mugello tout rentrera dans l’ordre, et la véritable lutte pour le titre débutera contre le fougueux Jorge Martin du team satellite Prima Pramac, lui aussi doté de la redoutable Ducati GP23.

Il y eut bien quelques frayeurs, notamment la spectaculaire chute de Pecco lors du départ du Grand Prix de Catalogne où, désarçonné par sa machine après un violent Highside, il ne put être évité par Brad Binder qui lui roula sur les jambes. On craint un instant de très sérieuses blessures mais l’italien s’en tira miraculeusement et simplement contusionné.

En toute fin de championnat, alors que la rivalité était intense avec Jorge Martin, Francesco Bagnaia ne se départira jamais de son calme et de sa sérénité, appliquant même une certaine forme de bienveillance vis-à-vis de son adversaire. Un comble pour certains aficionados de la discipline qui ne conçoivent pas de rivalité sans agressivité et autres coups bas.

Sans doute est-ce cela qui, avec sa détermination sans faille, lui permettra de décrocher le Graal pour la seconde fois consécutive. Incontestablement la marque des plus grands et l’archétype d’une nouvelle génération de pilotes.

 

 

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