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Antonio Jimenez

Antonio Jimenez est aujourd’hui l’heureux responsable technique des motos d’Aleix Espargaró.

Mais sa carrière dans le paddock est déjà longue de 30 années, avec un accès aux MotoGP dès l’année 2000 où il travaille avec Yamaha Factory pour développer la machine 2002 avant de passer chez Gresini Honda aux côtés d’Álvaro Bautista.

Même si Aprilia reste une marque très prestigieuse dans le monde des Grands Prix, exploiter et tenter de faire briller la RS-GP face à des usines plus fortunées n’est pas tâche aisée mais, parfois, les planètes s’alignent et le bonheur jaillit après la ligne d’arrivée, comme ce fut le cas récemment avec la très belle septième place d’Aleix Espargaró au Grand Prix d’Aragon.

Pour autant, Antonio Jimenez reste aussi lucide que passionné et a bien voulu répondre avec la plus grande gentillesse à nos questions, sans toutefois utiliser la moindre langue de bois…

Merci à lui !


Antonio, après une bonne expérience en MotoGP puis un passage en Moto2, vous avez retrouvé la catégorie reine avec Aleix Espargaró chez Aprilia. C’est une satisfaction ?

Antonio Jimenez : « oui, c’était le but. J’ai fait toute une partie de ma carrière en MotoGP, depuis le prototype en 2000 avec Yamaha Factory, puis avec Gresini pendant les neuf dernières années jusqu’en 2014, avec Bautista sur la Honda. Ensuite, ils sont passés Aprilia et j’ai dû faire de la Moto2 car je n’ai rien trouvé en MotoGP dans un team compétent ou qui me motivait. J’ai alors décidé de tenter l’expérience en Moto2, et cela a été une bonne expérience, surtout avec Tech3 et la Mistral car on était les seuls à avoir une moto complètement différente de tout le monde, avec un châssis différent, des suspensions différentes et des freins différents. Et on a réussi à faire d’excellents résultats ! Mais après quatre années en Moto2, je suis très content de retourner en MotoGP, certainement dans un challenge qui n’est pas facile avec l’Aprilia, mais qui est très motivant. »

Aprilia est un des derniers venus et bénéficie des concessions, mais doit faire face à un autre concurrent dans le même cas mais qui met énormément de moyens : KTM. Quelles sont les armes d’Aprilia pour lutter avec cet ogre autrichien : la technique, les hommes, les pilotes ?

« Il est certain qu’au niveau humain, ils sont beaucoup plus nombreux que nous. Au niveau économique, il n’y a pas photo car ils ont un gros sponsor, certainement le plus gros du paddock avec Ducati. Nous, on n’en a pas et la différence est énorme et cela se ressent surtout dans le développement et dans la logistique des pièces qui n’arrivent pas à la vitesse et à la quantité qu’on souhaiterait. C’est donc sûr que la différence est très grande, mais avec notre petit budget et dans une structure qui n’est pas aussi grande que KTM, avec seulement deux motos alors qu’ils ont un team satellite et également de très bons pilotes, on n’est pas très loin ! Et on se bat avec eux, ce qui est motivant. »

Quelle est la réelle évolution qu’a connue la RS-GP cette année et dans quelle direction vous dirigez-vous concernant le développement ?

« Écoutez, je vais être honnête en disant que la moto n’a pas évolué. C’est la même moto qu’on a depuis le début de la saison et c’est certainement celle que l’on va avoir d’ici à la fin de la saison. C’est sûr qu’Aprilia est en train de travailler sur un nouveau projet pour 2020, et c’est certainement pour cela qu’ils ne veulent pas trop investir sur le projet actuel. Mener deux projets à la fois serait trop coûteux et trop difficile : on est une usine, mais une petite usine ! Donc cette année, c’est un peu difficile et on essaie de se maintenir à un certain niveau en essayant toujours de se battre pour le top 10 avec Aleix, et parfois Iannone qui y arrive aussi maintenant, puisqu’il a fallu qu’il adapte cette nouvelle moto pour lui. Nous espérons donc que le changement sera plus grand en 2020 et faire un pas en avant au niveau technique. »

Quels sont les points faibles et les points forts de la RS-GP actuelle ?

« Je pense que le point fort de l’Aprilia, c’est les entrées de courbe, alors qu’elle a un peu plus de mal dans les sorties de courbe, certainement parce que notre moteur a besoin d’un peu plus de puissance à bas régime. Une fois que la moto est relevée, elle accélère très bien, surtout à partir de la troisième, et elle possède une bonne vitesse de pointe. Donc là on où a beaucoup de mal, ce sont les sorties de virages lents, surtout quand doit utiliser la première. »

C’est plus le moteur que l’électronique ?

« Aujourd’hui, l’électronique et le moteur fonctionnent ensemble. Mais je pense qu’un moteur un peu plus souple en bas aiderait à mieux travailler avec l’électronique, car quand on a de la puissance, on peut la filtrer, mais quand on n’a pas de puissance à un certain régime, l’électronique ne peut rien y faire. »

Vous avez récemment introduit un système de holeshot sur la fourche. Vous en êtes satisfait ?

« On l’a développé et on va le garder. J’ai déjà utilisé ce genre de système à l’époque où on travaillait avec Showa, et ils l’ont ressorti pour essayer d’avoir un petit avantage. Oui, quand les pilotes arrivent à l’accrocher, ça fonctionne pas mal (rires). »

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