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Après huit premières lignes consécutives (malgré des circuits et des météos différents) avec une moto et un team satellites, Johann Zarco s’est qualifié neuvième au Mugello. Pour Laurent Fellon, son manager et ami, quelle en est la raison ?

« La raison est que les usines ont beaucoup travaillé pour le Mugello, tandis que Johann dispose d’une moto satellite. Johann a le mental et tout ce qu’il faut pour gagner, mais quand au bout d’un moment vous n’arrivez pas à gagner, ça vous met en difficulté. On finit alors par se crisper parfois sur la moto et on rencontre des problèmes.

« Il faut accepter que c’est une moto satellite. Il faut travailler avec bonne humeur et surtout la joie de piloter, en cohésion avec tout le team. C’est exceptionnellement dur, or c’est quand même un être humain et il faut savoir accepter de terminer à la neuvième place. C’est normal. »

Johann a dit samedi dernier après les qualifications  « aujourd’hui je suis revenu dans du vieux Zarco et ce n’est pas bon ». Qu’est-ce que cela signifiait ?

« Je ne pense pas que ça ait à voir avec le vieux Zarco. Si on note sa progression de 0 à 20, on est dans la phase 17. Au Mans, il était à 13-14. Il s’énervait quand il n’arrivait pas à faire ce qu’il voulait, or l’énervement n’apporte rien. La sagesse apporte tout, et ce qui est bien, c’est qu’il le reconnait de lui-même. Ça c’est gigantesque ! Mais, c’est humain.

« Il faut savoir accepter ça. On voit toujours Johann devant, c’est un être humain qui fait le maximum avec sa moto. On peut se mettre en colère, mais ça ne sert à rien : on se vide, on se crispe sur la moto et on n’arrive pas à délivrer de bons commentaires à ses techniciens.

« Et il faut savoir que le Mugello est un circuit complexe, où Ducati a bien travaillé. Les Ducati, Yamaha, Honda et Suzuki officielles sont de bonnes motos. Or Johann a une moto satellite, par rapport par exemple à Crutchlow qui a une usine. Johann s’est retrouvé à l’agonie, mais il faut savoir rester calme à ce moment-là.

« En 125 et en Moto2 –ce qui est déjà du haut niveau- il a reconnu qu’il s’énervait parfois et s’est calmé, ce qui lui a permis de bien avancer. »

La course du Mugello est partie à un rythme enflammé, ceux qui étaient équipés de pneus tendres voulant en profiter pour s’échapper, et ceux qui disposaient de pneus durs prenant d’énormes risques pour ne pas se laisser distancer. Le grand nombre de contacts dans les premiers tours n’a-t-il pas été excessif, de même que 6 chutes lors des 2 premiers tours ?

« On en est arrivé en MotoGP comme en Moto2, et c’est très dur. Pendant un moment Johann a bagué les motos d’usine avec son team. Après on dit qu’il y a eu des contacts… oui, c’est une course de motos. C’est du beau spectacle parce que les pilotes sont de grands artistes, du premier au dernier. Des artistes qui vont vite. Les contacts, ça fait partie de la course moto. Marquez a bousculé, il a fait son job, je crois qu’il faut arrêter de pleurer. Le niveau en MotoGP est magnifique. »

Penses-tu que Johann a traversé une passe difficile au Mans et au Mugello, mais que son deuxième temps lors des récents tests pour le GP de Barcelone devrait lui redonner confiance pour le prochain Grand Prix de Catalogne ?

« Moi, je dis qu’il n’a pas rencontré de difficultés. Au Mans, il a fait la pole. Il a essayé  de gagner, mais quand on tente, parfois on tombe. Le Mugello n’a pas été négatif. A Barcelone, il faudra surtout travailler vendredi, samedi et dimanche, et non arriver en croyant que Johann va peut-être avoir des difficultés. Il va peut-être surprendre tout le monde !

« Il va arriver à Barcelone en ayant appris du Mugello, car au Mans il était parti pour faire une belle course car il voulait gagner. Je pense qu’il va faire une belle course à Barcelone. J’avais dit en début de saison que terminer cinquième du Championnat serait fabuleux. Ce serait mieux que l’année dernière, donc l’homme aurait grandi. Le but était de faire une deuxième année pour faire grandir l’homme, et ce qu’il a fait en début d’année a quand même été assez fabuleux. Se bagarrer contre les usines quand tu es chez Tech 3, c’est magnifique. Le but est de rester calme et de finir dans les cinq au Championnat du Monde, ainsi que de gagner des courses.

Pour le moment, Johann est 5e au classement provisoire du Championnat du Monde à 8 points du deuxième Valentino Rossi. A 13 courses de la fin, cela permet-il de garder espoir ?

« Espoir de gagner, ou de terminer dans les 5 au Championnat ?

Les deux.

« Si Johann gagne une course, ce sera fabuleux, et je pense qu’il en est capable. Et s’il continue de marquer des points à chaque Grand Prix, il va finir dans les cinq. Regarde Valentino, à chaque course il est là, et même s’il n’a pas gagné de course, il est deuxième au Championnat. Johann aurait marqué des points au GP de France, il serait 3 ou 4. »

Ne t’a-t-il pas semblé étrange que Lorenzo annonce son départ de Ducati juste après sa première victoire sur une Desmosedici au Grand Prix d’Italie ?

« Non, je ne pense pas. Je trouve que ce qu’a fait Lorenzo a été super. Mais la moto était très bonne déjà en Malaisie, quand il a battu le record de la piste (ndlr : 1’58.830 le 30 janvier 2018, ancien record Pedrosa 1’59.053 en 2015). La moto était bonne. Après, comme tout être humain, on part dans des directions parce qu’on croit qu’on va mieux faire avec ce qu’on a. Même multiple Champion du Monde, on peut ne pas se remettre en question. La Ducati était bonne. Ce sera un client l’année prochaine. Mais il a fait du bon boulot avec la Ducati et pour ça mérite un coup de chapeau. »

Photos © Tech 3

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