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Lin Jarvis

Avec cette sortie de Lin Jarvis, d’une sanction non susceptible d’appel, puisque la procédure est ainsi faite, cette punition dont devra s’acquitter Fabio Quartararo lors de la prochaine manche de la saison MotoGP à Silverstone tourne à l’affaire d’état, version paddock. On rappellera que pour avoir raté une manœuvre de dépassement sur Aleix Espargaró lors du dernier Grand Prix à Assen Fabio Quartararo devra en passer par un « long lap » lors de la prochaine course qui se déroulera dans le cadre du Grand Prix de Grande Bretagne. On se souviendra que le Français n’a pas vu l’arrivée en Hollande, subissant une seconde chute, alors que sa victime collatérale – qui ne lui en veut en aucun cas et a accepté ses excuses – est revenu du diable vauvert pour être le quatrième à saluer le drapeau à damier. Mais au grand dam de Yamaha et de son pilote, les commissaires ont puni…

Et cette décision a excédé tellement le staff Yamaha qu’elle tourne au conflit politique. Cette punition va jusqu’à provoquer l’ire d’un Lin Jarvis que l’on ne voit généralement jamais se mêler de ce type de polémique. Cette fois, il s’est dépareillé de son flegme proverbial en emboitant le pas de son lieutenant Massimo Meregalli dans l’indignation. C’est la première fois que les commissaires de la FIM se trouvent ainsi pointer du doigt par un acteur majeur du paddock exerçant chez un constructeur à ce niveau de responsabilité. Et cela va peser dans un débat plus général où le patron de Dorna, Carmelo Ezpeleta, a exigé des pilotes depuis le Grand Prix de Catalogne et son « Nakagamigate » de ne plus remettre en cause la légitimité et le discernement desdits commissaires…

Un message que Lin Jarvis, ci-devant directeur général de Yamaha Racing foule au pied en faisant ainsi très officiellement savoir sa version des faits : « Fabio Quartararo, l’équipe Monster Energy Yamaha MotoGP et Yamaha ont toujours lutté pour l’équité et l’esprit sportif en MotoGP. Nous sommes déçus de voir l’inégalité avec laquelle les pénalités sont appliquées par le panel des commissaires FIM MotoGP. L’équipe Monster Energy Yamaha MotoGP n’est pas d’accord avec la décision prise dimanche par le panel des commissaires FIM MotoGP pour les raisons suivantes :

Alors que Quartararo a admis avoir commis une erreur dans le virage 5 du circuit TT d’Assen au 5e tour, Monster Energy Yamaha MotoGP considère cela comme un incident de course. Quartararo a la réputation d’être un coureur propre, sans antécédents d’incidents antérieurs. C’était une erreur honnête sans intention malveillante.

Monster Energy Yamaha MotoGP reconnaît que la course d’Aleix Espargaró a été affectée, mais la gravité de l’impact est une question de conjecture. Monster Energy Yamaha MotoGP estime que le panel des commissaires FIM MotoGP mesure la gravité des incidents de course avec des normes subjectives incohérentes.

L’incohérence avec laquelle les pénalités sont appliquées par le panel des commissaires FIM MotoGP au cours de la saison 2022 porte atteinte à l’équité du MotoGP et à la confiance dans la compétence des commissaires. Il y a eu au moins trois incidents de course plus graves dans la classe MotoGP (entraînant l’abandon de pilotes de la course et/ou causant des blessures) qui sont restés impunis.

Lin Jarvis conclut : « nous voulions faire appel de la décision des Commissaires Sportifs dimanche sur le circuit d’Assen, mais ce type de sanction n’est pas ouvert à la discussion ou à l’appel. Nous avons alors voulu soulever la question, par principe, auprès du TAS (Tribunal Arbitral du Sport), mais une telle question n’est pas non plus susceptible d’appel.

C’est précisément pour ces raisons que des décisions correctes, équilibrées et cohérentes doivent être prises par les commissaires sportifs en premier lieu et exécutées dans un délai correct et raisonnable ».

Lin Jarvis

Lin Jarvis : « l’incohérence avec laquelle les pénalités sont appliquées par les commissaires FIM MotoGP porte atteinte à l’équité du MotoGP et à la confiance dans la compétence des commissaires« 

Les mots sont pesés, forts, et assumés, et notamment ce passage : « l’incohérence avec laquelle les pénalités sont appliquées par le panel des commissaires FIM MotoGP au cours de la saison 2022 porte atteinte à l’équité du MotoGP et à la confiance dans la compétence des commissaires ». Ces derniers ont ainsi motivé leur décision de sanctionner un Fabio Quartararo : « lors de la course MotoGP au Motul TT Assen, un incident entre le n°20 Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP) et le n°41 Aleix Espargaro (Aprilia Racing) a vu le pilote n°20 chuter et entrer en contact avec le n°41 au virage 5.

Le panel des commissaires FIM MotoGP a estimé que Quartararo était trop ambitieux en tentant de dépasser A Espargaro. # 20 n’était pas en mesure de terminer avec succès le mouvement et a ensuite chuté, provoquant un contact avec # 41 et le forçant à sortir de la piste. L’action d’évitement entreprise par A Espargaro lui a permis d’éviter de tomber et de rejoindre. Néanmoins, sa course a été sévèrement impactée. Quartararo s’est vu infliger une pénalité de long lap à purger dans la course MotoGP du Grand Prix de Grande-Bretagne Monster Energy ».

Aleix Espargaró, qui a fini à la quatrième place à Assen, reprenant 13 points à Fabio Quartararo, a accepté les excuses et a estimé qu’il s’agissait d’une simple erreur de jugement, en disant :  » Fabio n’est pas un sale pilote « . La pénalité pour Long Lap coûtera probablement entre 4 et 6 places au Français dans les premières encablures du Grand Prix de Grande-Bretagne le 7 août.

Ce nouvel épisode dans la remise en cause des commissaires de la FIM sape le travail fait par Carmelo Ezpeleta sur un sujet qu’il pensait avoir clôturé. Le voilà à présent réouvert, et avec une certaine virulence. On ne peut s’empêcher de penser qu’au vu des décisions prises selon les circonstances et les protagonistes, et surtout du fait qu’elles ne sont susceptibles d’absolument aucun recours, les organisateurs et promoteurs ont entre les mains des leviers puissants pour gérer leur championnat.

Cela se vit chaque saison en Formule 1 : l’enjeu stratégique, politique et commercial est qu’il faut que la décision du titre se fasse dans le dernier Grand Prix qui clôture une campagne haletante et indécise. C’est d’ailleurs peut-être à cette aune qu’il faut évaluer ces arbitrages qui étonnent et, surtout, que l’on ne discute pas. Aleix Espargaró est revenu à 21 points de Fabio Quartararo au classement général, cette pénalité pourrait lui permettre de se retrouver encore un peu plus au contact après Silverstone qui ouvrira une dernière partie de la saison MotoGP qui serait aussi embellie par une bonne remontée de Bagnaia avec sa Ducati. Vu comme ça, les commissaires ont effectué leur travail. Le tout est d’être éclairé sur ce qu’on leur demande vraiment…

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