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Márquez Marc

Au fil de ces derniers mois, Marc Márquez a été un sujet central de ces analyses. Notre réflexion mûrit constamment, et notre sentiment change souvent à son égard. Après Le Mans, nous ne le comprenions plus, comme si nous avions à faire à un obstiné, qui cherchait la chute. Puis, au sortir du Grand Prix d’Allemagne, nous ne pouvions nous empêcher d’admirer son irraison. Trois chutes en qualifications, quatre fois debout. Il avait tort, mais magnifiquement tort. Désormais, la situation a évolué. Nous sommes tristes, tristes de voir un mythe en fond de grille, tristes de voir Marc Márquez sans aucune solution.

 

Ça ne peut pas finir comme ça

 

L’image de Marc Márquez accoudé en bord de piste en dit long. Dans ses yeux, on ne voit rien. Il est encore tombé, cette fois en s’accrochant, apparemment, avec Enea Bastianini. Apparemment, car un replay net de l’action, en 2023 et à Silverstone, l’un des plus prestigieux tracés du calendrier, ne fut jamais montré. Soit. En Angleterre, Marc Márquez aborda l’épreuve différemment, sans pression, sans pousser, selon ses propres dires. C’est particulièrement difficile de voir un pilote autrefois si flamboyant, si majestueux, ne pas parvenir à passer en Q2 sous la pluie, des conditions qu’il affectionnait particulièrement. Il n’est plus que l’ombre de lui même, comme si Honda l’avait cassé.

 

Márquez Marc

 

Après le Sachsenring, nous avancions une théorie originale. Contre l’avis de tous, nous pensions que le génie espagnol allait continuer longtemps encore en catégorie reine. Ceci n’a pas changé, à un détail près. Il va poursuivre son aventure, car nous n’envisageons pas un seul instant que l’histoire de Marc Márquez en Grands Prix se termine de la sorte. Nous refusons d’y croire. En réalité, c’est possible, et l’histoire motocycliste est jonchée de fins de carrières horribles, à commencer par celle de Freddie Spencer, constamment blessé, mais qui força, encore et encore, jusqu’au début des années 1990.

 

Honda doit faire quelque chose

 

Étrangement, ça n’est pas beaucoup discuté, mais Honda fut pathétique à Silverstone. La meilleure machine ailée se classa 17e lors du Sprint, rendez-vous compte, alors que trois des quatre pilotes titulaires étaient bien présents, et a priori en forme. C’est inadmissible pour une marque de cette acabit. Oui, effectivement, Márquez a changé d’approche sur ce weekend mais le résultat était le même : aucun point. Tenter d’essayer de nouveaux réglages pendant les séances qui comptent en dit long sur le niveau de désespération de l’équipe. C’est comme si Honda ne s’investissait plus en MotoGP. Des ingénieurs et mécaniciens passionnés se donnent corps et âmes pour que la situation s’améliore mais il ne s’agit pas de cela. Ces hommes auront toujours notre respect. Nous interrogeons ceux qui sont plus haut. Une question d’envie, d’ambitions.

La mastodontique corporation a vendu plus de 17 millions de deux roues en 2022, un chiffre en hausse. Et désormais, selon des rumeurs, Honda pourrait bénéficier de concessions suite à une modification du règlement l’an prochain, pour espérer ramarrer Aprilia et KTM. Relisez simplement cette phrase. Selon nous, ça ne changerait rien du tout. Car l’ingéniosité d’Aprilia, de KTM et surtout, de Ducati, n’a rien à voir avec des concessions. Certes, cela pourrait aider, sur quelques courses, à accrocher un podium, pourquoi pas deux. Mais parle-t-on de la même équipe victorieuse de toutes les manches en 1997 ? Parle-t-on de la structure qui eut le courage d’accueillir Dani Pedrosa, Casey Stoner et Andrea Dovizioso ? Non, nous parlons d’une marque qui n’arrive même plus à conserver Álex Rins et Álex Márquez. D’une formation qui teste, à mi-saison, en pleine épreuve. D’une marque qui recrute bizarrement depuis plusieurs années, et qui s’est tant reposée sur un talent générationnel. Plus grave encore, une équipe qui ne fait plus rêver personne.

 

Márquez Marc

Photo : Michelin Motorsport

 

Marc Garnett et Kevin Márquez

 

Marc Márquez est entouré, mais seul, et c’est pourquoi nous sommes tristes pour lui. Son envie n’est pas au niveau de celle de son employeur. Malheureusement, en Europe, les athlètes ne sont pas habitués à se confesser par rapport à ces situations. Qu’est ce que ressent un pilote quand il ne peut pas gagner ? Pour répondre à cette question, laissez-nous vous raconter une histoire.

Celle de l’ancien basketteur professionnel Kevin Garnett, ailier fort des Timberwolves du Minnesota à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Lui se donnait à fond, comme un animal sur le parquet, mais continuait de perdre, encore et encore, en raison d’une équipe trop faible. Au cours d’une interview pour le média TNT devenue mythique, il se livra à cœur ouvert sur sa situation qui ressemblait à celle du pilote Honda Repsol. Les larmes aux yeux, il déclarait : « Maintenant, je suis épuisé. Je suis là tous les soirs. En forme, ou pas en forme. À 100 % physiquement, ou à 30 %. Ça n’a rien à voir avec les statistiques, je donne mon cœur, et on ne mesure pas ça. Mais je perds. Je perds. Je perds. Je perds. […]. Je n’ai pas le choix que d’en prendre la responsabilité. Je vois [les autres], ils progressent. […] Je déteste perdre. Je déteste perdre, je n’accepterai jamais la défaite. » Voilà qui explique tout. Maintenant, vous savez pourquoi les légendes se donnent autant de mal. C’est beau, mais triste quand ça ne paye pas.

Que pensez-vous de la situation ? Vous énerve-t-elle ? Dites-le nous en commentaires !

 

Tristesse. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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