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Paolo Ciabatti

Paolo Ciabatti donne un coup de projecteur sur une partie sombre de l’histoire Ducati en Grand Prix. En accueillant à bras ouverts son illustre académicien de sa VR46 qui venait de rafler la couronne mondiale mise en jeu dans cette saison en MotoGP, Valentino Rossi s’est fendu d’une mention où il s’est dit « désolé » de son propre passage au sein de la marque en 2011 et 2012. Pour comprendre la dimension de l’allusion, il faut se rapprocher du Directeur sportif de Ducati Corse depuis 2013 et l’écouter sur l’état dans lequel il a trouvé la marque à son arrivée. Une fois que l’on sait ça, on se rend compte de la dimension de ce plein succès en 2022, en Grand Prix comme en WSBK. Car on est parti de loin à Borgo Panigale pour en arriver là et ce n’était certainement pas gagné d’avance…

Pourtant, Ducati avait gagné un titre mondial en MotoGP avec Casey Stoner en 2007 et arrivait à gagner des Grands Prix. Mais en 2011-2012 est arrivé Valentino Rossi et non seulement la mayonnaise jaune Tavullia n’a pas pris mais tout a tourné au vinaigre rouge. Paolo Ciabatti se souvient bien de cette époque puisqu’il a pris la suite de ce qui ressemblait fort à un champ de ruines. Sur Tuttomoriweb, on lit ainsi de lui : « il y a avait eu deux années difficiles. Le partenariat Valentino/Ducati n’avait pas apporté les résultats escomptés. Cela a laissé de nombreuses blessures dans l’organisation, à plusieurs niveaux car les attentes avaient été grandes. Le premier changement a été l’adieu de Filippo Preziosi qui a décidé de partir ».

Paolo Ciabatti poursuit : « quand ça va mal et que tu es sous la pression de la presse, de tes partenaires et sponsors… ça détruit l’équipe et le groupe… Quand je suis revenu chez Ducati c’était un peu la situation. Nous avons donc dû laisser partir certaines personnes fin 2013 ». La situation touchait jusqu’à la crédibilité du projet : « c’était difficile de trouver des gens qui voulaient investir dans Ducati », a poursuivi le directeur sportif. « C’était aussi difficile de reconstruire une certaine crédibilité et on ne peut la construire qu’avec des résultats ».

Valentino Rossi, Ducati (Photo LaPresse)

Paolo Ciabatti : “nous n’allions nulle part et j’ai dit au PDG qu’en avançant à ce rythme, l’image de l’entreprise serait abîmée

« Nous n’allions nulle part » précise encore l’Italien.  « L’équipe a connu deux mauvaises années avec le Doctor. Et nous avons continué à beaucoup lutter avec le nouveau line-up fait d’Andrea Dovizioso et Nicky Hayden. Les médias étaient très négatifs envers nous. Ils ont dit que nous n’allions nulle part. Ce qui était vrai jusqu’à un certain point, car nous n’avions pas de direction technique claire à ce moment-là ». C’est à ce moment sensible que le soutien du PDG Domenicali s’est révélé essentiel pour la lente reprise. « Je le connais depuis plus de vingt ans, donc je n’ai eu aucun problème à lui parler ouvertement. Je lui ai dit qu’en avançant à ce rythme, l’image de l’entreprise serait abîmée ».

« Nous devions embaucher quelqu’un capable de gérer un projet techniquement complexe comme le MotoGP. Et Claudio était bon pour convaincre Gigi de quitter Noale. Depuis, les choses vont beaucoup mieux », signale-t-il pudiquement sur cet épisode charnière pour le destin de l’équipe. Au vu de la base de départ, on imagine bien qu’on ne boude pas son plaisir chez Ducati en faisant le bilan d’aujourd’hui : « Ce n’était pas facile, car nous ne sommes pas aussi gros que les marques japonaises. Il fallait donc compter uniquement sur les parrainages et les partenariats ».

« Avec Vale, ils étaient tous prêts à nous soutenir pour obtenir le maximum de publicité possible. Mais nous avions échoué, et il était difficile de reconstruire la crédibilité. Pour cela, vous avez besoin des résultats. Bien sûr, ils peuvent être promis. Cependant, si vous venez d’un contexte non gagnant, il est difficile de convaincre les gens. Face à tout cela, nous regardons ces dix dernières années, être là où nous sommes maintenant est vraiment une bonne chose », termine Paolo Ciabatti avec une légitime fierté.

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, Gran Premio Motul de la Comunitat Valenciana

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