Hervé Poncharal a prévenu dès la fin de l’intersaison au sujet de son pilote KTM Raul Fernandez : ce dernier sera approché par la concurrence dès l’installation du paddock à Losail. Mais ça, c’était avant les performances réalisées par Pedro Acosta lors des tests de présaison du Moto2 à Portimao. Celui qui vient d’un Moto3 où il a été titré dès son année de rookie signale déjà qu’il pourrait faire de même avec la catégorie intermédiaire qu’il intègre seulement en 2022. Il est supposé y faire deux saisons, le temps que KTM lui fasse une place sur une de ses seulement quatre RC16. Pas sûr que ça tienne jusque-là… A Mattighofen, plutôt que de s’inquiéter, on préfère philosopher sur ce que l’on appelle un « problème de riche » …
KTM n’a peut-être pas comme Ducati la moto qui fait peur, mais la marque autrichienne a assurément une filière de pilotes qui suscite toutes les convoitises. Faisons le tour des effectifs les plus en vue : Brad Binder (26 ans) et Miguel Oliveira (27 ans), deux vainqueurs MotoGP de la KTM MotoGP Academy interne roulent déjà dans l’équipe Red Bull KTM Factory. Pour 2022, les dominateurs de la saison du Championnat du monde Moto2 de l’année dernière, le champion du monde Remy Gardner (23 ans) et le vice-champion Raúl Fernández (21 ans), ont été promus dans la catégorie reine de Red Bull KTM Ajo à Tech3 KTM Factory Racing. Et voilà que pousse déjà un Pedro Acosta de 17 ans, Champion du Monde de Moto3 et qui s’est signalé lors des tests de préparation comme déjà prêt à tout casser en Moto2…
Au vu de ces effectifs, voici la conjoncture du paddock : à ce jour, seuls quatre pilotes ont leur avenir assuré dans la catégorie reine au-delà du 31 décembre : Marc Márquez, Brad Binder, Franco Morbidelli et Pecco Bagnaia, ce dernier renouvelé lundi dernier, continueront de concourir pour leurs usines respectives jusqu’à fin 2024 après avoir prolongé leurs contrats ces derniers mois, à l’exception de Márquez, qui a signé un renouvellement historique avec le HRC pour quatre saisons en février 2020.
Les 20 autres pilotes engagés en MotoGP cette année ne savent pas, à ce jour, s’ils continueront sur la même moto en 2023 ou s’ils devront chercher leur chance dans un autre paddock maintenant que des noms comme Toprak Razgatlioglu ou encore Pedro Acosta, maintiennent les recruteurs en haleine.
KTM : “nous faisons tellement de travail auprès des jeunes que nous développons de bons pilotes”
Une situation instable où KTM peut perdre les forces vives qu’il s’est ingénié à sortir du néant. Mais Pit Beirer reste serein, malgré le fait qu’il ait déjà perdu Jorge Martin dans un passé récent… « C’est le problème du luxe que nous avons », sourit le patron des sports pour la marque. « Nous faisons tellement de travail auprès des jeunes que nous développons de bons pilotes. C’est un hommage que d’autres fabricants veuillent également ces pilotes. Chaque fois que vous signez un nouveau contrat, c’est un test. La première chose que nous récupérons est la confiance lorsque le conducteur signe un autre contrat. La plupart des gars, nos quatre gars du MotoGP cette saison, ont déjà signé au moins un autre contrat avec nous, nous ne les avons pas forcés ».
« C’est pareil avec Pedro. Il est si jeune et il a un super talent, bien sûr que d’autres le veulent », a déclaré Beirer sur Speedweek. « Je ne sais pas exactement combien de temps dure son contrat, je pense qu’il a un contrat de quelques années. Mais je ne veux pas qu’il reste à cause de ça. Je veux qu’il reste parce qu’il nous voit comme un bon partenaire et j’espère qu’il aura ce sentiment pendant la saison quand l’attaque viendra d’autres constructeurs et d’autres équipes ».
« Mais nous ne pouvons pas forcer les pilotes, nous pouvons seulement essayer de faire de notre mieux pour qu’ils se sentent à l’aise. Nous travaillons dur pour cela », a souligné Beirer qui a été impressionné par le Champion du Monde Moto3 Acosta : « c’est aussi un gars spécial et un gentil garçon. Avoir son rire dans le box est très rafraîchissant et c’était aussi très amusant de traverser la saison avec lui, qui a eu des hauts et des bas et des moments difficiles. Mais il n’a jamais perdu son sourire, j’espère qu’il le gardera ! ». Et chez KTM si possible…
