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Une journée de samedi somme toute normale du côté du Mugello : beau temps et une certaine icône locale, Valentino Rossi, signe la pole position, la 63e de sa carrière. Il fallait remonter à 2008 pour retrouver Rossi en pole position sur le tracé du Mugello.

Une coalition factice

La façon dont il a obtenu cette pole position n’est pourtant pas du goût de ses rivaux, à commencer par Jorge Lorenzo qui y voit là plus qu’une simple coïncidence, « Ma stratégie lors des qualifications est toujours de rouler seul le plus vite possible, » explique le Majorquin. « D’autres sont plus inventifs. Entre Viñales et Rossi, c’est difficile de croire à une coïncidence lorsque cela arrive cinq ou six fois. »

La ligne droite du Mugello mesure plus d’un kilomètre, 1.141m pour être précis. Si l’aspiration est un phénomène important en Moto3 en apportant jusqu’à une demi-seconde au tour, en MotoGP, il en est de même, en particulier lorsqu’une machine souffre en vitesse pointe et c’est justement le cas de la Yamaha YZR-M1. En Q2, Rossi (340.3 km/h) et Lorenzo (340.4 km/h) concédaient près de 10 km/h sur la Ducati GP15 de Danilo Petrucci (349.4) et près de 12 km/h sur la D16 GP de Iannone en FP4.

« Nous avons décidé de modifier les réglages en FP4 pour rechercher plus de stabilité, car la moto était assez nerveuse, » confie Lorenzo. « Nous tenterons de trouver quelque chose lors du warm-up car je freine bien trop tôt. » Un problème dont son coéquipier Rossi souffrait hier après-midi, « Nous ne sommes pas encore au point au sujet de la balance de la moto, » expliquait-il.

Lorenzo pense que Rossi a « copié » sur Viñales. Pour Rossi, la réponse limpide, « Au final, c’est vrai qu’il m’a aidé. Quoi qu’il en soit, je pense aujourd’hui que Maverick ne doit pas être très heureux que j’aie été derrière, car si je n’avais pas fait ce tour, il aurait obtenu la pole position. » (lire la conférence intégrale)

De son côté, Viñales n’y voit pas de stratégie préparée en amont, « J’ai l’habitude de sortir tard de la pitlane lors d’une séance. Habituellement, Valentino sort aussi très tard, » explique Viñales. « Nous sommes finalement sortis ensemble. Si j’avais quelque chose à dire, ce serait que je ne veux pas avoir du trafic devant et normalement ça fonctionne. » (lire la conférence intégrale)

Rossi était-il réellement à l’aspiration de Viñales ? Plutôt à la fin qu’à l’entame, montrant que l’Italien avait juste besoin de suivre un « lièvre » pour signer la pole, en particulier sur le dernier secteur, « Je perd beaucoup de temps sur les deux derniers partiels, point que nous devons travailler samedi, » confiait-il vendredi. Certaines images de la Q2 tendent à donner raison à Lorenzo…

Toujours est-il que Les deux futurs coéquipiers se retrouveront sur la première ligne demain au Mugello. Maverick Viñales cherchera à monter de nouveau sur le podium et devenir le premier pilote Suzuki à le faire au Mugello après Daryl Beattie en 1995.

Honda peine, encore

C’est aussi la première fois depuis le Grand Prix de Catalogne 2015 qu’il n’y a ni Honda, ni Marc Marquez sur la première ligne, « J’aurais aimé être sur la première ligne, mais la Ducati est bien trop rapide sur les bouts droits, » explique Marquez. « Le matin, je me sentais assez bien, puis la température de la piste a augmenté et nos réglages n’ont pas fonctionné aussi bien. Notre moto est très sensible aux changements de température de la piste. »

« Nous avons cependant réagi en changeant les réglages et cela a marché assez bien. C’est dommage d’avoir fait une petite erreur dans mon dernier tour rapide. J’essaierai de faire une bonne course demain et d’accrocher un podium. Mais ce ne sera pas facile. »

Pour Dani Pedrosa aussi la course s’annonce délicate, « Nous ne sommes toujours pas encore parfaits dans nos réglages de l’électronique, » explique Pedrosa, « Nous perdons à l’accélération, nous ne pouvons pas utiliser tout notre couple sinon nous perdons en stabilité. Le Ducati est plus stable à l’accélération et nous perdons aussi sur la Yamaha et sur la Suzuki. C’est moins flagrant qu’au Mans, mais c’est un fait. Il nous faut encore chercher le meilleur compromis. »

Zarco doit briller

Dans le rythme dès la première séance vendredi, Johann Zarco a montré qu’il fallait compter sur lui ce dimanche en course. Auteur du sixième temps, il vise la victoire, « Ce soir, j’ai besoin de me reposer, » explique Zarco. « Je veux être fort demain lorsqu’il sera important de bien commencer. »

Dans cette période de tractations MotoGP, le Champion en titre a besoin de retrouver le podium pour revenir sur le devant de la scène du marché. Nos informations récoltées dans le paddock ce week-end voient Alex Rins rejoindre l’équipe Suzuki à la place d’Aleix Espargaro avec un contrat de 4 ans (?). De même, Pol Espargaro restera chez Tech3. Les guidons usines se font rare : KTM (1 place) ou encore Aprilia. Du côté de LCR, Lucio Cecchinello n’exclut pas un passage sur Suzuki, même si sa priorité reste Honda. Aspar aurait aussi fait la demande de Suzuki. Les options de Zarco ne sont pas encore sans issues, mais le Français doit rebondir.

Les Français en demi-teinte

En MotoGP, Loris Baz souffre encore de problèmes de dribble. Pour le Français, « il est tout simplement impossible de piloter sereinement. »

« Je suis crispé sur la moto et je dois rattraper la moto avec le coude pour éviter la chute. Nous devons trouver une solution, mais je commence à désespérer, nous avons pratiquement tout essayé. »
Dimanche matin, Baz tentera de rabaisser sa GP14.2 pour tenter de se mettre sur la même base que son coéquipier qui est beaucoup moins handicapé par ce problème.

En Moto3, le premier représentant tricolore occupera la 18e place demain. Fabio Quartararo signe le 18e temps, « Je n’ai pas voulu prendre d’aspiration, » nous explique-t-il. « Je me sens bien et il n’y a pas de problème particulier. J’ai préféré rouler seul, d’abord pour éviter une pénalité et ensuite pour travailler sur mon rythme de course. »

Alexis Masbou a souffert du même problème, « Je me suis retrouvé seul dans mon dernier tour rapide. Quand on sait que l’aspiration apporte une demi-seconde voire plus au tour… Je me sens bien sur la moto et tout est possible au Mugello. Il faudra prendre un bon départ et accrocher le bon groupe. »

Enfin, Jules Danilo s’élancera de la 25e position: « Pas une bonne journée, mais on sera de retour demain ».

Tradition oblige, les courses s’annoncent une nouvelle fois palpitantes au Mugello.
Rappelons que le poleman MotoGP a remporté les huit derniers Grands Prix…