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Parlons MotoGP Martin

Parlons MotoGP s’intéresse aujourd’hui à Jorge Martin, grand vainqueur de ce Grand Prix de France 2024. Deux semaines après sa débâcle de Jerez, il a montré qu’il avait les capacités pour répondre, et que, comme on pouvait s’y attendre, il se fichait pas mal de la dynamique, du poids inhérent à sa position au championnat, et de tout le reste. Toujours souriant, amical avec les autres pilotes, Jorge éblouit la planète moto de son personnage passionné tout entier.

 

El Mejor

 

Comme après chacune de ses victoires en MotoGP, il n’y a pas grand-chose à dire sur lui en ce lundi. Le « Martinator » a été parfait, du vendredi à la course dominicale. Toujours aussi incisif et froid sur un tour, toujours aussi chaleureux et généreux dans son pilotage. Depuis la mi-2023, il est sans doute le meilleur pilote du monde à ex-æquo avec Pecco Bagnaia. Je persiste à dire que l’Italien a un net avantage concernant la régularité dans la performance, mais en réalité, ce n’est même plus vrai en 2024. Car le pilote Pramac n’est pas encore sorti du top 4 chaque fois qu’il a franchi la ligne, alors que l’on a parfois vu un Bagnaia en difficulté sur ses roues, sans parler, bien sûr, de ses nombreuses chutes.

 

Parlons MotoGP Martin

Flawless. Photo : Michelin Motorsport

 

J’ai l’impression de revoir Jorge Lorenzo en piste, avec cette propension à s’envoler tout devant sans jamais se retourner, le tout avec beaucoup d’angle et très peu de déchet. Juste, j’ai noté deux éléments intéressants et finalement peu discutés à son propos, que je vais maintenant détailler dans deux points distincts.

 

Il était large vainqueur

 

La course du Mans a pu nous tromper. J’ai la vive impression qu’il n’y avait pratiquement pas de suspense quant au vainqueur de cette épreuve, et je vais expliquer pourquoi. Tout d’abord, en excluant les dernières boucles, certainement plus intenses. Pendant le corps de cette manche, il n’a jamais semblé en difficulté. Il est longtemps resté derrière Pecco Bagnaia, d’accord, mais détenait la capacité de l’attaquer à tout moment.

C’était particulièrement flagrant lorsqu’il accusait un retard de deux à trois dixièmes, et revenait dans les échappements de la Ducati officielle en quelques virages seulement. Il était imperméable à toutes les variations de dynamique sur l’épreuve. Beaucoup ont fait des erreurs, certains ont gagné en vitesse au fil des tours, d’autres, comme Bagnaia d’ailleurs, en ont perdu. Il est le seul qui est resté parfaitement régulier et toujours « à sa place » sur l’ensemble de la course.

 

 

Son dépassement dans la Chicane Dunlop était très réussi, après une première tentative pour jauger. Sans forcer, sans bloquer au point de corde, sans faire élargir son vis-à-vis, comme c’est souvent le cas. D’ailleurs, je profite du récit de sa manœuvre pour digresser ; Martin est l’un des plus propres en duel. Souvent, j’ai l’impression que des gens confondent sa fougue, son explosivité et sa vitesse avec celle de Marc Marquez, mais les deux n’ont pas grand-chose en commun dans le style de combat. Depuis longtemps, le « Martinator » est chirurgical lorsqu’il s’agit de faire la différence. Ses erreurs qui envoient l’adversaire dans les choux, sur l’ensemble de sa carrière, se comptent sur les doigts d’une main.

Revenons-en à notre sujet. Une fois dépassé, Pecco Bagnaia n’a rien pu faire. Il paraissait proche, je vous l’accorde, mais terriblement loin à la fois. D’ailleurs, un détail ne m’a pas échappé : dans les derniers instants, il commit une erreur dans la Chicane Dunlop, ce qui est assez rare pour être noté. Malgré cette faute, Bagnaia se trouvait déjà à distance respectable à la fin du tour. Jorge avait de la ressource.

 

Parlons MotoGP Martin

Son charisme lui fait gagner des fans, c’est certain. Photo : Michelin Motorsport

 

C’était flagrant dans l’ultime boucle, où Bagnaia ne pouvait pas attaquer sans risquer l’élimination des deux larrons. Ainsi, je pense réellement que Martin n’a pas été franchement inquiété, il était celui qui contrôlait le plus, ce qui ne veut pas dire qu’il ne se donnait pas à fond, bien sûr. La bataille, surtout animée par Marc Marquez quand l’on prend du recul, ne doit pas induire en erreur.

 

Arrêtons de l’appeler comme ça

 

Passons au sujet qui fait écho au titre de cet article. Depuis un an, en gros, beaucoup prétendent que Jorge Martin est l’homme des Sprints. C’est vrai, mais c’est réducteur. Je penche pour une toute autre théorie, selon laquelle il n’y a aucune différence entre les Sprints et le Grand Prix pour la large majorité des pilotes.

 

 

Un qui sera bon en Sprint sera bon pendant le Grand Prix, ça ne fait aucun doute. Oui, il y a des profils plus avantagés par le format court, et Martin en fait partie. Mais comme Marco Bezzecchi, Pecco Bagnaia et quelques autres grands de ce sport. Il s’agit, en somme, de ceux qui ont une bonne capacité de projection au départ – même Fabio Quartararo jouerait devant s’il bénéficiait d’un meilleur matériel.

Jusque-là, nous sommes d’accord. Mais le fait que Pecco Bagnaia monte en puissance au fil des week-ends biaise l’opinion. Au Qatar, par exemple, Martin a remporté le Sprint et terminé troisième de la course, ce qui est cohérent. À Jerez, il était en tête du Grand Prix lors de sa chute, qui est intervenue, d’ailleurs, peu après le départ. Au Portugal, il a été meilleur pendant le Grand Prix que pendant le Sprint. Au Mans, idem. Et on peut aussi analyser sa saison 2023 de la même manière.

Si l’on excepte le Grand Prix du Qatar, où il s’est retrouvé 10e avec un mauvais pneu, et le Grand Prix de Valence où il jouait le tout pour le tout, chaque fois qu’il s’est imposé en Sprint, soit à sept occasions, il orbitait en première ou deuxième position le dimanche, avec, tout de même, quatre victoires sur le format long.

 

Martin a encore dominé Bagnaia. Photo : Michelin Motorsport

 

Il n’est pas meilleur en Sprint qu’en Grand Prix, il est juste meilleur. D’ailleurs, cela s’applique aussi à Pecco Bagnaia sur la première partie de saison 2023, avant qu’il n’adopte cette stratégie de « montée en puissance » lors d’un même rendez-vous. Il était le plus fort en Sprint, ainsi qu’en Grands Prix. C’est corrélé, et c’est pour cette raison qu’il ne faut absolument pas catégoriser Martin comme un pilote outrageusement fougueux, explosif. Cela le fait passer dans la classe des outsiders, des trouble-fête, alors qu’il est en réalité un favori à la victoire finale.

Que pensez-vous de toutes ces questions ? Dites-le moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

« En légende ». Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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